Je n'aurais pas dû, mais j'ai ouvert, par curiosité, le bouquin,
si on peut appeler ça un bouquin, de monsieur Claude Meunier, ayant
pour titre Journal d'un Ti-Mé. Et voici le tout premier extrait
sur lequel je suis tombé:
Et les autres, là,
ceux qui se plaignent de la disparition des Incas et des Mayas. Pourquoi
pas celle des Atakas un coup parti? Comme si un peuple disparaissait parce
qu'il est trop évolué!
Tâchons, si vous le
voulez bien, de faire une exégèse succincte, puisqu'une étude
plus longue serait un pensum, de ce morceau ignare qui, crois-je, sera
certainement représentatif du reste de l'oeuvre si toutefois on
peut appeler oeuvre un tel prurit.
Explication numéro
un: Claude Meunier est un hydrocéphale auquel un quelconque praticien
aura posé un siphon, de sorte que l'eau est ressortie, puis que
le sujet a l'air normal (mais l'intérieur de sa tête demeure
tout de même une cavité désespérément
c-r-e-u-s-e).
Explication numéro
deux: Claude Meunier est un troufion, et dans ce cas, nous n'avons aucun
grief: c'est ainsi que se comportent les troufions, et qui donc est assez
idiot, pour demander, par exemple, à un chien de ne pas courir après
les bâtons, ou à une taupe, de ne pas creuser? - Soyons psychologues
et ne cherchons point à modifier la nature ineffable des choses.
Explication numéro
trois: Claude Meunier est une "tache", ce qui nierait l'explication numéro
un (ci-dessus), puisqu'un hydrocéphale n'est pas une tache et n'a
aucune espèce de responsabilité quant au sort qui est le
sien, alors qu'une tache si! Les taches sont ce que l'on appelle des malevolent
beings... des entités, malveillantes et malintentionnées,
préméditant leurs bassesses, l'oeil luisant et la dent miroitante,
comme il se doit pour les méchants.
Le passage compte trois phrases.
Je n'ai pas à argumenter sur le contenu de la première phrase:
il est vrai qu'il existe des gens se plaignant de la disparition des Aztèques,
d'abord - merci à messire Cortès -, puis des Mayas, et même,
des Incas. Je suis d'ailleurs du nombre de ces gens. Je considère
que, dans l'Échelle Universelle du Mal, Cortès a réussi
avec brio là où Hitler a échoué lamentablement
puisque selon moi le Führer n'est qu'un enfant de choeur, à-côté
de Cortès. Car si le But Ultime du Mal est d'ÉRADIQUER entièrement
une civilisation, depuis la religion jusqu'aux moeurs en passant par la
langue, les arts, l'urbanisme, l'architecture, et le reste, eh bien Cortès
a réussi, et Hitler, pas. Voilà pour ça.
Mais à présent,
notre phrase numéro deux: Pourquoi pas celle des Atakas un coup
parti? Les Atakas? Je ne comprends pas. Personne n'a jamais parlé
devant moi de ces mystérieux Atakas! Vivaient-ils plus au sud, avec
les Nazcas? ou bien étaient-ils plus anciens, tels les Olmèques
de La Venta? Non? Ah!, je comprends, maintenant: il s'agit d'un JEU DE
MOTS! Haa! haa! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha!
ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha!
ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha!
ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha!
ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! Oui! oui!
J'la pogne maintenant: Québec; le temps des fêtes; les ceintures
fléchées; la dinde; les atakas... Je comprends! Haa! ha!
ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! Quel petit fou, ce rigolo de Meunier! Toujours
le mot pour rire, vraiment!
Et puis finalement notre phrase
numéro trois: Comme si un peuple disparaissait parce qu'il est
trop évolué! Mais qu'est-ce que c'est que ça?
Que veut-il insinuer? Quelque part, quelqu'un a-t-il avancé un jour
une théorie selon laquelle les Mayas auraient disparu parce qu'ils
étaient « trop évolués »? Qu'est-ce que
c'est que ce stupide putain de bordel de merde de baratin de mes deux couilles?
L'auteur se perd ici dans des réflexions à peine esquissées,
et qui lui sont propres, et qu'il néglige de clarifier, ou d'approfondir
ne serait-ce qu'un tout petit peu - de sorte que le lecteur a l'impression
de se trouver dans le crâne (un peu désert) d'un interné
incohérent et balbutiant, qui tournoie inlassablement dans ses pensées
sans queue ni tête, et qui s'y complaît! Les Mayas n'étaient
PAS très évolués, ils ne connaissaient pas la roue,
ni la métallurgie complexe, et en passant, l'aéronef de la
série animée, Les mystérieuses Cités d'or,
le fameux Grand Condor, n'a jamais existé. Vous pondez, monsieur
le Meunier, des phrases qui ne signifient rien, comme dit Shakespeare,
pleines de bruit et de fureur. Gardez-les donc pour vous, s'il vous plaît,
la prochaine fois. Merci par avance.
RECOMMANDATION AU LECTEUR
Si vous ne pouvez plus lire
du Ti-Mé me direz-vous, comme la vie serait triste! Mais je vous
répondrai: « Pas de problème, il existe des alternatives,
comme par exemple Diogène Laërce, un monsieur qui raconte la
vie des voyous de jadis. (C'est de très, très loin, plus
drôle que Claude Meunier.)
Voici, pour vous mettre en
appétit, quelques-unes des meilleures pointes de Diogène,
que je suis allé pêcher à votre intention, dans ce
livre qui pourtant n'est pas jeune-jeune:
Un jour, un homme le
fit entrer dans une maison richement meublée, et lui dit: «
Surtout ne crache pas par terre. » Diogène, qui avait envie
de cracher, lui lança son crachat au visage, en lui criant que c'était
le seul endroit sale qu'il eût trouvé.
Quelqu'un voulait étudier
la philosophie avec lui. Diogène l'invita à le suivre par
les rues en traînant un hareng. L'homme eut honte, jeta le hareng
et s'en alla, sur quoi Diogène, le rencontrant peu après,
lui dit en riant: « Un hareng a rompu notre amitié. »
Platon ayant défini
l'homme un animal à deux pieds sans plumes, et l'auditoire l'ayant
approuvé, Diogène apporta dans son école un coq plumé,
et dit: « Voilà l'homme selon Platon. »
Aux jeux olympiques,
le héraut ayant proclamé: «Dioxippe a vaincu les hommes
», Diogène répondit: « Il n'a vaincu que des
esclaves; les hommes, c'est mon affaire. »
Alexandre [le Grand]
ayant envoyé une lettre à Antipatros, à Athènes,
par l'intermédiaire d'un messager qui s'appelait Piteux, Diogène,
qui se trouvait là à son arrivée, dit: «Piteux,
tu viens piteusement à un piteux de la part d'un piteux. »
Un jour, il cria: «
Holà! des hommes! » On s'attroupa, mais il chassa tout le
monde à coups de bâton, en disant: « J'ai demandé
des hommes, pas des déchets! »
On demandait à
Diogène à quel âge il faut prendre femme, il répondait:
« Quand on est jeune, il est trop tôt, quand on est vieux il
est trop tard. »
[Diogène] fut
fait prisonnier et vendu, et on lui demanda ce qu'il savait faire. Il répondit:
« Commander », et cria au héraut: « Demande donc
qui veut acheter un maître. »
Il entendit dire un
jour que le joueur de flûte Testicule avait été convaincu
d'adultère. « Il mérite d'être pendu par son
nom », dit-il.
LE FIN MOT DE CETTE HISTOIRE DE
FOUS
N'importe quel autre scribouillard
vous dirait: « Je ne suis pas fou et ne suis pas non plus sans ignorer
qu'en crachant sur Meunier je me fais, au Québec seulement, six
cent quatre-vingt dix millions deux cent cinquante-huit mille neuf cent
quarante-trois ennemis, et quelques détracteurs. Mais bon, moi,
puisque je SUIS fou justement, je l'ignore; je crache sur ce gars comme
je cracherais sur Pancrace Baillargeon, le vieux fossoyeur alcoolique du
village de Saint-Côme de la Bostonnais, qui est un quidam parfait,
comme dit Béart.
Or s'il y a parmi vous quelques
Docteurs Spécialistes De Meunier qui veulent se coltiner, par écrit,
avec moi, j'ai rien contre mais je vous sommerai de m'envoyer des extraits
de textes de Meunier qui soient aussi intelligents ET drôles que
ceux (par exemple) recopiés ci-haut, qui sont du cru de Diogène.
Je suis sûr hélas! que même le spécialiste le
plus « calé » en meunierisme ne saura pas me fourrer
sous le nez des choses qui me cloueront le bec... Mais, vous pouvez toujours
essayer! Moi, j'avoue n'avoir pas tout lu ce que le pauvre homme a écrit
- Dieu m'en garde! -, mais ce que j'en ai lu, jusqu'à date, est
véritablement bête à pleurer... Voilà... Fin.
David
Pêle-Mêle
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