Je
ne suis pas comme certains jeunes qui, lorsqu’ils rentrent de l’école,
à deux heures de l’après-midi, s’affaissent dans leurs La-Z-Boy
(un sac de Tostitos sous l’aisselle, et un litre de Mountain
Dew entre les cuisses) en attendant que débute leur émission
préférée – Watatatow, pour ne pas la nommer.
Il y a quelques raisons qui expliquent cet état de choses. Primo,
je ne suis pas jeune; deuzio, je ne vais plus à l’école;
tertio, je ne possède pas de La-Z-Boy - m’accommodant de
ma chaise de réalisateur, avec mon nom, écrit en gros, sur
le dossier -, et; quarto, l’ultime herméneutique, j’estime que ce
téléroman est nul à chier.
Cependant, je dois m’en confesser, mes
petites graines de scélératesse que j’aime tant faire germer,
le mercredi 4 avril 2001, à cinq heures p.m., j’étais devant
mon petit écran pour regarder le dernier épisode de la saison
du pastiche en question. Il faut dire que, chafouine, la SRC avait titillé
ma sépulcrale curiosité en présentant, une semaine
plus tôt, une bande-annonce dans laquelle on pouvait conjecturer
que la plupart des protagonistes du téléroman périraient
dans un feu (de joie).
Malencontreusement, suspense oblige, il
faudra attendre à la prochaine saison pour savoir ce qu’il advient
des héros après l’incendie du Spot (sobriquet hideux donné
à la Maison des Jeunes du quartier). Seront-ils calcinés,
ou saignants? Il est légitime de se poser la question!
Mise en situation: si vous étiez
Dr Hannibal Lecter, le cannibale de renom, lequel des personnages de Watatatow
aurait, une fois bien cuisiné, le plus de chance de satisfaire vos
papilles gustatives. J’espère que ces réflexions vous aideront
à faire un choix éclairé.
Martin Goulet
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Allons droit au but: Martin est un vil
garnement. À la polyvalente, cet être abject incarne le plénipotentiaire
de la dégénérescence juvénile. Sournoisement,
il incite notre belle jeunesse à la promiscuité (pour ne
pas dire: la débauche) en organisant de sempiternelles bacchanales.
Compendieusement, mes bichons d’eau douce, Martin est à l’origine
même du Mal. Forcément, je ne vous le conseille pas dans votre
menu de la semaine; les beuveries auxquelles il a participé avec
excès ont altéré ses qualités gastronomiques,
le rendant pratiquement impropre à la consommation. Néanmoins,
si votre envie de vous le mettre sous la dent était incoercible,
ne vous en flagellez point! Mis à part moi-même, nul n’est
parfait en ce bas-monde! Pour vous déculpabiliser de votre penchant
douteux, songez au grand Général Idi Amin Dada qui, dans
les années de vaches maigres, s’accomodait volontiers de Martin,
« au travail, au repos et dans les loisirs ». Après,
comme vous ne le savez vraisemblablement pas, (bande d’incultes), Idi devint
une légende adulée de la population ougandaise, qui obscurément
décroissait à un rythme effarant à l’époque
de son règne. Ce qui est attendrissant, dans cette belle histoire,
c’est que, malgré la richesse et la célébrité
d’Idi, Martin demeura son péché mignon. Les anthropophages
contemporains ignorent encore pourquoi il n’a jamais voulu adhérer
à la Catégorie « A » (voir Sophie Bonin Jutras).
Peu scrupuleux, certains cannibalophiles de bas étage persiflent
qu’Idi aimait entretenir son embonpoint en s’empiffrant de ce junk-food.
Balivernes! selon son biographe officiel, cette imperfection graisseuse
était congénitale. Cela dit, il mangeait quand même
beaucoup de cette bête sauvage, et, par conséquent, savait
impeccablement l’apprêter! Aujourd’hui, je vous dévoile la
clef du succès de ce cordon bleu africain: faites saisir Martin
dans un poêlon très chaud, et ce, jusqu'à ce que sa
peau noircisse et se boursoufle. Cette étape ne sert absolument
à rien, mais si vous l’escamotez, vous vous privez d’un beau spectacle!
Après la représentation enthousiasmante, il est fondamental
de préparer Martin en ragoût. Il va sans dire que cette longue
cuisson permet d’attendrir la viande et d’annihiler les microscopicusculesques
bactéries qui peuvent nuire à votre santé. À
ce sujet, pour être parfaitement sécuritaire, il faudra laisser
mijoter le gibier (de potence) dans son propre jus pendant au moins six
heures. Pour avoir une sauce rosée à souhait, rien de plus
facile: juste un peu avant de servir, mettez deux doigts de Pepto-Bismol,
brassez et savourez. Bon appétit, et ne lésinez pas sur les
assaisonnements pour masquer le fumet de putréfaction!
Stéphanie Couillard
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Depuis déjà dix ans, cette
intellectuelle intransigeante vous tape sur les nerfs? Voici votre chance
de vous faire dédommager en nature! Contrairement à Martin,
Stéphanie est bonne pour votre santé, et ne requiert aucune
attention particulière en matière de cuisson. À ce
sujet, dans Watatatow, c’est la seule viande qui possède
des propriétés antibactériennes. Vous pouvez donc,
si cela vous chante, la déguster crue. En effet, les isothiocyanates
qu’elle renferme en font une mortelle spécialement propice à
la confection des steaks tartares, ou des sushis. Mais, de grâce,
n’imitez pas les Londoniens! Il est si navrant de voir ces germophobes
s’obstiner à servir Stéphanie en fish & chipie. Ici,
j’interpelle tout particulièrement les proboscidiens: vous n’êtes
pas sans ignorer que le fait de prodiguer un tel bain de friture peut nuire
à votre régime hypocalorique! De plus, ces séances
de barbotage dans la graisse brûlante ont comme deuxième conséquence
d’anéantir l’extraordinaire source d’oméga 3 qu’elle constitue.
Maintenant, parlons brièvement dessert; ne négligez pas d’expérimenter
son cerveau, bien dodu, recouvert d’un savoureux coulis au caramel fondant,
bien meilleur que la tire-éponge d’antan, - cette gourmandise envoûtera
votre fin palais!
Michel Couillard
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Bon rapport qualité / prix, ce type
de bestiole est parfait en hors-d'œuvre. Par contre, à moins de
vouloir avoir l’air cheap devant la galerie, je ne vous conseille pas de
servir Michel comme plat de résistance à vos convives - ceux-ci
resteraient sur leur faim devant ce paquet d’os. Bien qu’il soit le frère
de Stéphanie, culinairement parlant, Michel est très différent
de sa sœur. Plus coriace sous la denture, il est semblable à une
semelle de brodequin militaire, s’il n’est pas préalablement mariné
avant préparation. Il est donc impérieux de faire macérer
la viande dans un mélange de jus de citron et d’huile d’olive, et
ce, trois jours avant consommation. En utilisant ces spécifications,
vous obtiendrez des merveilles dans la poêle, avec une noix de beurre
doux, ou, au four, dans une papillote à légumes. Oui! Oui!
une papillote à légumes! Selon le Guide Alimentaire Canadien,
Michel fait partie à la fois de la section «viande et substituts»
et de celle des «fruits et légumes». C’est d’ailleurs
à cause de cette double catégorisation qu’il est si malcommode
à dénicher dans les rayons des épiceries, et à
travers les dédales des souks de la métropole; au Marché
Jean-Talon, on le trouve chez le boucher, au Marché Atwater, à
côté des concombres, et, au Marché Maisonneuve, avec
les surgelés – il y a de quoi en perdre son latin! Avant de vous
laisser à vos chaudrons, j’aimerais vous mettre en garde par-rapport
à un aspect sournois de cet aliment: Michel peut provoquer des effets
hallucinatoires chez certains sujets, surtout s’il est ingéré
à grosses doses.
Maggie Malo
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Je sais bien que celle-là, vous
adoreriez vous la farcire. Hé! bien, c’est exactement ce que je
vous propose aujourd’hui. En premier lieu, contactez, sans plus attendre,
votre affable grand-maman: elle se fera une joie de vous refiler sa recette
de dinde de Noël. Pour de bons résultats, vous devrez suivre
scrupuleusement les indications qu’elle vous aura fournies. Humblement,
dans le domaine pointu de la boustifaille du Temps des fêtes, ce
n’est plus moi l’expert. J’ai quand même une petite astuce à
vous octroyer pour parvenir à une belle coloration de la peau. De
grâce: n’allez pas gaspiller votre pécule chez RX Soleil;
vous avez tout ce qu’il vous faut à la maison. Croyez-le ou non,
il suffit d’étendre du beurre sur la volaille pendant qu’elle mitonne
au four. Combien de beurre, me demanderez-vous? Voici ma réponse:
grosso modo (comme les Pinard disent), cinq à dix livres de beurre
ne seraient pas fabuler, surtout si l’on veut s’assurer d’une croustillance
convenable et prévenir l’assèchement de la poitrine. En fin
de compte, le seul bémol, avec Maggie, c’est qu’elle a couché
avec tout ce qui a une bite dans l’émission. De ce fait, elle peut
se congratuler de posséder le plus gros assortiment de M.T.S. du
collège! ATTENTION! À consommer avec un condom sur la langue!
Domingo Vidal
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Si les mets exotiques vous branchent, c’est
l’homme idéal pour vous! Domingo est singulièrement exquis
dans une pailla, en osso-bucco, ou, simplement, dans sa croûte de
sel. Son goût du tiroir, légèrement cramoisi et âcre,
s’accorde mieux avec un vin rouge sucré qu’un vin blanc pas sucré.
Une pomme en gueule, et le voilà devenir l’enjôleur de ces
dames. Oui, mes cupides bicots, il a le tour de faire saliver les nanas
- même les végétariennes de l'extrême-droite
font fi de leurs convictions, et le sollicitent! Quant aux apopathodiaphulatophobiques,
ils ne demeureront pas en reste: Domingo (comme Pruneau et Cannelle) est
un laxatif du tonnerre; c’est ça qui vous donne la tourista, quand
vous voyagez dans les pays du sud. Importunément, il est de notoriété
publique que le chaud lapin a baisé Maggie et, de ce fait, la même
mesure de précaution qui s’appliquait à cette poulette est
valable pour notre Casanova.
Sophie Bonin-Jutras
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La suave demoiselle embaumera votre cuisine
d’un grisant arôme de Chanel No.5 et de Clean & Clear.
Effectivement, Sophie n’a pas son pareil en matière de fragrance,
ce qui en fait un aliment fort recherché par les gastronomes du
monde entier. Élevée dans un micro-climat (Outremont), elle
jouit d’une chair tendre qui fond dans la bouche. Ainsi, ne soyez pas surpris
de devoir débourser le gros prix pour vous en procurer un simple
filet; ses aficionados se l’arrachent dans les supermarchés! Côté
accompagnement, Sophie est une princesse: il faut l’escorter de légumes
nobles tel le rutabaga ou le chou de Bruxelles. De plus, une cuisson a
feu doux est de mise pour ne pas faire coaguler son sang bleu. Une dernière
directive: puisque c’est une potineuse chevronnée, envoyer le tout
au presto! Bien couverte, elle ne risquera pas de vous casser les oreilles
avec ses médisances; elle est si cruelle, celle-là!
Benjamin Fortier
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Cette pièce, pour le moins pansue,
est parfaite lorsque vous restaurez un gros groupe - par exemple, votre
équipe de balle molle, ou, même, la Fraternité des
Bisons des Prairies au grand complet. En ce qui a trait à la méthode
de cuisson que je vous recommande, pourquoi ne pas vous laissez aller?
Faites un méchoui, saperlipopette! C’est un plat de fête,
qui, croyez-en ma parole, assouvira le plus insatiables estomacs. Les personnes
qui surveillent leur silhouette (pour des raisons médicales et /
ou pour de simples considérations d’ordre esthétique) seront
heureuses d’apprendre que le gras de Benjamin s’enlève comme une
pelure de banane. En cette matière, des sommités mondiales
en nutrition s’entendent pour dire qu’il s’agit, contradictoirement à
la croyance populaire, d’une viande aussi maigre que Maggie, si, toutefois,
on prend la peine de se débarrasser de sa couenne adipeuse avant
de la rôtir. Pour parachever mes indications, je dois vous aviser
qu’il peut demeurer des restants à la fin du festin. Ne les jetez
surtout pas! Benjamin est pratique, en soupe (style Chunky), dans
le thermos du col bleu, ou, en sandwich, dans la boîte à lunch
de l’écolier. D’ailleurs, au retour de l’école, il fait fureur
comme goûter! Gratinez des tranches de Benjamin sur des quignons
de pain, avec un fond de sauce tomate, et, en deux temps trois mouvements,
vous obtiendrez de nourrissants et savoureux petits canapés-pizzas
dont les enfants raffoleront!
En conclusion, j’aimerais vous remémorer
à tous, et en particulier aux lecteurs hermétiques et pudibonds,
que MCL est un wouèbzine humoristique s’enorgueillissant d’être
de mauvais goût. Avant de m’envoyer un e-mail de billevesées
ou de balourdises en réaction au texte que vous venez de lire, demandez-vous
pourquoi vous vous trouvez sur un site qui s’annonce comme étant
indigeste, quand votre estomac ne peut pas l’endurer? Ne fréquentez
pas les loubards que nous sommes si vous aimez les archanges exclusivement!
C’est simple, non? En substitution à nous, vous avez l'embarras
du choix, au Québec! Par exemple, vous pouvez vous procurer les
Mots
de Têtes de Pierre Légaré, ou des billets de spectacle
pour aller voir Martin Matte ou, pire, Marc-André Coallier. Peut-être
n’allez-vous pas rire… Je recommence: vous n’allez pas rire, mais, avec
ces benêts-là, vous ne risquerez pas d’être scandalisés!
(Peut-être quand Martin parle de son père en termes de pouf,
parce qu’il a des nouveaux pantalons de cuir – Ha! Ha! comme il est taquin,
le petit!) Maintenant, j’ai un avertissement à l’adresse des esprits
tordus: les propos invoqués dans cet article sont de pures élucubrations.
Pour que le jeu reste un jeu, toute cette pâture ne doit pas vous
inciter à poser des actes répréhensibles pouvant mettre
en péril une vie humaine. En attendant qu’un cataclysme atomique
survienne et que, par souci de survivance, le Gouvernement canadien re-légalise
le cannibalisme, celui-ci demeure illicite, dans notre beau pays imparfait.
Soyez avertis, Lecters! Et si cela vous consterne, consolez-vous, car il
n’y aucune loi prohibant le grignotage de bouts de doigts par des névrosés
à la lecture d’un magazine aussi ténébreux que Ma
Commune Légère.
Rastaquouère
MacO'mmune
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