Épilogue
: n.m. (gr. epilogos, péroraison). 1. Conclusion d’un ouvrage littéraire.
2. Fig. Fin, conclusion d’une histoire, d’une affaire.
Je
ne sais pas pour vous, mais il y a des publicités en ce moment qui
m’horripilent d’une manière grandiose. Surtout celles qui mettent
l’accent sur les bons sentiments, la responsabilité individuelle
et la bonne pensée si caractéristique des caves nord-américains.
En France, nos femmes ne se rasent peut-être pas les aisselles et
nous ne nous lavons peut-être qu’une seule fois par mois, mais au
moins, on ose critiquer, bande de flageolets trop cuits ! Quelques exemples.
La
Sécurité au Travail
Vous avez tous vu
ce message du gouvernement mettant en vedette un ouvrier en bâtiment
qui tombe du 3225698 ème étage de son lieu de travail. Rappelez-vous:
Michel
a 38 ans. Beau garçon, sportif, Michel est en amour par dessus la
tête avec sa belle Josée. Il vont partir demain, sans les
enfants. Mais il ne partira pas. Pas plus qu’il ne verra sa belle Josée.
Il y a quelques minutes, Michel, confiant et sûr de lui, ne s’est
pas
attaché,
et le DESTIN a frappé. Il avait pourtant de bonnes raisons de s’attacher...
À LA VIE!
Pathétique.
Épilogue à
cette pub: Depuis la mort de son Michel, Josée s’est mariée
avec Jean-Philippe. Contrairement à Michel, Jean-Philippe ne boit
pas pour oublier son travail éreintant, ni ne bat Josée pour
se relaxer. De plus, Jean-Philippe travaille au rez-de-chaussée
dans une caisse populaire, à Laval, ce qui l’empêche de tomber
du 3225698 ème étage.
Mes amis, n’allons
pas plus loin. On va encore me traiter de nazi. Les accidents au travail
font partie des vicissitudes de notre quotidien. Et la connerie humaine
augmente sensiblement leur probabilité. Blâmons donc la bêtise
plutôt que le Destin. Certains me diront: "Mais ce message s’adresse
à l’entourage de ces personnes pour qu’ils les sensibilisent en
retour!"
Soit.
Mais le milieu de
travail en construction est un milieu extrêmement machiste. Je doute
fort que le protagoniste en question écoute sa blonde. "Chéri,
promets-moi d’être prudent demain, quand tu iras poser les écrous,
au 3225698 ème étage..."
Si Michel est assez
cave pour faire le gonzo ou se croire au Cirque du Soleil et bien tant
pis pour lui. Comme le disait Darwin "À ce rythme, où se
tuent les mauvais ouvriers en bâtiment, ils ne restera que les bons,
et alors nos maisons ne s’en porteront pas plus mal."
Gap
et ses Braies
Ah! la belle pub
de Gap avec ses pantalons de merde! Ah! quel joli spectacle de voir tous
ces jeunes danseurs qui évoluent sur la musique de West Side
Story. Si t’es cool, t’es en jean. Si t’es poche, t’es à poil.
Épilogue à
ce navet: Shamira est une jeune Indonésienne de 14 ans. Elle a été
engagé par l’entreprise (Gap) pour quelques rupiahs. Puis elle a
été
emmenée sur une petite île du Pacifique, où elle travaille
16 h par jour. Si elle travaille bien, elle aura droit à un passeport
pour l’Amérique. Sinon, elle sera jetée aux requins.
De toute façon, ce ne sont pas les associations pour les droits
de l’Homme qui iront vérifier ses conditions de travail et d’hygiène
au beau milieu de nulle part.
Le plus ironique
dans tout ça? J’imagine bien les hauts-parleurs de l’usine grésillant
West Side Story.
I like to be in
America
Okay by me in
America
Everything free
in America
For a small fee
in America
Maintenant, à
chaque fois que vos grosses fesses d’Occidentaux moyens mouleront des jeans,
pensez à Shamira. Ou alors soyez moins cons, achetez canadien. J’en
entends certains "Pfff, un Français humaniste à c’t’heure."
Oui, et je vous emmerde.
Mais vous avouerez que cela fait du bien de vivre du bon coté de
la planète, non?
Michelin
et ses Pneus
Quitte à bitcher
en tant qu’humaniste, autant bitcher sur ce que je connais le plus, c’est-à-dire
mon propre pays. Et Michelin commence sérieusement à me les
gonfler (les gonades, pas les pneus). La pub en question montre un bébé
(!) avec son chapeau colonialiste (!!) qui, à bord d’un pneu, admire
de ses grandes mirettes bleues la performance d’un véhicule muni
de pneus Michelin (!!!).
Leçon de marketing
101: le bébé fait vendre. Utilisez le bébé.
Pour tout et n’importe quoi. Du lait, des couches, une voiture, des pneus,
une boîte de choucroute ou une vidéo pirate du dernier condamné
à mort au Texas. Le bébé? Quelle originalité!
Michelin. Parce que
les pneus, c’est important.
Épilogue à
cette merde: "Salut. Je m’appelle Loïc. J’habite dans le Nord Pas-de-Calais,
en France. Michel, mon papa, travaillait à l’usine Michelin de Ste-Poisse-sur-Meuse.
Mais ils ont fermé. Raison de relocalisation économique,
je sais pas trop. Tout ce que je sais, c’est que mon papa a travaillé
25 ans chez eux. Et ils ne lui ont rien donné. À part une
cirrhose du foie et un mal de dos permanent. Et, maintenant, mon vieux
reste à la maison. À rien foutre. À boire. Ça
me fait mal de le voir comme ça. Tandis qu’eux font de la pub pour
vendre leur merde en Amérique. Ça me dégoûte.
Le gouvernement a bien tenté quelque chose. Ça n’a pas marché.
Pour une raison de croissance économique. Et mon père?
Michel (TM). Parce
que mon vieux, c’est important."
Maurice
"Rocket" Richard
Pas d’épilogue
pour lui. Il a su l’écrire tout seul.
Après deux
ans de matchs, il a perdu contre l’équipe des métastases.
Je n’ai rien contre
lui, au contraire. Mais c’est contre la médiatisation de sa mort,
que je m’insurge. Soit les journalistes n’ont vraiment rien d’autre à
foutre, soit il existe un plaisir malsain dans la populace québécoise
que de ranimer les mort, ultime soubresaut d’un macabre plaisir (oh, la
joli phrase). Je pense que les nations ont les héros qu’elles méritent.
L’URSS a eu Lénine, la France, Napoléon, l’Argentine, Che
Guevera, l’Italie, tous les papes, et le Japon, Kurosawa. En plus modeste:
l’Angleterre a Jonh Lennon, et l’Allemagne, Hitler. Et vous, Québécois,
vous avez eu Maurice Richard. Vous ne voulez pas canoniser l'ami Pierre
Péladeau tant que vous y êtes?
Bon, ceci dit, comme
me le faisait si bien remarquer le Rastaquouère, je reçois
très peu de courrier. Alors à vos plumes! Je me ferai un
plaisir de ne pas y répondre, bande de concentrés de soupe
Chunky (TM).
Le
Français
|