LE DÉFI DE L'ESPACE
par David Pêle-Mêle
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- I -

   «Journal de bord du Capitaine. En date du 234-38.441-C. Capitaine Maquereau Casse-Tout au commandement. Nous avons reçu l'ordre de nous rendre au plus pressé dans le secteur du Triangle Velu, endroit de toutes les tentations et de tous les commerces y compris celui du Diable, afin de faire toute la lumière sur une très-embrouillée histoire d'espionnage industriel. Les autorités de Starfleet nous conseillent de faire gaffe. Nous ne sommes pas n'importe quel équipage de la Fédération. On fait toujours gaffe, nous.» 
   « Pas mal, hein, Monsieur Simok? dit le Capitaine en fermant son magnétocassette et en se rasseyant confortablement. 
 - Probablement, Capitaine, fit Monsieur Simok impassible. 
 - Comment ça "probablement"? Je fais le Journal de bord le plus vachement chouette de toute la galaxie ou non? 
 - Il m'est radicalement impossible de juger, Capitaine, objecta Monsieur Simok, puisqu'en ces matières relevant de l'appréciation sentimentale et stylistique propre aux humains, je suis morphologi-quement incapable d'apporter quelque élement positif ou négatif que ce soit; en outre et pour ce qui a trait à l'assomption selon laquelle nous ne serions pas un équipage comme les autres au sein de la Fédération, je puis affirmer hors de tout doute purement cartésien - puisque je suis celui qui procéda hier à l'inspection générale et intensive de l'astronef - que nous sommes tout ce qu'il y a de plus réglementaire selon les standards de la sus-nommée Fédération des Planètes-Unies. 
 - Admettons que je n'ai rien dit! cria le Capitaine. 
 - Plan de vol, Capitaine? demanda le pilote et préposé aux torpilles Photon Matthew "the River". 
 - Ah, oui! Plan de vol. Cap en plein dans le Triangle Velu, Monsieur TheRiver, s'il vous plaît. 
 - Avec plaisir, Capitaine! fit TheRiver en composant le plan de vol de ses doigts agiles. 
 - Merci bien, dit le Capitaine. 
 - Il n'y a vraiment pas de quoi, je vous assure! dit TheRiver. 
 - Vitesse: Facteur Warp trente-deux! 
 - Capitaine, fit Monsieur Simok calmement, puis-je, en toute aménité, vous rappeler que la vitesse réglementaire de pointe dans l'espace fédéré est d'un Facteur Warp sept? 
 - Monsieur Simok, cher Officier Scientifique de mon coeur, est-ce que vous me permettriez de vous poser une seule petite question? 
 - Bien entendu, Capitaine, puisqu'en toute logique je ne... 
 - Ça va! Question: C'est qui qui commande? 
 - Le Capitaine, fit Monsieur Simok sans comprendre. Vous, par conséquent. 
 - Bien. Merci. Facteur Warp trente-deux! 
 - Mais c'est exagéré! hurla TheRiver à son pupitre de pilotage. 
 - M'en fous! cria le Capitaine Maquereau. Communications! Passez-moi la Salle des Machines! 
 - Lieutenant-Commandeur Kaz, fit une voix. J'écoute. 
 - Il me faut du jus, Monsieur Kaz, vous comprenez? Du jus! 
 - D'oranges? De prunes? Cocktail Tropicana? Five Alive? Purple Stuff? Sunny Delight? Welch? fit l'ingénieur. 
 - Pas du tout, Monsieur Kaz! hurla Maquereau. Du jus de propulseur antimatière. Facteur Warp trente-deux! 
 - Hein? Trente-deux! Impossible. Absolument impossible! 
 - Débrouillez-vous. Sinon z'êtes dégradé. Terminé! 
 - Quel pédé de salope! » cria le chef ingénieur Kaz en allongeant un coup de pied dans l'Ordinateur de Protopropulsion. Heureusement pour son grade, l'intercom était déjà refermé. Le Lieutenant-Commandeur Kaz s'assit par terre, tira de sous un pupitre de contrôle une boîte de pizza dans laquelle il restait encore deux pointes, et les dégusta en réfléchissant. Facteur Warp trente-deux, c'est vite, c'est même très vite! Que faire? 
   Il pensait à son beau grade de Lieutenant-Commandeur qui risquait de s'envoler. Puis ça lui fit penser à un autre Lieutenant-Commandeur qu'était à bord. « Voilà la solution!» se réjouit-il en sautant sur ses pieds et en courant de nouveau vers l'intercom. 
   « Bon, quoi encore? disait le Capitaine au Lieutenant TheRiver et à Monsieur Simok. Les ordres de Starfleet stipulaient de se rendre "au plus pressé dans le secteur du Triangle Velu"... Vous avez bel et bien entendu: au plus pressé. Pour moi, ça veut dire Facteur Warp trente-deux. Je le veux. Je l'aurai! 
 - Bon, attendons! fit TheRiver tranquillement. Après tout, notre chef ingénieur est un véritable faiseur de miracles. Et moi, pour piloter et surtout pour les torpilles Photon, j'ai point mon pareil dans la galaxie et même dehors. Vous voyez, Simok, mon pauvre petit vieux, c'est ça que le Capitaine voulait insinuer lorsqu'il disait qu'on n'est pas un équipage de troufions ordinaires. 
 - Je vois, déclara Monsieur Simok. Toutefois je comprends pas.
 - L'est quelle heure? s'inquiéta le Capitaine. 
 - Six heures quarante-quatre, dit Simok de mémoire et sans regarder l'horloge électronique. 
 - J'ai faim, dit le Capitaine. Je vais aller souper. Monsieur Simok, je vous refile les commandes. Amenez votre cul juste ici, sur cette chaise-là. À tout à l'heure! »
 


- II -

   Le Premier Officier Jeff le Balafré se releva et se rinca la goule avec du Scope bleu. Il était terriblement inquiet à présent. Le suspense devenait de plus en plus insupportable. Derrière son écran d'ordinateur, le Docteur Peller terminait d'analyser les données que venait de recueillir l'aglutisseur lymphatique au laser. Jeff commença de s'approcher du pupitre du médecin. Il entendait le faible pitonnement des touches de l'ordinateur et ça n'arrêtait pas. Qu'est-ce qu'il avait tant à écrire, le Docteur? Ce n'est pourtant pas long, de taper « Tout va bien ». 
   Jeff était maintenant presque à la hauteur du bureau. Le suspense venait juste de cesser d'être supportable. 
   « Tout est en ordre, Doc? murmura-t-il en tremblant. 
 - Ah! bonsoir! dit Peller. Qu'est-ce que je peux faire pour vous? 
 - Eh bien, me dire si tout va bien! fit le Balafré. Les balafres, ça passe, mais mes dents? Vous venez juste de me passer un examen dentaire complet avec votre aglutisseur lymphatique au laser. Alors? Et ces résultats? J'angoisse, moi! 
 - N'angoissez plus, rassura Peller en se levant. Vos dents sont souverainement parfaites. J'ai jamais vu des dents aussi bien portantes que celles-là, pour tout vous dire, mon vieux. C'est à n'y rien comprendre! surtout lorsqu'on sait la qualité peu valable des infectes nourritures synthétiques qu'ils nous servent aux cuisines. Je suis éberlué. Je comprends pas. 
 - Donc tout va bien! J'aurai pas de carie? Ouais! Ha!... Mais, et tout ce que vous venez d'écrire, là, dessus votre putain de machine, c'est quoi? 
 - Justement, fit le Docteur, j'écris à Guinness, vous savez bien, le Livre des Records. Pour vos dents. Incroyable! On jurerait qu'elles sont toutes neuves. Jamais servi. N'en crois point mes yeux myopes. Comment vous faites? 
 - Elles n'ont effectivement jamais servi, dit le Balafré avec une fierté non dissimulée. Je m'alimente uniquement par intraveineuse depuis la perte de mes dents de lait. Et je ne bois que de l'eau Perrier distillée. 
 - Maintenant, dit Peller, je comprends. Bravo! Je devrais vous... 
 - On demande le Lieutenant-Commandeur Peller à l'intercom, dit une jolie petite infirmière au torse très bien potelé. 
 - J'arrive! cria Peller, pas de panique!... Vous pouvez disposer, Monsieur le Balafré, à la prochaine. 
 - Salut, toubib. Hep! Je peux emmener l'infirmière? 
 - Si elle est d'accord, dit le médecin. Déguerpissez! » 
   Le Docteur Peller attendit d'être seul dans l'Infirmerie pour appuyer sur le bouton "TALK" de l'intercom.
   « Ouais? dit-il. Ouais? Quoi? Ouais? 
 - Peller! cria la voix surexcitée du chef ingénieur Kaz, êtes-vous tout à fait seul dans l'Infirmerie, dites? 
 - Seul, ouais, dit Peller. Tout à fait. Et alors? 
 - Sortez vos flacons! Votre bière Romulanaise et votre whisky illégal et tout votre attirail alcoolique surpuissant. L'eau-de-vie Klingon sera très utile. Le Capitaine demande un Facteur Warp trente-deux de vitesse! 
 - C'est un cinglé. Je vais jusqu'au Pont Principal et je te me le chloroforme vite fait... 
 - Non! Tentons plutôt l'expérience suivante: Tout l'alcool éminemment explosif, hop! Dans le carburateur nucléaire. Les cristaux de dilithium? Noyés dans le whisky Shivas. L'eau-de-vie Klingon? C'est le dessert: dans le Processeur Central du circuit! 
 - J'arrive, cria le Docteur. Terminé! » 
 

- III -

   L'Oiseau de Proie Inquïsition de l'Armada Galactique de la planète Romulus filait en diagonale vers la ceinture d'astéroides Chas'Thté qui barrait l'accès au secteur du Triangle Velu. Sur la planète Granada, au coeur du Triangle, une base Romulanaise de fabrication de paillettes avait été infiltrée par des espions de la Fédération des Planètes-Unies, cette Confrérie des Mauviettes Chevronnées, comme on dit sur Romulus. Ah ça! Ils allaient le payer cher, les fils de putes terriennes! L'Amiral Ph'Hapou de l'Armada Galactique espérait arriver à temps pour pouvoir questionner lui-même les sales espions. Le Sénat de Romulus lui avait donné carte blanche. Il devait juste faire en sorte que la production de paillettes ne subisse aucun soubresaut indésirable. La Bourse de Romulus était très chatouilleuse. 
   « Les enculés! Les enculés! grommelait l'Amiral. Je les aurai tous! Je les ferai cramer sur le Gibet National! » 
   Soudainement une explosion terrifiante. Tout l'Oiseau de Proie tressaillit et tomba en perte de vitesse. « On nous tire dessus! hurle l'Amiral Ph'Hapou. Ripostez! » Et l'Ordinateur du spationef de montrer un agrandissement de ce petit point verdâtre, là-bas, près de l'étoile du Triangle: un croiseur impérial Klingon! 
   « AAH! crie l'Amiral. Les grosses brutes! Feu! Feu! et puis ensuite Dispositif d'Invisibilité! » 
   Trois salves de Plasma Moléculaire fusèrent en un éclair du bec de l'Oiseau de Proie Inquïsition, après quoi ce dernier devint graduellement flou et puis finalement disparut tout entier. 
   Le croiseur impérial D-10 Delfuc'Kvzky se mangea les boules de Plasma en pleine poire comme de coutume. Il toussa un peu, fit quelques étincelles et fut de nouveau en pleine forme. C'était un astronef plutôt coriace. A son bord, l'Epitai Krang se frottait les mains et la barbiche en disant: 
   « Krraâh! Ha! Ha! Ha! On a effarouché la fillette! Rhhaâ! Mille milliards de mille torpilles Photon! Il se cache, maintenant! Il est gêné de venir me dire qu'il m'aime bien! Que je te lui ramasse la gueule! à coups de Dispupteurs Atomiques! Ces salopes rassies de pouffiasses trouillardes Romulanaises! Elles vont payer cher d'avoir eu l'audace de piller notre manufacture de couteaux sur la planète Granada! Rhhaâ! 
 - Beep! Beep! Beep! fait une console. 
 - On n'utilise jamais cette console! hurle Krang. C'est quoi? 
 - Un sonar, Lumineuse Grandeur! répond un Klingon subalterne en se ruant devant le sonar. Oh! 
 - Kwâ? Kwâ? Qu'est-ce qu'y dit, ton machin de mes fesses? 
 - Lumineuse Grandeur! dit le Klingon subalterne, un astronef de la Fédération! Il fait route en plein vers le Triangle... Vers nous! 
 - K'est-ce ke la Fédération a à voir là-dedans? K'est-ce k'y viennent glander ici, eux? Elle peut nous dire ça, ta kochonnerie de machine? 
 - Hélas non, Lumineuse Grandeur! Elle ne le peut, mais... 
 - Alors balançe-la moi dans l'espace intersidéral! Pas besoin de cette machine à la kon! 
 - Lumineuse Grandeur! Elle nous dit toutefois que l'astronef... 
 - Kwâ! tu récalcitres! Tiens! » 
   Et l'Epitai Krang, d'un coup de Disrupteur Atomique, désintègre le Klingon subalterne. Un autre Klingon encore plus subalterne vient prendre sa place en jetant un coup d'oeil au sonar. Il dit: 
   « Luminescente Sublimité! L'astronef de la Fédération - ce n'est pas une erreur technique de notre part - croise à Facteur Warp trente-deux! C'est sans doute ce que voulait dire l'autre! 
 - Va te faire foutre! hurla Krang. Je te krois pas! » 
   Et il désintégra le subalterne encore plus subalterne. Le croiseur Delfuc'Kvzky avait trois cent cinquante subalternes d'équipage. On pouvait se permettre des sautes d'humeurs. Et puis, enfin, Facteur Warp trente-deux, ça ne se peut pas. 
   « Mais tout de même, songeait l'Epitai Krang, k'est-ce que la Fédération vient mariner dans le décor? » 
   Et, à bord de l'Oiseau de Proie soigneusement invisible et silencieux, l'Amiral Ph'Hapou songeait: 
   « Les Klingons! Les Klingons! Les salauds! Qu'est-ce qu'ils viennent encore faire ici, ces brutes épaisses? » 
 


- IV -

   « Magnifique! criait le Capitaine Maquereau Casse-Tout à ses hommes d'équipage. Nous allons vraiment à Warp trente-deux! Stupéfiant! Monsieur Kaz! Vous êtes un génie!... Hep!... Lieutenant TheRiver! Estimation du Temps d'Arrivée? 
 - Sept secondes! lança TheRiver. 
 - Stupéfiant! rit le Capitaine en s'aggrippant à sa chaise. 
 - Fascinant! constata froidement Monsieur Simok, dérouté. 
 - Qu'est-ce qui se passe, dans ce foutoir? crie le Premier Officier en entrant sur le Pont Principal à quatre pattes. 
 - Ah! Numéro Un! se réjouit Maquereau. Le Doc ne vous a pas fait de mal, dites? 
 - Stop! » vociféra le pilote et préposé aux torpilles Photon en enfonçant son panard jusqu'au genou dans la pédale du spatiofrein. 
   C'était le Triangle Velu. La fameuse ceinture d'astéroides se profilait au loin. Et toutes les étoiles. Et un petit point verdâtre qui énervait Monsieur Simok mais que les autres ne voyaient pas. Une distortion étrange se promenait en serpentant dans le vide obscur de l'espace triangulaire. Le Capitaine fit ouvrir un canal de radiodiffusion extérieure. 
   « Ici le Capitaine Maquereau Casse-Tout de l'astronef USS Ontario de la Fédération des Planètes-Unies. Identifiez-vous, forme vague, là! Vous êtes en état d'ébriété. Veuillez souffler dans cette balloune, s'il vous plaît! » 
   Soudainement, un Oiseau de Proie apparut droit devant le vaisseau fédéré, à deux mètres de son nez et comme sorti de l'Au-Delà, et cinq salves de Plasma Moléculaire tombèrent à bras raccourci sur le pauvre USS Ontario. Catastrophe! 
   Les circuits, les machines, les ordinateurs, les distributeurs de boissons gazeuses, tout explosa, tilta, s'étouffa, se court-circuita. Il n'y avait plus d'électricité, ni le téléphone, ni l'eau courante, ni le chauffage. Il restait la gravité artificielle et l'oxygène. 
   Puis, alors même que l'Oiseau de Proie Romulanais terminait de faire feu sauvagement, le D-10 Delfuc'Kvzky revenait à la charge. L'Oiseau de Proie se prit dans le derrière: 
   > Treize coups de Disrupteur Atomique bien plaçés. 
   > Huit torpilles Photon dodues. 
   > Cinq bombes Klingon au Plasma, et 
   > Une décharge de Particules Dématérialisantes Efficaces. 
   Résultat: Hors-jeu. Idem que le USS Ontario. 
   « Ahrg! hurla l'Amiral Ph'Hapou. De quoi j'me mêle? Je les tenais par les couilles, ces Mauviettes fédérées, s'il n'en avait été de ce gros imbécile de Klingon iconoclaste et anthropophage de mes deux! Ahrrg! Quel coup! Mon spationef est tout bonnement démantibulé! Plus d'eau courante! Le câble ne fonctionne plus! Super Ecran est foutu! Plus d'Invisibilité non plus! Rhaâ! » 
   Mais la radio fonctionnait encore - unique îlôt de raffinement technologique encore pleinement fonctionnel. Le USS Ontario appelait l'Oiseau de Proie. Également le D-10 Delfuc'Kvzky appelait le USS Ontario. 
   « Que signifie cette attaque ma foi apocalyptique? demandait le Capitaine Casse-Tout à l'Oiseau de Proie. 
 - K'est-ce que vous venez fiche ici? criait Krang au USS Ontario. 
 - Comment? lançait le Capitaine Casse-Tout, vous faites l'innocent, maintenant, Krang? Vous savez très bien que votre Gouvernement frauduleux a ordonné à vos espions d'infiltrer notre usine d'armement tactique sur la planète Granada qu'est juste là! 
 - Kalomnies! hurla l'Epitai Krang à tue-tête. Je reprochais justement avant-hier à mon Gouvernement d'être trop gentil ces temps-ci! Et puis d'abord, j'étais ici pour punir les Romulanaises d'avoir pillé notre manufacture de couteaux Klingons sur la même planète Granada, k'est juste là! 
 - Mensonges éhontés de Klingons bâtards!!! s'écria l'Amiral Ph'Hapou. Jamais les Romulanais ne se sont intéressés à de vulguaires couteaux Klingons! Un peu de sérieux, voyons! Cela ne tient point debout! C'est plutôt la Confrérie des Mauv... je veux dire la Fédération qui a envoyé des espions bâtards dans notre base Romulanaise de fabrication de paillettes. Sur la planète Granada, qui est ici, Nom de Dieu, juste sous nos yeux! Les grosses br... je veux dire les Klingons n'ont strictement rien à voir là-dedans! 
 - Kwâ! Kwâ! Notre manufacture de couteaux! Sales Romulanaises! 
 - Jamais de la vie! Notre base de fabrication de paillettes! 
 - Quelles paillettes? Notre usine d'armement tactique! crie le Capitaine Casse-Tout. 
 - Sale Fédération de Mauviettes! 
 - Fillettes Romulanaises! Rhaâh! 
 - Enculés de Klingons incapables! 
 - Kwâ? Kwâ! 
 - Grr! 
 - Rhaâh! 
 - Surprise! fit Q-Mainville en se matérialisant dans l'espace, aussi grand que le double des trois astronefs réunis. 
 - Oh, non! Pas lui! » firent l'Amiral, l'Epitai et le Capitaine. 
 


- V -

   Q-Mainville est une sorte d'entité omnipotente, omnisciente, omniprésente mais loin d'être très charmante pour des êtres mortels. C'est un grand personnage humanoïde (quand il daigne prendre forme humaine, ce qui est le cas ici) aux cheveux bouclés et assez gras, portant lunettes et s'affublant pour la forme d'un sulfureux accent faux et francouillard. Il s'amuse de tout ce qu'il peut trouver dans le vaste Univers, se jouant des humains, des Romulanais, des Klingons, et parfois même de tous les trois à la fois (comme c'est le cas en ce moment.) En un mot, une tache. Un furoncle cosmique. Une plaie intergalactique. Un bubon sur la figure infinie du Vide stellaire. 
   « Jolie petite réunion de toutous! lança Q-Mainville aux trois commandants de races différentes. Vous voulez que je vous laisse seuls? tout nus? Hein? 
 - Ta gueule, enfant de Pute Cosmique! cria l'Amiral Ph'Hapou hors de lui. Alors c'était du flan, cet espion dans nos paillettes? 
 - Même vos paillettes seront fausses si je le décide, fait le Q-Mainville en souriant. Toi-même, je claquerais des doigts et tu serais faux. Ou je pourrais faire de toi un Klingon... 
 - Non! cria l'Amiral. 
 - Nooon!! gémit l'Epitai Krang, Klingon de pure souche. 
 - Écoutez, Q-Mainville, espèce de gouape suave, dit le Capitaine Maquereau Casse-Tout, qu'est-ce que vous recherchez? Pourquoi est-ce que vous faites chier les gens si imaginativement? Ça vous fait jouir? Vous aimez ça? Alors quoi, bordel de Dieu! Allez donc vous branler entre les anneaux de Saturne et fichez-nous la paix! Vous vous plaisez dans notre Univers, à part ça? La petite famille? 
 - Très bien, merci! dit Q-Mainville. Ah! le petit dernier a la Varicelle d'Andromède, mais ça va. Ouais! 
 - Et maintenant? dit Krang en colère. J'ai d'autres chats à aller dépecer, moi! 
 - Ah? fit Q-Mainville en claquant des doigts, tiens! Je crois que vous venez juste de tomber en panne de cristaux de Dilithium, mon cher Krang. Vous n'allez nulle part. 
 - Rhâa! Katastrophe! Mon Dilithium!! Q-Mainville! Vous n'êtes k'une Kolossale Krotte de Karibou! L'Empire Klingon, un de ces quatres matins, se paiera votre peau pour décorer la façade du Palais Impérial! 
 - Diantre! je tremble de frayeur, fit plaisamment Q-Mainville. 
 - Nous sommes faits comme des rats! ragea l'Amiral Ph'Hapou. 
 - Parle pour toi, fillette! cria Krang hors de lui. Je puis bien croire que tu sois fait comme un rat puisque tu en est un! Moi je suis fait comme un Klingon, et le Capitaine Casse-Tout comme un Maquereau! T'entends? 
 - Merci bien, Krang, fit Maquereau Casse-Tout. Je vous en dois une, là! 
 - Y a pas de kwâ, blanc-bec fédéré! s'esclaffa le Krang. 
 - Charmant! rit Q-Mainville en se tenant le ventre. Ils vont peut-être même s'embrasser, tant qu'ils y sont? Ils seront heureux et auront énormément de petits enfants. 
 - Fermez donc un peu votre grand clapet de vaurien, dit le Capitaine Casse-Tout, et écoutez ceci, Q-Mainville: Je vous lançe un défi qui, j'en suis sûr, vous excitera. 
 - Dites toujours! bava l'entité importune. 
 - Z'allez point nous laisser filer au rapport, n'est-ce pas? 
 - Il n'en est pas question! Je m'amuse beaucoup trop! Je vais vous forcer à vous battre entre vous, vous faire apparaître dans tout plein d'endroits mal famés de la galaxie, vous projeter chez mes copains les Borgs, vous emmerder très très longtemps, puis, quand je serai las de vous, je changerai la couleur de vos cheveux juste pour faire chier vos épouses, et je vous laisserai filer. 
 - Pas si vous relevez mon défi! triompha Maquereau. 
 - Et c'est quoi? taquina Q-Mainville le nez en l'air. 
 - Voici, fit le Capitaine. Vous me prenez, moi, tout seul, sans armes ni rien, et vous me fichez dans la peau de qui vous voudrez, à l'époque que vous voudrez et où vous voudrez et sur la planète que vous voudrez, et moi, peu ou prou, je dois me sortir de mon pétrin. Sans aucune aide de l'extérieur. Sans Monsieur Simok ni personne. Vous marchez? Dites? Vous rassemblez contre moi tous les obstacles qui vous plairont, toutes les contraintes que vous voudrez, et moi je tente de renverser l'Histoire. Si j'y parviens (ce qui va effectivement se produire, vous êtes prévenu, car je suis un dur) vous relâchez tout le monde. Mon équipage, mon vaisseau, puis le Klingon et le Romulanais! 
 - Ah non! rugit Krang, pas le Romulanais tout de même!! 
 - Et si j'échoue, poursuivit Maquereau, je promets de coucher avec vous dans la nébuleuse d'Andromède! 
 - Ouais! J'accepte le défi, Capitaine! » s'écria Q-Mainville tout empourpré à la fois par le défi et par la promesse. Il se mit à réfléchir intensément. 
   À bord de l'USS Ontario, c'était la polémique habituelle. Le Premier Officier prétendait que ce serait à lui de prendre les risques et non au Capitaine. Monsieur Simok évaluait les chances statistiques qu'aurait le Capitaine de s'en sortir dans un contexte historique particulièrement ardu. Le Lieutenant TheRiver admirait le courage de son Capitaine et lui souhaitait bonne chance. Le Docteur Peller, lui, ne s'énervait pas: Il connaissait Maquereau Casse-Tout, lequel ne portait pas un tel nom pour rien, et savait très pertinemment qu'il n'aurait pas de problèmes avec quelque situation que ce puisse être. Le Docteur savait - et il était le seul à savoir cela à bord de l'astronef - que Maquereau, avant d'être Capitaine dans la Fédération des Planètes-Unies, avait été soldat frontalier, mercenaire, contrebandier, barbier, baroudeur, spadassin, duelliste, bretteur, archer, homme d'affaires, voyou, écolier retors, enfant à problèmes et bébé batailleur. C'était ce qu'on appelle un dur-à-cuire. Pas de problème! 
 


- VI -

   « Est-ce que vous avez lu La Morte d'Arthur? » demanda le gros Q-Mainville au Capitaine en se matérialisant sur le Pont Principal en de plus humaines proportions. 
   « Holà! Vous avez choisi où vous voulez m'envoyer? Sur Terre? En Angleterre! Chez le Roi Arthur! Merci bien! Magnifique! Je serai qui, Lancelot du Lac? Gauvain? 
 - J'ai choisi la Terre parce que vous êtes un Terrien, dit bien posément Q-Mainville en marquant ses mots. C'est assez cynique, je trouve. Vous êtes le Duc de Cornouailles. C'est la guerre, et votre jolie femme Véro est l'enjeu charnel de cette guerre. Le Roi a juré d'avoir votre bien-aimée dans son lit et votre tête sur les piques! 
 - Le Roi Arthur? demanda Maquereau. 
 - Lui-même, mais sous un autre nom. Allez! » 
   Et Maquereau Casse-Tout perdit connaissance. 
 
 

- VII -

   « Journal de bord Supplémentaire. Premier Officier Jeff le Balafré aux commandement. Notre pauvre Capitaine est évanoui depuis deux heures maintenant, et le Docteur Peller l'a fait transporter sur un lit de l'Infirmerie où il sera constamment sur monitoring cérébral. Q-Mainville, cette salope, aussi vilain et pervers qu'il puisse être, nous a tout de même offert une belle projection en Technicolor des aventures du Capitaine dans l'autre monde. Tout l'équipage excepté Peller est rassemblé sur le Pont Principal et regarde l'écran géant. L'esprit du Capitaine est ailleurs. Sur l'écran il est en armure sombre et porte le heaume médiéval. L'est monté à cheval et guerroie tout son soûl. Les Klingons et les Romulanaises regardent aussi. Y z'ont point le choix. Q-Mainville sera impitoyable. » 
   Sous des arbres difformes et embrasés de flammes vertes, dans l'étincellement des haches sur les boucliers ou les harnais, le Duc Maquereau, maculé du sang des soldats du Roi, hurlait aux quelques derniers hommes qui lui étaient demeurés fidèles: « Où est le Roi lui-même! S'il veut ma petite pouliche à moi, eh bien, comme on le dit si bien à Camelot, qu'il vienne se battre personnellement! » 
   Mais le Roi n'apparaissait pas nulle part. Toutefois un soldat royal, plus gros que ses congénères, se rua sur le Duc en hurlant que ses ordres étaient de lui trancher le cou. 
   « Ah bon, fit Maquereau en faisant pivoter adroitement sa monture, car il avait plusieurs années d'équitation à son actif. Et qui donc vous a donné ces ordres sanguinaires, mon brave? » 
   Jeté dans son élan, le gros soldat avait passé tout droit. Le cheval du Duc pivota derechef. La lame ducale s'appuya sur le gorge du gros qui se mit à pleurer: 
   « C'est le Roi! Ce sont les ordres du Roi, messire Duc! Pitié! Ne me faites pas de mal! Ah! Je faisais que mon boulot! 
 - Bien. Et où se trouve le Roi en ce moment? Réponds ou je te fais rendre gorge, maraud! Alors? 
 - Au château de Tintagel! Le Roi est au château de Tintagel! Avec l'Enchanteur Gonzales! Ah! Pitié! 
 - Chez moi? Le traître! Voilà ce qui ne s'appelle guère savoir faire bien la guerre! 
 - Vous êtes poète sans le savoir, messire Duc! fit le gros soldat. 
 - Toi, file! » siffla Maquereau en éperonnant sa monture et en la faisant lestement bondir par-dessus un mur de soldats royaux. Vers son propre château il s'en fut au grand galop, rageant, maudissant le traître félon qui avait été son Roi. Il se promettait bien de lui couper la tête aussitôt s'il avait le malheur de le surprendre ne serait-ce qu'à un pied de la belle Duchesse Véro de Tintagel. 
   Le château-fort se profilait au loin, gigantesque, noir et pointu comme la Vengeance, dressé au faîte de sa falaise abrupte au bas de laquelle tonnaient les lames froides de l'Océan sur le récif. Comme une mince forme encapuchonnée descendait le chemin d'un pas lent et harmonieux, le Duc sut qu'il s'agissait là de l'Enchanteur et fit ralentir son destrier. 
   « Gonzales! interpella-t-il avec véhémence. Est-ce chose vraie qui me vint à l'ouïe cette heure dernière? Vous futes suffisamment mal inspiré pour aider ce laquet et félon qui se dit Roi? Où reste-t-il encore en ce moment? Chez moi? 
 - Excellence, rétorqua doucement le Mage appuyé sur son bâton de sourcier, je ne suis nullement des tribus de ce monde; que se lève sur les chemins la lune, et j'errerai; que meurent dans les cités les hommes, et je passerai sans doute alors tel une ombre. De ce qui vous tourmente je ne suis point averti... 
 - Sorcier! tu déraisonnes! Parle clairement ou alors tais-toi! 
 - Toujours je me suis tu, fit Gonzales en poursuivant son chemin. Je tais la source et le bélier, je tais le chant des oiseaux ou les cris de la mer... » 
   Un cri de femme se fit soudainement entendre, lointain, du haut des remparts de Tintagel. Le Duc Maquereau éperonna son cheval en vociférant: 
   « Ygrène!... Je veux dire Véro! 
 - En toutes les folies du monde », murmura Gonzales en descendant la route vers la forêt. Le Duc passait déjà le pont-levis quand l'Enchanteur gagnât le couvert des arbres au sein desquels il disparut. 
   « On n'entre pas, Duc! cracha un soldat du Roi posté en chien de garde en bas des escaliers. 
 - Non? chuchota Maquereau Casse-Tout en tirant progressivement sa fidèle épée de son fourreau. Dites, vous connaissez ma réputation à l'escrime? Pauvre soldat! Le Duc de Cornouailles se dresse devant vous aujourd'hui. Prenez une décision. 
 - Bon. Je vous ai pas vu, d'accord? J'ai rien vu... Holà! Il y a quelqu'un? Holà!... Quel est ce bruit? Sans doute un chat! » 
   Preste et silencieux, l'arme au poing, l'oeil injecté de sang, la chevelure plaquée de sueur sur ses tempes, il escaladait les escaliers secrets de son propre château, gagnant ainsi du temps. Véro s'était réfugiée dans la Tour de Lyre, sa Tour favorite, où elle s'enfermait régulièrement pour jouer de la musique. Lorsque le Duc déboucha brusquement de derrière une fausse bibliothèque, le Roi Beaudoin IX tentait d'enfoncer la dernière porte de la Tour, derrière laquelle se terrait une Véro sans défense. De derrière sa lourde porte, elle criait: « Malheur! Ah! Oh! Ingratitude atroce du Destin! Et moi qui n'ai jamais aimé les Rois! Je préfère Pâques! » 
   Le Roi Beaudoin, dévêtu presque entièrement et s'acharnant contre la damnée porte, n'entendit pas s'approcher le Duc. 
   « Haem! Majesté! fit Maquereau calmement. Ne vous épuisez donc point de la sorte, voyez! je possède sur moi la clef de cette porte qui tant vous contrarie! 
 - Messire de Cornouailles!? s'étrangla le Roi, mais qu'est-ce que vous venez foutre ici, enfin? C'est la guerre, dehors! Filez! 
 - Ah mais je suis ici chez moi! fit Maquereau en s'approchant. Et puisque nous sommes en guerre, comme si joliment vous le dites, je ne me crois pas tenu de faire respecter les vieilles traditions d'hospitalité de Tintagel. Je vous dirais moi aussi de filer! 
 - Grr! donnez-moi une épée, Duc. Vous commencez à sérieusement m'échauffer les oreilles! Vous méritez une petite leçon de savoir-vivre royal! En garde! Défendez-vous! 
 - Pas si vite, répliqua le Duc en levant son épée. Vous guerroyez en parfait félon, et sans respect aucun pour toute la gamme de ces séculaires règles de noble et belle chevalerie! Je pourrais fort bien faire de même! Je n'ai pas envahi votre Palais alors que vous chevauchiez au loin; je n'ai pas eu recours à l'aide d'un sorcier quel qu'il soit; je fus honnête et droit. Puis qui voila? Un Roi? Une lavette, ouais! Pouah! Charogne! Vous êtes à demi-nu, vous n'avez point de haubert ni de veste de mailles - je pourrais très bien vous étriper sans mot dire puis aller raconter partout que vous me livrâtes valeureuse joute! Est-ce que je vais vous donner véritablement une épée afin que vous puissiez vous défendre? Vous qui alliez, il y a quelques instants à peine, vous envoyer ma douce et tendre épouse sans aucun remords? 
 - Ne palâbrez point tant, Duc! Mon épée! Cela se règlera par les armes ou alors ne se règlera jamais! 
 - Soit, bourrique malodorante! » fit Maquereau en allant quérir une bonne et fière épée sur la table d'arsenal de la Tour. Le Roi s'était avancé, torse nu, barbe ébouriffée. Il eut tôt fait de saisir l'arme au vol lorsque son ennemi la lui lança. 
   « Hop! dit-il en sautant de l'avant. 
 - En garde, Roi! » annonça le Duc de Cornouailles. 
   Les deux hommes s'examinèrent et tournèrent tranquillement l'un autour de l'autre. Véro sortit de son refuge et encouragea vivement son époux en battant des mains. Sans prévenir, le Roi se fendit et releva en Prime la garde ducale qui manqua sa feinte par une seule étincelle. La lame du Roi tournoyait dans les airs et Maquereau dut faire appel à toute sa science d'escrimeur pour parvenir à faire ce qui suit. Reculant d'un pas, il s'affermit et revint à l'assaut en faisant pivoter sa lame de façon à envelopper le fer adverse. Le Roi adopta une garde haute et s'emmêla les guiboles. 
   « Prenez cela! Beaudoin! 
 - Palsambleu! cria le Roi. 
 - Vous en êtes un autre! » fit Maquereau. 
   Et, devant l'écran géant, à bord du USS Ontario: 
   « Superbe parade en Quarte! se réjouissait Matthew TheRiver. 
 - Mais c'est qu'il se défend rudement bien! riait Jeff le Balafré. 
 - Hum, faisait Monsieur Simok. 
 - Il mériterait presque que l'on change son nom pour un patronyme Klingon!! rugissait Krang en brandissant son couteau. MaKKereau Kasse-Tout! 
 - À la santé de notre Capitaine! criait le chef ingénieur Kaz. 
 - Hum », faisait Monsieur Simok. 
   Comme le Roi était de plus en plus acculé et maculé dans un coin et dans le sang, il cessa de se battre et cria: 
   « Par ma barbe, Duc! Mais vous vous battez diablement bien! Où donc avez-vous appris à bretter aussi somptueusement? 
 - Eh bien, à Starfleet Acad... Je veux dire à Southampton! 
 - Bien. Gardez votre femme. J'en ai marre. Il est tard. La guerre est finie. Bonne nuit, Duc! » 
   Sans un son entre les murs de pierre noire s'en fut le Roi un peu contrarié. Il avait arraché ses vêtements un par un dans le but de profiter pleinement du tiède et merveilleux contact physique que quelques secondes de sursis lui eurent permis de savourer. N'ayant pas pris le temps de ramasser guêtres, veste, cape et souliers, il se retrouvait donc presque nu dehors, en haut de la falaise. 
   Il ventait. Il faisait froid. Le Roi gueula: « Gonzales! Par ma barbe toute dépeignée! Viens à mon secours. J'ai même pas pu tirer mon coup avec la Duchesse, alors, c'est la moindre des choses, tu vas immédiatement me transporter jusqu'à Camelot par la voie des airs! T'entends? » 
   Mais l'Enchanteur demeura muet. L'Enchanteur n'était plus là. Cette nuit-là le Roi en fut quitte pour rentrer à pied jusqu'à Camelot, en grelottant comme un laquet. 
 


- VIII -

   Quelques jours s'étaient écoulés depuis la nuit de Tintagel, et le Duc Maquereau de Cornouailles s'évertuait à rétablir la paix sur ses terres. Il y avait du braconnage, des maraudeurs, des soldats déserteurs infestant les bois. Par-dessus le marché, le Roi avait certaine rancune contre son vassal Duc, mais envers et contre tous, celui-ci s'en tirait pas mal. C'est alors que survint un étranger, venu d'on ne sait où en France; un Chevalier errant, pratiquement pas susceptible mais qui cherchait la bagarre. Sur la route de la Cornouaille il s'était posté, juste devant le pont pour faire chier le peuple, et attendait. Si un soldat ou un autre chevalier venait lui demander la permission de traverser le pont pour pouvoir aller acheter un melon d'eau au village, le preux rétorquait: « Lève ta lance, si tu veux passer, et bats-toi! » 
   Si le manant s'entêtait, il se voyait culbuté dedans l'eau froide par le Chevalier. Alors le manant s'en allait en quête d'un soldat. Si le soldat s'entêtait, il se faisait enfoncer le casque sur les oreilles par le Chevalier. Alors le soldat s'en allait en quête d'un preux. Si le preux s'entêtait, il se faisait fendre le heaume par le Chevalier. Alors son écuyer, survivant, s'en allait en quête d'un Seigneur puissant. Et Justement ce jour-là le cortège du Duc de Cornouailles passait dans le coin. Le Duc fut mis au courant de la situation et, ordonnant à son épouse et à tout le cortège ducal de l'attendre là, il s'avança seul, dressé fièrement sur sa monture. 
   « Qu'est-ce que c'est que cette merde? » cria-t-il au Chevalier. 
   Pas de réponse. 
   « Qui êtes-vous pour oser bloquer mon pont? là? reprit-il. 
 - Je suis le Chevalier de l'île, dit l'étranger froidement. Mon nom est Sire Six le Clerc. Et je vous crache à la gueule. 
 - Hon? Mais je vais passer ce pont - qu'est à moi, soit dit en passant - malgré le fait que vous sembliez vouloir en faire votre petit joujou exclusif. Hop! Du vent!... ou je me fâche! » 
   Le Chevalier parût perplexe. 
   « Venez vous battre, fit-il. 
 - Funeste décision! » rugit le Duc en levant sa lance et en éperonnant son cheval au triple galop. 
   Le Duc Maquereau était sur le cul, assis dans l'herbe verte parmi les pivoines. Il n'avait même pas chuté, pas vu venir le coup. Il n'avait pas été désarçonné, non. L'instant d'avant il chargeait, puis, l'instant d'après, il était sur le cul, comme ça, sans transition. 
   Sire Six se remit en place à l'entrée du pont. Encore confus, Maquereau alla chercher son cheval quelques pas plus loin, le monta, sortit son épée, alla devant le Chevalier. 
   « Bonjour! fit-il très aimablement. 
 - Hum. Bonjour, dit le Chevalier d'un air méfiant. 
 - Ravissante journée, n'est-il point vrai, mon brave ami? 
 - À tout le vrai, messire, j'abonde en ce s... 
 - CLANGG!! fit l'épée du Duc sur l'armure de Sire Six. 
 - Aïe, commenta le Chevalier de l'île. 
 - Ça vous apprendra, sympathisa Maquereau. 
 - Merde, dit Six, j'aurais dû m'en douter. Le coup de la belle journée... Je marche à chaque fois! 
 - Pas les jours de pluie, rit Maquereau en remettant son épée au fourreau. Je puis passer, maintenant, avec ma suite? 
 - Nan. » 

- IX -

   Camelot était en effervescence ce soir-là. Un inconnu, un nouveau Chevalier venait d'arriver de France. Il arrivait avec tout un cortège de prisonniers et un adversaire illustre auquel il avait infligé la défaite. Gisant sur le chariot, blessé, délirant, le Duc de Cornouailles en personne nécessitait les soins des physiciens et des apothicaires du palais. 
   « J'ai vaincu cet homme au Pont, dit Sire Six le Clerc. Il doit être pansé avec toutes les plus grandes attentions, car c'est un adversaire de qualité! - Maintenant, à boëre! » 
   Le vin fut servi, et les gens de Maquereau allongèrent celui-ci dessus la paille fraîche afin de le soigner. Un maigre personnage  encapuchonné, courbé sur un bâton de sourcier, s'était glissé parmi les physiciens et observait le malade. Puis, quelques secondes plus tard, il ne fut plus là, mais nul ne s'en rendit compte. Dans la salle à dîner de l'auberge royale, Sire Six poursuivait cette même conversation qu'il avait savouré durant tout le trajet depuis le Pont jusqu'à Camelot: 
   « Sérieusement, que peut-ce être? demandait-il. 
 - Mais rien de très particulier, Sire! s'esclaffait Véro. 
 - Allons, il doit bien y avoir quelque chose! Les fraises? 
 - Je n'aime point les fraises, je vous assure que... 
 - La mirabelle, dans ce cas? 
 - Eh bien non, je... 
 - Le miel hollandais! Voilà! 
 - Absolument pas, Sire, fit la Duchesse. Vous ne... 
 - Enfin, mademoiselle, je vous en prie! Je dois savoir! 
 - Puisque je vous répète qu'il n'y a pas de... 
 - Impossible! Il y a forcément quelque mets secret que vous mangez pour être si belle. Celà ne se peut tout simplement pas! 
 - Puisque je vous répète qu... » 
   Et elle rougit brusquement. C'était la troisième fois. 
   « Ah? ah? » fit Six. Puis il tenta de nouveau: « Le lait des chèvres écossaises! Les infusions de racines! Les... 
 - Absolument non, Sire. Puisque je vous le dis! 
 - Sortant de si jolie bouche, un mensonge?! 
 - Je ne mens pas, sourit Véro. Il n'y a pas d'ingrédient secret. 
 - Je me refuse à le croire! Ce serait... ce serait admettre que la Perfection est de ce monde. Les moines enseignent le contraire!» 
   Elle rougit plus violemment encore. Quatrième fois. Ça ferait Six tôt ou tard. 
   De derrière une tenture, sur un balcon qui surplombait la salle, le Roi Beaudoin IX et l'Enchanteur Gonzales épiaient la scène et conversaient à voix basse. 
   « Regarde-la, Gonzales, murmurait le Roi. Son époux vient d'être blessé gravement par ce type, il git là-bas sur la paille souillée de sang et elle, n'allant pas même auprès de lui, ne regardant pas même dans cette direction, elle sourit à ce Chevalier de l'île et lui fait les beaux yeux et se laisse complimenter en rougissant toutes les trente secondes! 
 - Ce nouveau, dit Gonzales, me semble certes diablement habile en l'art de louanger les damoiselles. Regardez frémir cette pauvre Duchesse. La fleur sans cesse ocille entre la vigne et le roseau. 
 - Argh! Tu ne vas pas recommencer! gémit le Roi tout bas. Je t'ai dit de parler comme un être humain ordinaire. De faire des phrases à Sujet-Verbe-Complément. Comme ça: Elle-rou-git. Point. Sujet: Elle. Verbe: rou. Complément: git. Voilà! » 
   Et tous deux continuèrent d'observer en silence. 
 


- X -

   « L'est pas réellement blessé, assurait le Docteur Peller. Tout ça n'est qu'une homosexuelle foutaise holographico-toc pour tenter de gagner du fric que moi je vous dis, Monsieur Simok! 
 - Très bien, fit Monsieur Simok. Toutefois, Docteur, si notre Capitaine trépasse en deçà des limites virtuelles de cet univers programmé, l'entité cosmique se réservera le droit de procéder à une copulation tout à fait non-virtuelle avec la personne hélas tenue sous serment qui repose ici. Bien que ce fusse notre Capitaine lui-même qui avança ce "pari", je devine qu'il ne serait guère enthousiasmé de devoir ultérieurement se conformer aux obligations du vaincu. 
 - Qu'est-ce que vous me débitez-là? s'écria le Docteur. Il ne perdra pas son pari, Monsieur Simok! Ne vous faites donc pas de bile avec ça, allez! N'aurait pas proposé la connerie s'il n'avait pas été certain de la pouvoir la réussir. » 
   Le soir était tombé à Camelot lorsque le Duc Maquereau reprit ses esprits. Il ignorait où il se trouvait ni qui était là à son chevêt, semblant le veiller. 
   « Qui es-tu? hasarda-t-il dans l'obscurité. 
 - Fabrice. Moine. Z'avez soif? 
 - Où sommes-nous? 
 - Camelot. 
 - Camelot? Où est le Roi? Et le Chevalier qui m'a battu? 
 - Sais pas. N'suis qu'un moine. 
 - Va me quérir quelqu'un. N'importe qui. La première personne que tu trouveras qu'est pas un moine. » 
   Cinq minutes passèrent avant que le petit moine ne revint avec une bougie et quelqu'un. Mais ce n'était pas une bougie, et ce n'était ni quelqu'un. Debout auprès du lit, l'Enchanteur Gonzales tenait son long bâton de sourcier dont l'extrémité illuminait les parages immédiats tissés de brouillard nocturne. 
   « Bon Dieu! Gonzales! C'est de votre faute! 
 - Moi, le Bon Dieu? De ma faute? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre! Les cinq astres d'Avalon refusent de s'éveiller à votre parole, messire Duc. Les vivants dorment. Bienvenue à Camelot. 
 - Cesse tes jérémiades! Je veux qu'on m'emmène chez ce Chevalier! 
 - Z'êtes trop faiblard pour marcher, remarqua l'Enchanteur. 
 - En effet. Donc tu vas m'aider! Quelle est la raison d'être d'un Enchanteur, si ce n'est de faire de la magie? 
 - Holà! Je ne puis malheureusement vous être d'aucune aide. 
 - Mon cul ouais! Tu as aidé le Roi à entrer chez moi par effraction, l'autre nuit. Maintenant tu vas équilibrer ça! 
 - Peux pas. N'oubliez pas que vous êtes ici afin de vous tourner en ridicule autant que vous le pourrez, afin que l'Autre gagnât son petit pari. Hé? 
 - Qui ça, l'Autre? fit le Duc. Q-Mainv... 
 - Chu-u-t! » ordonna Gonzales. 
   Lorsqu'on le laissa seul, vers le milieu de la nuit, Maquereau décida de fouiller le palais de fond en combles malgré son handicap et sa grande faiblesse. Il se laissa glisser plutôt misérablement au bas de sa paillasse, serra les dents, roula sur le côté, puis rampa et rampa jusqu'à ce qu'il soit dans les corridors. Là, il se servit des rampes afin de se lever debout et, lentement, alla dans une direction aléatoire. L'obscurité était dense et l'on n'y voyait pas très loin devant soi. Mais l'on entendait. Parfaitement. Chaque son. Chaque maille que tissaient les araignées entre les poutres. 
   Le Duc se laissa donc diriger au son. Fermant les yeux, il se répétait: « Du calme. J'ai toute la nuit pour le trouver. » 
   Il trouva la chambre que le Roi avait donnée au Chevalier de l'île. Une chambre tout de même assez près de celle où il venait de s'éveiller de son inconscience. Trop près. Pourquoi diable le Roi avait-il installé Sire Six si près du Duc de Cornouailles? 
   Par jalousie, tout simplement. Le Chevalier de l'île était au lit avec Véro. 
   Rampant jusqu'au coin de leur porte, Maquereau épia durant quelques instants les deux formes enlacées sur les blanches couvertures, et il reconnût la chevelure qu'il connaissait si bien, le dos lisse et pâle qu'il aimait caresser. 
   Puis il rampa de reculons jusqu'au corridor et s'en alla. 
 


- XI -

   Maussade était le Roi en ce jour nouveau, l'oeil morne, attablé sans appétit devant son déjeuner que tous les paysans du royaume auraient considéré comme étant un festin. La nuit dernière, Véro avait dormi avec l'autre zigoto de Chevalier de Mes Deux. Cette tendre et doulce amante qu'il avait lui-même convoité, eh bien, elle était allé se jeter dans les bras du premier Français venu! Et puis qu'est-ce qu'il a que j'ai pas, ce Six? pensait le Roi. J'aimerais bien qu'on me le dise! 
   « Gonzales! Gonzales! appela-t-il. 
 - Votre Majesté? fit la voix de l'Enchanteur derrière lui. 
 - Gonzales, voilà, je tenais à te le dire: Je ne comprends pas les femmes! Est-ce que tu comprends? Dis? 
 - Oui, je les comprends, » expliqua l'Enchanteur. 
   Et après un court silence il ajouta: 
   « Ça m'a pris six mille ans. » 
   Le Roi se contenta de grogner et de dire qu'il n'avait pas faim. Il ordonna à ses écuyers d'aller distribuer son déjeuner aux pauvres du royaume, ce qui ne fut fait qu'à moitié, car les écuyers burent tout le vin et grignotèrent les fromages. 
   À ce moment entrait dans la salle de banquet le Chevalier de l'île tout frais et dispos, qui sifflait un air de l'Orléannais tout en nouant son haubert. Il semblait très heureux. Il vint mettre un genou par terre devant le Roi et lui souhaita le bon matin. Les valets de table servirent tout de suite un autre déjeuner, que le Chevalier engloutit en moins de deux. 
   « Je vous demande pas si vous avez bien dormi, Chevalier. 
 - Ah? fit Six, mais vous devriez, Seigneur Roi! Parce que j'ai très, très bien dormi. Votre palais est une merveille de confort. Vraiment! 
 - Vous n'avez pas eu froid j'espère? railla le Roi. 
 - Absolument pas, avoua le Chevalier. Pour tout vous dire, j'ai pu honorer cette nuit l'une des filles de votre royaume. Voilà comment j'ai pu me tenir bien au chaud de plaisante manière! 
 - Une fille de mon royaume? Rousse? 
 - Non. 
 - Ce n'est donc pas Marie, dit le Roi. Blonde? 
 - Non. 
 - Ce n'est donc pas Anne ou Dorothée, ni même Magdelon, dit le Roi. Brune alors? 
 - Non. 
 - Ce n'est donc point Josiane, ni Marcella, ni Rose-aimée, ni Berthiance ou sa jeune soeur Brigitte. Foncée alors? 
 - Eh oui! répondit Sire Six en engouffrant quelques oeufs cuits durs avec une chope d'hydromel. 
 - Ah! fit le Roi. C'est Véro! 
 - Par la barbe de Vercingétorix! s'écria Six, comment avez-vous deviné si rapidement? 
 - C'est la seule fille du royaume que je n'ai pas encore... Enfin, vous comprenez? Vous m'avez coupé l'herbe sous le pied. 
 - Désolé, Seigneur Roi. » 
 


- XII -

   Comme Véro pleurait seule dans la chambre que le Chevalier venait de quitter, Maquereau entra en claudiquant, le teint épuisé, et vint s'asseoir dans un large fauteuil devant elle. Il poussa un soupir de soulagement car le fauteuil était rembourré et surtout admirablement confortable. Séchant ses pleurs, Véro observa son époux sans mot dire. Elle avait tellement honte qu'elle n'osait parler. Dans les yeux de Duc elle ne lut point de rancune ni de colère, mais plutôt, à sa grande surprise, une étrange compassion qui remontait de très loin à l'intérieur, désarmante et pourtant lointaine encore. Elle s'alla agenouiller devant Maquereau et posa son front sur ses genoux. Elle savait qu'il saurait la pardonner, et elle acceptait de prendre le Temps contre elle. 
   « Tu lui diras lorsqu'il rentrera de déjeuner, » fit Maquereau qui avait tout deviné. Pas une seule parole de plus ne fut échangée ce matin-là. Le Duc retourna dans sa chambre, ramassa ses affaires, et descendit en bas où il retrouva le petit moine Fabrice devant les écuries. Il le héla, lui enjoignant de préparer immédiatement une monture pour Tintagel. Avant de sortir le rejoindre, Véro se vêtit en Duchesse, se para de tous ces atours, et attendit le Sire Six. Celui-ci revint bientôt de déjeuner en lançant: 
   « Véro! Où est-tu? N'est-tu donc pas venue déjeuner? Es-tu ainsi que ton Roi, sans appétit matinal? » 
   Il entre dans la chambre et voit. 
   « Je vais déjeuner à Tintagel, annonce-t-elle. 
 - C'est où? s'enquit le Chevalier courtoisement. Je vous conduis! 
 - Non pas, messire. Mon époux est remis de son duel et m'attend dans la cour du palais. Je pars. Interdiction formelle et totale de venir en pays de Cornouailles. Je ne dois plus vous rencontrer. Je suis navrée de ce qui se passa la nuit dernière. Considérons cela comme une sorcellerie de l'Enchanteur Gonzales, ou de quelque autre puissance cosmique de plus vaste envergure... 
 - Mais?... faisait le Chevalier. 
 - Adieu! lança-t-elle. 
 - Mais... ça alors! » soupirait Six. Il ne lui était jamais arrivé quelque chose de cette sorte durant toute sa carrière de séducteur émérite. Il descendit dans le Hall principal et vit effectivement son ennemi de la veille au Pont, le Duc Maquereau Casse-Tout de Cornouailles, faire monter son épouse en croupe et partir au trot vers les falaises tranchantes de Tintagel. Sire Six se retourna, perplexe, et vit accourir Berthiance suivie de sa jeune soeur Brigitte, toutes deux dégrafant leurs corsages et ôtant leurs robes en se précipitant vers lui pieds nus. Du côté des bergeries, la grande Anne, la belle Dorothée et la joyeuse bergère Magdelon reluquaient elles aussi le Chevalier de l'île. Celui-ci, en enlacant Berthiance et sa soeur et en les entraînant un peu à l'écart sur les bottes de paille, se dit que bien que le truc fonctionnât encore, il existait une exception à la règle. 
 

- XIII -

   Une rumeur d'allégresse parcourut le Pont Principal du USS Ontario alors que l'écran géant redevenait noir. Tous, sauf Monsieur Simok bien entendu, laissaient éclater leur joie. Le Lieutenant TheRiver alla même jusqu'à serrer Krang dans ses bras, et Krang alla ensuite serrer dans ses bras l'Amiral Ph'Hapou tout en profitant de l'occase pour lui relever discrètement une torgnole Klingon vite expédiée. L'Amiral évanoui fut aussitôt rattrapé par le Premier Officier Jeff le Balafré qui le serrait dans ses bras. 
   La porte du turbolift s'ouvrit et le Capitaine Casse-Tout et le Docteur Peller en sortirent sous un tonnerre d'applaudissements et de bravos. Dans le fauteuil de Commandement apparut un Q-Mainville déçu et apparemment très désappointé. Un lourd silence se fit, et Maquereau vint se tenir juste devant l'entité omnipotente qui se grattait le menton d'un air blasé. Un peu partout sur le Pont Principal, on entendait des rires étouffés et de très vilains murmures. Le chef ingénieur offrait la tournée générale de pizza. 
   S'adressant à Q-Mainville, Maquereau s'écria: « Soyez beau joueur, allez, disparaissez, sale tapette. » 
   Et l'autre disparut. Mais juste avant de disparaître: 
   « Vous ne perdez rien pour attendre, Casse-Tout! Sachez qu'un jour... ah! ah! ah! un jour vous serez à moi, à moi tout seul dans la nébuleuse d'Andromède!... » 

FIN


David Pêle-Mêle 
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