LES DEUX BARBUS
Ou le duel de Ti-Mé contre Diogène
par David Pêle-Mêle
.
  Je n'aurais pas dû, mais j'ai ouvert, par curiosité, le bouquin, si on peut appeler ça un bouquin, de monsieur Claude Meunier, ayant pour titre Journal d'un Ti-Mé. Et voici le tout premier extrait sur lequel je suis tombé:

   Et les autres, là, ceux qui se plaignent de la disparition des Incas et des Mayas. Pourquoi pas celle des Atakas un coup parti? Comme si un peuple disparaissait parce qu'il est trop évolué!

   Tâchons, si vous le voulez bien, de faire une exégèse succincte, puisqu'une étude plus longue serait un pensum, de ce morceau ignare qui, crois-je, sera certainement représentatif du reste de l'oeuvre si toutefois on peut appeler oeuvre un tel prurit.

   Explication numéro un: Claude Meunier est un hydrocéphale auquel un quelconque praticien aura posé un siphon, de sorte que l'eau est ressortie, puis que le sujet a l'air normal (mais l'intérieur de sa tête demeure tout de même une cavité désespérément c-r-e-u-s-e).

   Explication numéro deux: Claude Meunier est un troufion, et dans ce cas, nous n'avons aucun grief: c'est ainsi que se comportent les troufions, et qui donc est assez idiot, pour demander, par exemple, à un chien de ne pas courir après les bâtons, ou à une taupe, de ne pas creuser? - Soyons psychologues et ne cherchons point à modifier la nature ineffable des choses.

   Explication numéro trois: Claude Meunier est une "tache", ce qui nierait l'explication numéro un (ci-dessus), puisqu'un hydrocéphale n'est pas une tache et n'a aucune espèce de responsabilité quant au sort qui est le sien, alors qu'une tache si! Les taches sont ce que l'on appelle des malevolent beings... des entités, malveillantes et malintentionnées, préméditant leurs bassesses, l'oeil luisant et la dent miroitante, comme il se doit pour les méchants.

   Le passage compte trois phrases. Je n'ai pas à argumenter sur le contenu de la première phrase: il est vrai qu'il existe des gens se plaignant de la disparition des Aztèques, d'abord - merci à messire Cortès -, puis des Mayas, et même, des Incas. Je suis d'ailleurs du nombre de ces gens. Je considère que, dans l'Échelle Universelle du Mal, Cortès a réussi avec brio là où Hitler a échoué lamentablement puisque selon moi le Führer n'est qu'un enfant de choeur, à-côté de Cortès. Car si le But Ultime du Mal est d'ÉRADIQUER entièrement une civilisation, depuis la religion jusqu'aux moeurs en passant par la langue, les arts, l'urbanisme, l'architecture, et le reste, eh bien Cortès a réussi, et Hitler, pas. Voilà pour ça.

   Mais à présent, notre phrase numéro deux: Pourquoi pas celle des Atakas un coup parti? Les Atakas? Je ne comprends pas. Personne n'a jamais parlé devant moi de ces mystérieux Atakas! Vivaient-ils plus au sud, avec les Nazcas? ou bien étaient-ils plus anciens, tels les Olmèques de La Venta? Non? Ah!, je comprends, maintenant: il s'agit d'un JEU DE MOTS! Haa! haa! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! Oui! oui! J'la pogne maintenant: Québec; le temps des fêtes; les ceintures fléchées; la dinde; les atakas... Je comprends! Haa! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! Quel petit fou, ce rigolo de Meunier! Toujours le mot pour rire, vraiment!

   Et puis finalement notre phrase numéro trois: Comme si un peuple disparaissait parce qu'il est trop évolué! Mais qu'est-ce que c'est que ça? Que veut-il insinuer? Quelque part, quelqu'un a-t-il avancé un jour une théorie selon laquelle les Mayas auraient disparu parce qu'ils étaient « trop évolués »? Qu'est-ce que c'est que ce stupide putain de bordel de merde de baratin de mes deux couilles? L'auteur se perd ici dans des réflexions à peine esquissées, et qui lui sont propres, et qu'il néglige de clarifier, ou d'approfondir ne serait-ce qu'un tout petit peu - de sorte que le lecteur a l'impression de se trouver dans le crâne (un peu désert) d'un interné incohérent et balbutiant, qui tournoie inlassablement dans ses pensées sans queue ni tête, et qui s'y complaît! Les Mayas n'étaient PAS très évolués, ils ne connaissaient pas la roue, ni la métallurgie complexe, et en passant, l'aéronef de la série animée, Les mystérieuses Cités d'or, le fameux Grand Condor, n'a jamais existé. Vous pondez, monsieur le Meunier, des phrases qui ne signifient rien, comme dit Shakespeare, pleines de bruit et de fureur. Gardez-les donc pour vous, s'il vous plaît, la prochaine fois. Merci par avance.
 

 RECOMMANDATION AU LECTEUR

   Si vous ne pouvez plus lire du Ti-Mé me direz-vous, comme la vie serait triste! Mais je vous répondrai: « Pas de problème, il existe des alternatives, comme par exemple Diogène Laërce, un monsieur qui raconte la vie des voyous de jadis. (C'est de très, très loin, plus drôle que Claude Meunier.)

   Voici, pour vous mettre en appétit, quelques-unes des meilleures pointes de Diogène, que je suis allé pêcher à votre intention, dans ce livre qui pourtant n'est pas jeune-jeune:

   Un jour, un homme le fit entrer dans une maison richement meublée, et lui dit: « Surtout ne crache pas par terre. » Diogène, qui avait envie de cracher, lui lança son crachat au visage, en lui criant que c'était le seul endroit sale qu'il eût trouvé.

   Quelqu'un voulait étudier la philosophie avec lui. Diogène l'invita à le suivre par les rues en traînant un hareng. L'homme eut honte, jeta le hareng et s'en alla, sur quoi Diogène, le rencontrant peu après, lui dit en riant: « Un hareng a rompu notre amitié. »

   Platon ayant défini l'homme un animal à deux pieds sans plumes, et l'auditoire l'ayant approuvé, Diogène apporta dans son école un coq plumé, et dit: « Voilà l'homme selon Platon. »

   Aux jeux olympiques, le héraut ayant proclamé: «Dioxippe a vaincu les hommes », Diogène répondit: « Il n'a vaincu que des esclaves; les hommes, c'est mon affaire. »

   Alexandre [le Grand] ayant envoyé une lettre à Antipatros, à Athènes, par l'intermédiaire d'un messager qui s'appelait Piteux, Diogène, qui se trouvait là à son arrivée, dit: «Piteux, tu viens piteusement à un piteux de la part d'un piteux. »

   Un jour, il cria: « Holà! des hommes! » On s'attroupa, mais il chassa tout le monde à coups de bâton, en disant: « J'ai demandé des hommes, pas des déchets! »

   On demandait à Diogène à quel âge il faut prendre femme, il répondait: « Quand on est jeune, il est trop tôt, quand on est vieux il est trop tard. »

   [Diogène] fut fait prisonnier et vendu, et on lui demanda ce qu'il savait faire. Il répondit: « Commander », et cria au héraut: « Demande donc qui veut acheter un maître. »

   Il entendit dire un jour que le joueur de flûte Testicule avait été convaincu d'adultère. « Il mérite d'être pendu par son nom », dit-il.
 

 LE FIN MOT DE CETTE HISTOIRE DE FOUS

   N'importe quel autre scribouillard vous dirait: « Je ne suis pas fou et ne suis pas non plus sans ignorer qu'en crachant sur Meunier je me fais, au Québec seulement, six cent quatre-vingt dix millions deux cent cinquante-huit mille neuf cent quarante-trois ennemis, et quelques détracteurs. Mais bon, moi, puisque je SUIS fou justement, je l'ignore; je crache sur ce gars comme je cracherais sur Pancrace Baillargeon, le vieux fossoyeur alcoolique du village de Saint-Côme de la Bostonnais, qui est un quidam parfait, comme dit Béart.

   Or s'il y a parmi vous quelques Docteurs Spécialistes De Meunier qui veulent se coltiner, par écrit, avec moi, j'ai rien contre mais je vous sommerai de m'envoyer des extraits de textes de Meunier qui soient aussi intelligents ET drôles que ceux (par exemple) recopiés ci-haut, qui sont du cru de Diogène. Je suis sûr hélas! que même le spécialiste le plus « calé » en meunierisme ne saura pas me fourrer sous le nez des choses qui me cloueront le bec... Mais, vous pouvez toujours essayer! Moi, j'avoue n'avoir pas tout lu ce que le pauvre homme a écrit - Dieu m'en garde! -, mais ce que j'en ai lu, jusqu'à date, est véritablement bête à pleurer... Voilà... Fin.
 
 

David Pêle-Mêle 
.
..
OPTIONS DE NAVIGATION
HAUT DE LA PAGE - ACCUEIL - CONTES ET RÉCITS - VIE COMMUNE - BASTONNADE
DÉSOBLIGEANCE - BARATINAGE - LIENS FAVORIS - TEXTES DIVERS - NOS HOMMAGES

Hit-Parade

.

© 1997-2001 Rastaquouèbec Divertissement -Tous droits réservés