Maudite barbapapa! Et puis, d'abord... a-t-on déjà vu un
papa avec de la barbe rose! J'ai les paluches toutes gommantes, et, puisqu'il
faut bien faire la queue durant une heure juste pour se laver les mains,
je me suis encore abstenu de me les laver. Avec mes paumes si collantes,
toutes sortes de menus objets restent pris, entre mes doigts, ou sur le
dessus de la main. Mon cigare, par exemple, est fixé, étrangement,
sur mes jointures. Et des acides. Et une patate frite. Et la culotte d'une
nymphette en chaleur.
Premièrement,
l'une des amphétamines qui était engluée sur ma main
gauche a tué un rhinocéros à qui j'essayais de faire
lécher mes mains, pour les laver... Puisque la barbapapa, c'est
sucré, et que le rhinocéros ne mange que de la moulée
pour lapin parce qu'il est foncièrement gros et pataud et qu'il
doit maigrir parce qu'il met sérieusement en péril la structure
de son habitat en fiberglass, je croyais qu'il se délecterait de
cette croûte gommée, mais il en est mort (acide). Tout de
même, incognito, j'ai joint l'utile à l'agréable et
j'ai gardé la corne de la pauvre bête - revendue à
la délégation asiatique encore en panne sexuelle. Tous des
femmelettes, ces asiatiques, et montés sur des châssis de
bycicle.
Deuxièmement,
les testicules de ce cher défunt pachyderme, que je croyais investies
d'un pouvoir aphrodisiaque quelconque, me servirent de balles supplémentaires
au jeu de tir au zèbre de carton qui n'alloue que dix coups réglementaires...
Moi, j'ai eu douze coups réglementaires. Quelle chiotte! c'est pas
possible, ce jeu. Je convoitais le toutou attendrissant de Dick Nixon avec
ses bajoues de bouvier des Flandres. Gommées, les amourettes sont
demeurées en place sur chacun des zèbres en carton, et le
petit préposé, un Espagnol, lui, les a conservées,
car, chez lui, certes, cela est investi d'un certain pouvoir sexuel, mais
il confondait avec les testicules de taureau.
Troisièmement,
au comptoir des glaces, quand j'ai enfin eu ma glace à la viande
hachée et pistache, je n'ai plus pu la manger puisque je ne faisais
que songer à la laideronne qui, regorgeante d'acné, avait
servi cette naïve friandise qui me rappelle avec une certaine nostalgie
le temps des cerises chez ma tante Hortense à St-Agapit avec qui
j'avais des atomes crochus. (C'est pour cela que mon cousin Gédéon
Madeleine est mon fils, et qu'il se déplace sur ses trois mains,
dont l'une est un pied mariton, d'où la chanson.) Moralité:
un cornet tiens vaut mieux que trois mains tu l'auras vomi ta sale glace
que je ne vous dis pas ce que j'en pense véritablement, et ne le
demandez pas, bande de cuistres!
Quatrièmement,
mardi, il a plu, ce qui ne m'a pas plu, puisque la culotte (souvenez-vous,
voyons! la culotte! la CULOTTE!!!) s'est décollée en pleine
descente finale de La Pitoune, mon manège préféré,
et est allée se plaquer tout droit sur le visage pentois du conducteur
du tramway pour enfants à sept cents mètres de là,
d'où carambolage monstre avec le téléphérique.
Ce fut une douloureuse séparation et une perte émotive que
de voir s'envoler ce charmant dessous qui depuis six jours m'accompagnait
de manèges en kiosques, me fournissant une source de parfums suaves
toujours intarissable, par exemple lors des longues journées de
contemplation passive devant le bassin de mes bonnes amies les tortues
des Galapagos en rut.
Finalement, zygotes
trisomique que j'hais tant, j'en conviens, je n'aurais pas dû me
laisser emporter par les agaçeries de ce môme français
de cinq ans qui me mettait au défi de jeter le mégot de mon
bon vieux Havane au pied du dôme géodésique qui, vous
le savez fort bien, constituait le superbe pavillon des États-Unis...
Oops! (Dommage pour les States, mais on les avait prévenus de ne
pas employer trop de matériaux inflammables, tels que le plastique
laid qui recouvrait cette structure sphèrique à la noix.)
L'incendie atroce qui s'ensuivit est donc de ma faute, mais, heureusement,
ce texte ne sera JAMAIS lu par qui que ce soit: je le dissimulerai
le plus ingénieusement du monde à l'intérieur d'un
toutou de caille sur lequel j'ai régurgité vigoureusement,
et tant mieux, puisque je préférais de beaucoup l'autre toutou,
à l'effigie de mon idole "Tricky" Dick (il est vraiment géant!)
Nixon, l'homme aux bajoues de Bouvier bernois!
Rastaquouère
MacO'mmune
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