CANNABIS FONDANT
(MELTING POT)
par David Pêle-Mêle
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La série Cannabis Fondant, comme son nom l'indique, est un grand « melting pot » dans lequel David Pêle-Mêle (devenu, récemment, fou à lier) verse, en guise de thérapie, son fiel corrosif sur tous les sujets qui l'horripilent, et ceux-ci sont légion, évidemment. C'est ce mois-ci la toute première séance, oui, docteur!
 

 
MA THÉRAPIE LÉGÈRE
Première fournée

   D'abord, un soupçon de politique. Les bouts de chiffon rouge moi je vais vous le dire, ce que j'en pense. D'abord et avant tout, qui peut m'expliquer comment il se fait que, dans un pays où le Premier Ministre prononce le mot « nucléaire » alors qu'il avait en tête le mot « semi-automatique », on puisse autant se frapper du fait qu'un autre politicien prononce « chiffon » alors qu'il veut en fait dire « cape »? N'est-ce pas bien moins pire? Où est le problème? Combien de fois plus incommensurable la différence entre une arme nucléaire et un semi-automatique est-elle qu'entre une cape et un chiffon? Je ne comprends pas pourquoi tout le monde a capoté. Est-ce moi ou les autres qui sont fous? Pas sûr! Et d'ailleurs même si c'est vraiment vrai, so what? Flags are ALL rags, baby! TOUS les drapeaux du monde ne sont que du papier-cul White Swan à mes yeux. Rouge. Bleu. Vert. Noir. Orangé. Jaune moutarde. Brun merde. Whatever... Tu ouvres ton dictionnaire Larousse à l'intérieur de la couverture, et là tu vois une double page où ne figurent que des drapeaux: pouah! Quelle vile laideur informe et gerbative, mes aïeux! Je vous mets au défi de me trouver UN drapeau qui soit joli, harmonieux à regarder. Hum! Bonne chance à tous! Vous n'en trouverez pas! Le drapeau du Québec? Laid! Le drapeau du Canada? Simplet! Celui des U.S.A.? Pompier! Celui des Îles Vierges? Kitsch! Celui du Vatican? Insipide! Celui des Nations Unies? Risible! Celui des Jeux olympiques? Cucul! Celui de la Chine populaire? Minimalistement idiot! Celui de la France? Insignifiant! Celui de l'Angleterre? Symétriquement malhabile! Oui, même ceux des flibustiers (tout noir avec une tête de mort et deux fémurs) ou des anarchistes (entièrement noir), sont faciles, irréfléchis, balourds et rudimentaires! Il n'y a pas de beau drapeau. Ceux qui les créent sont certainement des cravates guindées qui ne connaissent rien aux arts visuels, aux camaïeus, ou aux contrastes simultanés, et qui ne savent désespérément pas dessiner! - C'est triste, mais c'est comme ça. Les drapeaux, d'où qu'ils soient, ne méritent même pas que l'on parle d'eux une fraction de moitié de demi-nanoseconde. (Lâchez-moi le pompon avec ça, ma bande d'hystériques!)
 

 De retour après ces quelques messages

   Publicité de la Banque Nationale: une laide ridée, qui médite en compagnie d'un gai. Ce gai lui dit: « Tu es un animal! », puis, ils essaient de faire apparaître de l'argent... Intéressant concept (et j'ajoute le suffixe cept uniquement pour rester poli).

   C'est un bon résumé de notre société: la laideur, la gaieté (ère hyperfestive), et l'argent.

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   Bande-annonce de La Vie la vie. Encore une fille laide, qui dit, cette fois, non pas qu'elle est un animal, mais: « Vas-tu passer ta vie en running shoes? » Le gars rétorque en abaissant un peu le ton de sa voix: «Si je n'habite pas Outremont, why not, tabarnak!»

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   Le service (très novateur) BellZinc.ca, nous montre ce que c'est vraiment qu'un patron d'entreprise « successful »: un boss ça n'est qu'une sorte de protozoaïre inactif affalé dans un fauteuil, et qui s'exprime par onomatopées: « aah! », « eeh! », « heeh! », alors que les autres travaillent autour deux et qu'ils regardent benoîtement, comme une vache devant un train qui passe. Ils secouent puérilement leur crâne et la calvitie qui va avec en émettant ces interminables « hgnnnn! » lorsqu'ils veulent dire Non, et ils gargouillent un son squameux du genre « mmhuaâw! » lorsqu'ils veulent dire Oui. Et dire que ce sont ces entités lovecraftiennes mongoloïdes qui brassent le cash dans la société où nous vivons! Encourageant, docteur!

   Vous rendez-vous compte? même le Rastaquouère est plus actif que cela au bureau! C'est, mon Dieu... c'est... GRAVE!

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   Conducteurs de minivan, bonsoir! Cette publicité pour je ne sais quelle marque conne de Véhicule Utilitaire Sport La Ferme Espèce De Crétin. C'est plutôt insidieux: le gars fait des kilomètres pour se rendre à une formation naturelle magnifique (des chutes d'eau assez grandioses merci), et, une fois arrivé là, il ne les contemple pas, ces chutes, cette formation naturelle exceptionnelle, non - il s'en sert pour laver son char... (Je vous rappelle qu'en psychologie, la voiture est un prolongement de la verge. Et ça n'est pas moi qui le dit, docteur.)
 

 De retour au programme

   On a enfin découvert un mot aussi long que ce long mot, champion toutes catégories: anticonstitutionnellement. Le nouveau challenger est le mot... microscopicusculesquement! (Cela signifie: « small en ciboire », pour les intéressés.)

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   Scott Moffat: un jeune con de seize ans qui arbore un manteau de fourrure et des verres fumés. Pour qui se prend-t-on, déjà?

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   Quand un groupe de managers et de concepteurs (masculins) eurent lancé les Spice Girls... et que la moitié de la population mâle eut été satisfaite côté fantasmes, ces mêmes managers et concepteurs se sont attaqués aux fantasmes plus "délicats" de la seconde moitié de la population mâle: ceux pour qui une fille âgée de plus de 18 ans, c'est soit dégoûtant, soit menaçant. Et ils ont ainsi créé les Baby Spice. Hé! hé! Tout le monde il est content?

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   Karla Homolka a parfaitement le droit de faire la fête en prison si elle en a envie. Définissez le principe de prison - privation de la liberté: oui; privation de la mobilité: oui; et, privation de la bonne humeur: non; privation de l'originalité: nope! Si elle arrive a être heureuse, à son aise, souriante puis émancipée à l'intérieur des limites et des contraintes de ce tout-puissant système carcéral que nous avons définies plus haut... tant mieux pour elle, hein? Et nous n'aurons rien à dire! Elle a respecté le couvre-feu? Oui? Elle a terminé toutes ses corvées? Oui? Sa cellule est rangée? Oui? Elle a suivi les règlements des gardiens? Oui? Bon! Parfait! Le reste ça ne nous regarde pas! Elle pourrait danser le ballet en écoutant Der Tod und das Mädchen de Schubert, et en pleurant de bonheur, dans un costume de fée Carabosse, que nous n'aurions rien à dire. La prison n'est pas encore (heureusement!) la privation de la "joie de vivre" (comme dans Orwell). La prison, c'est la privation de la liberté de mouvement, point final. Ainsi a-t-on défini la prison depuis que le monde est monde! Z'êtes pas contents? Pleurez pas, allez,

 À la zim boum-boum à la zim boum-boum!
 Ne pleurez pas, fascistes
 nous vous rachèterons
 Votre suce
 Votre couche
 Pi votre bouteille de lait

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   Émission d'une heure, sur le «concours du meilleur sommelier du monde». J'ai essayé de trouver durant des jours quelque chose dont on se contrefiche davantage - mais je n'ai rien trouvé. Il n'existe dans l'univers connu r-rr-rien dont on se contrefiche davantage que de tout ça. Un résidu d'amas gazeux minuscule en orbite autour d'un cailloux informe dans une ceinture d'astéroïde anonyme au centre de la plus obscure partie de la nébuleuse du Crabe nous intéresse bien davantage que cela, c'est dire!

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   Les deux sous-Spielberg: Ron Howard et Robert Zemeckis.

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   Outsourcing: le tout nouveau « service » offert par une jeune compagnie « dans le vent » (ceux qui font un peu de tout et ne font rien, vraiment). Qu'est-ce que ça veut dire, ce mot? Tout et rien, probablement! Les gros cons qui ont inventé le terme mettent encore en pratique cette puérile façon d'intriguer qu'emploient les maîtres du role-play: un nouveau pouvoir, un nouveau terme, une nouvelle chose. Occupez-vous de mettre entre les mains de vos joueurs des listes où ils pourront lire quelques expressions telles que Quench ou Puppetry. Ensuite ça ira comme sur des roulettes, et personne n'en aura plus que pour ce nouveau truc. La curiosité est un vilain défaut.

   Ce qui est « dans le vent » est vieux comme la lune.

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   Ce ramassis de stupidités est dédié à Hannah Lazare, the coolest girl we've ever met.

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   Bibliothèque Bronfman. Oui, très joli. Très beau... Y'a beaucoup de bouquins, et l'on peut y avoir accès, (contrairement à la biblio de la Ville de Montréal où l'on ne retrouve sur les rayons que cinq dictionnaires et un livre d'horticulture)... Le seul problème, avec l'université, c'est qu'elle est pleine d'universitaires. Dubitatifs toujours au mauvais moment, et crédules, toujours au mauvais moment itou. On a beau sortir un livre absolument inconnu des tablettes et l'une de ces mauviettes au didactisme faisandé a jugé primordial de baver avec sa plume quelques-unes de ses considérations amorphes çà et là dans les marges, non pas comme si elle notait cela pour elle-même, mais par souci bizarre de s'exprimer et d'être (peut-être) lu par le prochain qui ouvrira tel ou tel bouquin particulier.

   Biographie d'Isabelle Eberhardt. Puisqu'elle espérait pouvoir se promener en paix et visiter le Maghreb à son aise, Isabelle E. prit temporairement un nom d'homme et se vêtit en homme. Partout ou l'on relève ce détail dans la biographie, une main universitaire stupide a triplement souligné le nom masculin, ou noté, en grosses lettres: « Habillée en HOMME! » Et à tout bout de champ: homme! ... comme un homme! ... comportement mâle! ... en homme! Oui, ma grosse! Oui! Tu peux en revenir, là! Oui oui! Homme! Ben oui! Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Descend de tes grands chevaux - je ne sais pas d'où tu sors, ni en quoi tu étudies, es-tu une lesbienne, qui rédige une étude comparative sociologique... et qui tient mordicus à voir dans ce changement d'identité le premier travesti de l'histoire? Parfait si c'est ce que tu veux! Mais aucun besoin de nous assommer par tes soulignés puis tes notes répétitives connes. Et j'aimerais bien t'y voir moi, en Afrique du Nord, en 1902, entourée de musulmans. Après trois heures, tu te ferais appeller Mohammed, pour avoir la paix et c'est tout: il ne faut pas essayer d'y voir tout un mystère de chez les putain de francs-maçons!

   Vieux recueil de poésie vietnamien. À l'intérieur, sous le titre explicatif dont je ne me souviens pas très bien, est griffonnée une pensée stupide: « Chapeauté par le régime communiste, en 1950, donc sans valeur littéraire pour ce qui regarde l'époque moderne. » Mais qui a écrit ça? Cette personne croit, peut-être, qu'elle va pouvoir accoucher les esprits avec cela, tel un petit Socrate des quarts de couverture? Mais voyons, bonhomme! les oeuvres insidieuses ça n'est pas Top Gun ou Bouscotte! Les auteurs les plus insidieux furent les premiers à se débattre pour être publiés quand le régime communiste a commencé de s'occuper véritablement de ce qui ne regardait que le poète et son lecteur. Tu dois faire confiance aux gens. Ils ne sont pas plus idiots que toi simplement parce qu'ils ne sont pas tous de suaves étudiants, peureusement retranchés au fond de leur UdeM avec l'argent de papa en l'an 2001. Car même s'ils étaient opprimés, ils disposaient sans doute de plus belles qualités que toi; - ce qu'ils pouvaient publier (même sous la pire censure) serait mieux que tout ce que tu ne chieras jamais, que ça ne m'étonnerait pas.

   Un autre jeune fendant a épinglé une annonce au babillard: Je Me Cherche Un Appartement, Secteur Métro Beaubien, Ou Secteur Plateau, Ou Quartier Latin, Ou Dans Le Mile-End. Contactez Chose. (Mais dans Villeray, ça ne va pas? Et dans Rosemont? Dans Centre-Sud? Bref, tu te cherches un appartement « Hip »... c'est ça? Tu es Hip? Pourquoi ne l'écris-tu pas, dans ta putain d'annonce à la con: Je Me Cherche Un Apparte Hip. Voilà. Ça nous épargne (et à toi aussi, en passant) l'énumération des quatres quartiers nuls que tu nommes par le menu!

   Bref, impossible de fréquenter cette bibliothèque, à cause de ce que ces cons imbéciles heureux croient lumineux ou honnête de noter un peu partout, même aux toilettes! Je vous jure: je vais pisser et là, sur une tuile du mur, et à droite d'un panonceau montrant l'une des réclames les plus absolument banales, était griffonné: « Préoccupations de latrines? Un peu de tenue! »

   Pour ce qui est de la tenue, mon moron, contente-toi de tenir ta biroute et puis laisse faire le reste car tu es un épais congénital transgénique ichtyomorphe. Ferme-la.

   L'antidiscernement des petits universitaires: ils apprennent ça, bien malgré eux, et ils le pratiquent avec rage, comme si ça venait d'eux, ensuite. On n'a pas mieux institutionnalisé le Rien, depuis.

   Plutôt que de créer un site Web amusant, comme nous (et sans but lucratif) on les voit tenter pathétiquement de « s'exprimer », mais par la voie la plus facile... c'est-à-dire gribouiller partout! Sur la page de garde des bouquins. Sur la céramique des chiottes. Voilà ce qu'est l'université! On peut être fiers. (C'est vraiment un lieu « névralgique », comme dit Mulroney dans sa pub à dix mille dollars exonérés d'impôts: la névralgie de la médiocrité maniaque, oui!)

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   Fin de ma première séance de thérapie; Charlotte vient d'arriver et mon psychiâtre, qui a un faible pour elle, me fout dehors. Ciao!


David Pêle-Mêle 
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