CANNABIS FONDANT 6
(MELTING POT)
par David Pêle-Mêle
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   La série Cannabis Fondant, comme son nom l'indique, est un grand « melting pot » dans lequel David Pêle-Mêle (devenu, récemment, fou à lier) verse, en guise de thérapie, son fiel corrosif sur tous les sujets qui l'horripilent, et ceux-ci sont légion, évidemment. C'est ce mois-ci sa sixte séance, cher docteur!
 
 

 MA THÉRAPIE LÉGÈRE
Sixième fournée


   Ce mois-ce, les enfants, Big Bird et les autres sont en vacances, alors je les remplace. Aujourd’hui on apprend la lettre J. Eh oui. « J » comme sur les épitaphes. Hourra!

   Mes joueurs de hockey préférés sont Joé Juneau et Jaromir Jagr. Mon cinéaste favori, c’est Jim Jarmusch. Mes écrivains fétiches sont Jules Janin, James Joyce et Joseph Joffo. J’écoute du Janis Joplin, mais mon chanteur préféré, en réalité, c’est Jerry Jerry. Avant j’aimais bien Jon Bon Jovi. Je ne bois que du lait J.-J. Joubert. Est-ce que je vais bien, doc?

*

   Une émission stupide sur de gentils petits parents bien-pensants qui ont adopté des fillettes issues de communautés défavorisées de Russie. Les vraies poupées russes, autrement dit... Mais ces gentils petits parents bien-pensants ne sont pas le Messie, quand même: ne leur en demandez pas trop! Le grand frère de quatorze ans, ne leur demandez pas de l’adopter aussi. D’accord. Avant, il y avait la loi du « séparer pour mieux régner », et, à présent, il y a le « désunir pour mieux aimer ». Eh ben, là, on progresse. Et coule soudain des lèvres flasques de la grosse maman adoptive ce mot, que dis-je, cette sentence, lumineuse de discernement humain: « On ne peut pas sauver toute la famille. »

   Sauver? Comme vous y allez, madame Spic & Span! Comme vous vous gargarisez. Descendez un peu de vos grands chevaux. Vous ne sauvez personne. Pour peu vous les damneriez.

   « Lara sait la chance qu’elle a. » Tiens? Elle le sait? Sans blague! Devenir une JAP sans J d’après ce que j’ai pu voir... Oui, en forçant un peu, on arriverait sans doute à considérer cela comme une chance. Tout dépend du point de vue (prétentieux, ou raisonnable) d’où l’on se place.
 

EN VRAC

   « On ne peut reconquérir la pureté de notre religion que par la mort. » C’est ce que pensent les intégristes musulmans, selon un ponte de la circonlocution dénommé Olivier Roy (interviewé à la télé, mais qui est ce mecton?). Il n’y a pas plus poire. Et la fée Carabosse aussi, peut-être?

   Dans un tout autre ordre d’idées, n’oubliez pas que pour fins d’impôt, le cumul du rendement des Fonds sous gestion n’est pas assujetti à l’impôt sur le revenu sur la partie du revenu net et du montant net des gains en capital imposable matérialisés versés ou à payer aux porteurs de parts. C’est fichtredieusement clair!

   Lili Yip est un nom qui existe vraiment. Il y a une fille qui se nomme comme ça... Je ne niaise personne. Juré craché. Imaginez. Lili Yip. Faut le faire. Je trouve ça cool.
   « So, what’s your name? »
   « Lili. »
   « Lili who? »
   « Yip. »
    « Yip? »
   « Yip! »
   « Your family name’s Yip? »
   « Yip! »
   « Holy smoke! That’s weird. »
   « Yip. Y’better believe it! »

   Dans un livre d’une fabuleuse stupidité, ce sous-titre extraordinaire de bêtise consommée: 1163: THE WORLD’S FIRST HIPPIES. Mon Dieu! Qu’est-ce que ça dit de bon? Abreuvons-nous à cette source inouïe de sagesse... « While real men go off to do battle with the Moor, troubadors (sic) dodge the draft and hit the road. These long-haired lads are the original vagabonds... »

   Impressionnant la quantité de conneries de haut niveau que l’on arrive, en étant suffisamment bête et Américain, à faire tenir en une seule courte phrase! Real men? But what’s a real man anyway? Croyez-vous que VOS standards s’appliquaient en 1163? Dodge the draft? Well, baby, pretty cool and slick expression eh? Yea-ah! Mais ça ne sonne, hélas, pas très très historique. Puis ça vous fait passer pour une BANDE DE DEMEURÉS. And who told ya there was a draft back then? Et le mot troubadours prend deux «u». Et les premiers vagabonds remontent à bien plus longtemps que ça. Et qu’est-ce que j’oublie d’autre, encore? Ah oui: vous êtes des épais.

   « And in two hundred years, it will be ranked the forty-eighth most popular costume for Halloween by People magazine. » Connasse! In two hundred years everybody will be damn fucking DEAD and ESPECIALLY those who were STUPID ENOUGH to read People magazine. Like you.

*

   Je ne lis jamais le ICI. Je préfère le LÀ. C’est plus utopique. Mais j’en ai feuilleté une copie à la buanderette en attendant que mon putain de séchage se termine. Je sais: je l’ai cherché, connard que je suis, et j’aurais bien dû m’en tenir à ce que je fais d’habitude en attendant que mon putain de séchage se termine, à savoir: réciter le namu Myohorengekyo, la Salutation au Lotus Sutra. Mais ce jour-là j’étais moins prévoyant que d’habitude. Alors j’ai ouvert le ICI. Quel idiot! Vraiment, faut le faire. Comme un ours qui trouve au beau milieu de la forêt un rosbif et un piège à ours côte à côte, et qui se fourre le museau dans le piège plutôt que dans le rosbif, moi, j’avais le choix entre le namu Myohorengekyo et le ICI, et... Bon, alors toujours est-il que j’ouvris ce torchon, et j’ai découvert qu’en désespoir de cause ils ont embauché Michel Girouard pour chroniquer. Il chronique sur rien. comme nous, à Ma Commune Légère. Ça, j’ai rien contre. Mais j’ai remarqué qu’il a un tic agaçant. Il met un mot sur trois entre guillemets. Et pas nécessairement des mots qui ont de punch ou des mots d’argot. Non. N’importe quels mots. Au pif. At large. Ça donne des phrases dans le genre: Super «mignonne» la Véro dans «Music Hall», elle «danse» bien y a «pas» à dire, et son «ex» Patrick «offre» une bonne «performance». Les «autres» sont «très» moyens, pour «ne» pas dire «médiocres». 

    Hep! Mike! Listen to me! T’es illisible, mon gros. Lâche les crisses de guillemets. Ce connard de Louis-Ferdinand Céline abusait des trois-points (cent trois-points par page), et toi, c’est les maudits guillemets. «Ça» nous «ennuie» à «mourir» tes «sales» guillemets «de» merde, «qui» sont «au» nombre «de» trente-«huit» par «ligne» de «ta» colonne. Slacke un peu.

*

   Shae-Lynn Bourne est une fille extra. Je la veux... Elle se pète la gueule avec Victor juste à la fin de leur numéro, juste à la dernière note, et elle ne réagit pas comme toutes les autres poupées sur patins: « Je me la suis pétée, it’s over, je veux mourir, me suicider, ma vie est brisée, etc. » Elle, non. Plutôt relax. Elle se pète la gueule, trouve cette situation un peu cocasse, voire sarcastique, puis elle rit, ne se relève pas tout de suite comme si l’avenir de la Galaxie en dépendait, et embrasse plutôt Victor sur le nez (ce qui lui laisse une trace de rouge, hé! hé!). Bon. C’est charmant. C’est du génie pur. Sa thèse non-dite, c’est la suivante: puisqu’on ne peut pas se libérer des honneurs, autant ne pas tenir à eux mordicus, et l’on ne peut plus, dans le monde merdique d’aujourd’hui, se libérer des honneurs. Il y en a pour tout le monde. Pour tous les domaines. Pour les alpinistes, c’est la conquête de l’Everest. Pour les chimistes c’est le Nobel de Chimie. Pour les professionnels de la voile c’est le « Vendée-Globe ». Pour ceux qui ne savent rien faire, c’est d’entrer à la Maison-Blanche. Chaque domaine a son summum. Même si l’on ne veut pas se positionner par-rapport à ce summum, l’ombre lugubre d’icelui pourchasse sans cesse les malheureux candidats. On est obligé, malgré soi, d’être ASPIRANT au summum, ou alors (malgré soi toujours), CONTRE les honneurs de ce summum de merde. Impossible d’être un sprinter de cent mètres et de ne pas sentir peser sur soi deux mots âcres: « Jeux » et « olympiques ». Oui. Même si l’on voudrait, idéalement, s’en foutre, et sprinter en paix à la campagne dans un champ de luzerne comme Rocky. Mais qui dit que tous les sprinters veulent participer à cette mascarade? Qui dit que tous les chimistes convoitent le damné Nobel Merdicus de Chimie? On s’en fout. Mais c’est là le piège. On est obligé de s’en foutre, et on ne peut pas juste ignorer. Si on ignore simplement, c’est interprété comme si on était violemment contre. Il n’y a pas de juste milieu. Il y a ceux qui VEULENT participer aux Jeux olympiques, et ceux qui REFUSENT d’y aller. Rien entre les deux. No man’s land... Alors, pour se libérer de ce carcan infâme, le seul truc, c’est de VOULOIR y aller (oui oui on veut, on va le jouer votre sale jeu hypocrite), mais de ne pas vouloir gagner à tout prix. Ça, ils ne peuvent rien contre. Or pas de pression. Je me casse la gueule? Oups. Sorry. Ça m’arrive. Yep. Une fois sur huit, papa. Normal. Who gives a heck. Not me anyway. Je viens de laisser passer ma chance de remporter une médaille d’or? Who cares? Une bagatelle laide en fer blanc avec de la peinture dorée? Pathétique. Keep it, baby... Ça ne change rien à ma performance. Je me connais. Je vous l’ai dit. Je me casse la gueule une fois sur huit. Tout ça est normal. Coefficient de difficulté oblige. Sorry. Une fois sur huit. Who gives a goddamn heck if I do? Not me anyway. C’est ça, la thèse de Shae-Lynn Bourne. Elle est extra.

   Elle se pète la gueule. Eh oui. Y’a rien là. Coquine. Coquette. Souriante. Paf! Faut pas s’empêcher de vivre pour une technocratie hypermercantiliste comme le C.I.O. L’erreur est humaine. Et il faut prendre ça relax. Leurs médailles sont en toc. Nobody should want them. Qu’ils les insèrent, de côté, dans leurs rectums boutonneux, et qu’on n’en parle plus.

    Jeux olympiques? En Grèce, dans l’Antiquité, les Jeux olympiques, c’était rien. Des Jeux, parmi tant d’autres. Dans une ville de province. Loin. Un trou. Vraiment creux. Mais il y avait les Jeux thébains (Thèbes). Les Jeux corinthiens (Corinthe). Les Jeux philadelphiques (de Philadelphie, not the one in the U.S. you dumb ass: the real place). Les Jeux thessaloniques (de Thessalie)... Les Jeux athéniens (d’Athènes). Vous voyez le topo... Il y en avait plein... Ah oui, et aussi de tout petits Jeux touristiques, provinciaux, un peu « décoratifs », et que j’ai bien failli oublier: les Jeux olympiques (du village d’Olympie). Pierre de Coubertin (un Français, ce qui explique tout) a faussement cru que « Jeux olympiques » signifiait « Jeux des Dieux », parce qu’en Grèce il paraît qu’il y avait le mont Olympe, ou quelque chose de ce genre... Sa méprise est bien compréhensible. Allez! Qui donc eut pu savoir que l’adjectif « olympique » ne se rapportait pas au mont Olympe, mais bien au village d’Olympie? C’est fou hein la vie? Ah! ah! ah! ah! Bordel. Problèmes de compréhension, quand vous vous mettez de la partie! Hé! hé! hé! hé! hé! hé! hé!

*

   Autre institution, pas séculaire, mais ôtons « sé » et « aire » et ça s’approchera de la réalité: sacrée institution de cul. J’ai nommé les Oscars. Il y a une question que je me suis toujours posée, au sujet des Oscars. Quand on en gagne un, à supposer qu’on daigne toucher cet objet ridicule, ça ne manque pas, on remercie l’Académie. Jusqu’ici, tout va bien. Mais, quelle Académie? Celle de Platon? Peu probable. Alors laquelle? C’est qui au juste, l’Académie? The Academy of Film and motion Pictures disent-ils. Composée, tenez-vous bien, de cinq mille, j’ai bien dit cinq mille, anciens réalisateurs et acteurs et techniciens ayant oeuvré dans l’industrie de la télévision et du cinéma. D’accord. Très bien. Pas de problème. Mais QUI au juste? QUELS anciens réalisateurs? QUELS anciens acteurs? Chaplin? Nope. Bogart? Nope. Liz Taylor? Nope. Kubrick? Nope. Buster Keaton? Nope. James Dean? Nope. Orson Welles? Nope. Faut que j’en trouve encore cinq mille? Cinq mille? Je n’en ai pas encore trouvé un ou une. Ça va mal. Je ne crois pas qu’il y a vraiment une Académie. Si oui, ils nous diraient leurs noms... À moins que ce soient cinq mille crétins qui ont servi à la cantine ou qui ont changé des ampoules sur les plateaux de tournage de Limelight ou de Ben-Hur, auquel cas leur jugement n’a pas plus d’importance que le mien, car moi aussi j’ai déjà changé des ampoules, mais ça ne signifie rien; j’ai vu des singes changer des ampoules, dans des laboratoires. Alors, voilà. Si cinq mille chimpanzés décident de l’attribution du trophée qui fait bander le plus de désoeuvrés sur terre, il y a quelque chose de pourri au royaume d’Hollywood (you don’t say!).

   Perles des Oscars. Voyons voir. La Perle d’Or va à Sting. Il était en nomination pour la meilleure chanson originale, pour je ne sais trop quel film. Interviewé par un moron, sur le tapis rouge, he just said: « Somebody’s gonna win. Maybe me. Maybe someone else. Doesn’t matter. » Bravo, Gordon! La thèse Shae-Lynn Bourne encore une fois. Chapeau! I love you.

   La Perle de Plâtre va à Samuel L. Jackson. Il dit à peu près ceci: « Je pense à mes anciens confrères de classe du secondaire. Où êtes-vous, aujourd’hui? Moi, je suis aux Oscars. C’est ça oui, regardez-moi à la télé (sic). » Quel snobinard enculé. Il se prend pour Dieu? Que signifie le « L » dans ce nom Samuel L. Jackson? Lame? Loser? Ludicrous? Oh, et puis zut, c’est qu’on s’en fiche impérialement, m’sieur. Cette face de pet de Jedi hyperprétentiard est une gouape puante qui me donne la nausée; je chie tout à fait publiquement sur son faciès émacié d’arriviste hautain. S’il meurt, je jure sur la tête de ma mère que j’organise un party gigantesque de trois jours.
 
 

David Pêle-Mêle 
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