À
la vérité, l'archiduchesse n'avait pratiquement rien entr’aperçu,
et ne put qu’émettre en son for intérieur quelques hypothèses,
qui ne manquèrent pas de la troubler, car nous verrons qu'elle était,
de loin, la plus prude d’entre nous tous. Le lecteur sera peut-être
surpris d'apprendre que les moeurs étaient à ce point tordues,
à Montréal, cette année-là. Qu'il sache seulement
que, depuis que les sujets du Roi avaient aboli toute forme d'interdit
sexuel, des scènes torrides ne manquaient pas de se produire dans
les salons de l'érotocratie. Lorsque nous cessâmes de parler
de vertu et d'honneur, pour nous consacrer à la passion, les femmes
et les hommes de moeurs libres se trouvèrent opposés à
ceux qui attachaient de l'importance à des valeurs aussi dégoûtantes
que l'abstinence, la fidélité et la jalousie… Pour un homme
ou une femme de raison, dans l'érotocratie, tout ces sentiments
témoignaient d'une profonde bassesse.
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Les hommes et les
femmes nobles étaient ceux qui se donnaient gratuitement. Les courtisans,
moins versés dans l'art érotique, se faisaient payer. La
seule autre option était de passer dans le camp ennemi, car refuser
de faire l'amour était interdit.
Mathilde, ma maîtresse,
était une courtisane. Elle refusait, en effet, de s'offrir aux hommes
et aux femmes sans au moins obtenir une forte somme. Elle croyait pouvoir
éloigner les prétendants en demandant des prix exorbitants,
mais ce faisant, au contraire, elle en attirait plusieurs.
Toute la fortune
qui provenait de la vente de mes tableaux retombait entre ses mains; je
la voyais toutes les nuits, sauf quelquefois, où l'orgie valait
la peine de rester. Mathilde était un peu rebelle.
Je l'avais rencontrée
alors que je faisais une promenade: elle était malade, et titubait
le long des murs de la rue Saint-Dominique. J'appris plus tard qu'elle
avait été empoisonnée. Je l'emmenai chez moi, où
elle vomit partout, mais, heureusement, mon domestique était là
pour tout ramasser.
Mathilde était
une jolie femme au buste petit et étroit, à la taille ployée,
et aux longues jambes fines. Ses cheveux étaient noirs, longs et
bouclés. Je décidai de la prendre, malgré qu'elle
fut très malade. J'en profitai pendant qu'elle était à
quatre pattes et qu'elle vomissait. Je soulevai sa robe, abaissai sa culotte,
et ma main se mit à la caresser. Elle émit de petits gémissements.
Je m'agenouillai derrière elle, la prit par les hanches, et pénétrai
profondément en elle. Je sentis que ses muscles se contractaient
autour de mon phallus, comme pour le garder en elle.
Elle avait arrêté
de vomir; son essence se mit à couler de par sa fente sur mes cuisses,
et je finis par jouir en elle.
Durant la journée,
elle m'accueillait en de rares occasions. Ces jours-là, elle soulevait
habituellement les cuisses de façon à les replier contre
elle-même. D'autres rares fois, Mathilde se mettait à quatre
pattes, les mains et les pieds reposant sur le sol, et je commençais
par lui caresser le dos tout en la pénétrant lentement, puis
j'augmentais lentement la vitesse, et, enfin, j'alternais entre une union
lente et rapide.
* * *
Il était temps
pour nous d'aller chez la comtesse de Chérilus. Dans la voiture,
Valentin montrait une mine satisfaite. La séduction qu'il avait
opérée sur la marquise de Nazir Khan le rendait rêveur.
Le silence demeura jusqu'à ce qu'on atteigne la rue de l'Épée,
et la somptueuse demeure du comte de Chérilus.
Le comte était
absent, ce jour là. Une vingtaine d'invités discutaient dans
la cour. Nous saluâmes dignement la comtesse de Chérilus,
qui était admirable ce soir-là. Elle était revêtue
d'une robe de satin noir, légère et moulante. Nous eûmes
tout le loisir d'admirer ses seins, qui semblaient étouffer dessous
sa robe, puisqu’ils devaient bien être chacun de la taille d'un melon.
Elle avait fait un chignon de ses cheveux blonds, et quelques mèches
tombaient sur ses épaules nues. Bref, elle avait une grâce
et un attrait indéniables.
Cependant, sa beauté
était quelque peu éclipsée par la présence
de deux jolies damoiselles, auprès desquelles nous prîmes
place. Parentes lointaines du Roi, les damoiselles de Châteaubleu
daignaient quelquefois honorer de leur présence le salon d'Isabelle
de Chérilus. Peu de temps après, Valentin nous laissa, Mignolet
et moi, défrayer les frais de la conversation avec ces deux jeunes
personnes qui du reste n'étaient pas si intéressantes qu'on
eût pu l'imaginer.
Le salon de la comtesse
était plutôt désert ce soir-là. Il y avait certes
de vieux libertins qui racontaient scandaleusement leurs débauches
passées, mais aucune figure inconnue n'était en mesure de
distraire nos esprits blasés par la fréquentation continue
de l’endroit. Même François d'Eautrouble, qui infestait d'habitude
les lieux de sa pestilentielle présence, n'était pas au rendez-vous
(ce qui me consolait un peu). La comtesse nous parla d'une expérience
érotique qu'elle avait eue avec une pieuvre, cet après-midi-là,
et Valentin sembla fasciné par ce récit. Pour ma part, c'était
une avenue qui ne m'intéressait guère.
Le sommelier nous
servit un vin allemand. Nous le bûmes en mangeant de somptueux hors-d'oeuvres.
La comtesse nous abandonna.
La conversation des
damoiselles de Châteaubleu m'exaspérait totalement, mais Mignolet
semblait y prendre un certain goût. Je le laissai donc poursuivre
l’entretien, et je me mis à la recherche de Valentin.
Je me dirigeai à
l'intérieur de la maison du comte. Après avoir jeté
un coup d'oeil dans le salon, dans la salle à dîner et dans
le fumoir, je décidai d'investir le boudoir. Ce que je vis en cet
endroit tenait du merveilleux. L'une de mes toiles - que j'avais offerte
au comte de Chérilus et qui représentait un satyre poursuivant
une jeune femme nue - était suspendue au mur, et imposait à
ces lieux une subtile atmosphère de perversion. Valentin, entièrement
nu, était allongé sur un sofa luxueux, les bras posés
derrière la tête. Isabelle de Chérilus, nue elle aussi,
s'était agenouillée devant lui, et lui suçait tendrement
le Guerrier. Cependant, cette fois-ci, je ne bénéficiai point
de quelque chose qui put me cacher adéquatement, et c'est pourquoi
je fus immédiatement découvert par le couple d’amants.
- Gustave, il est
temps pour toi de t'élever au-dessus du niveau des voyeurs pour
atteindre celui de participant, me dit Valentin.
- Je ne puis participer
à vos ébats. En effet, je réserve mes forces pour
la douce Mathilde, que je dois rencontrer au bal masqué.
- Tes sens n'en seront
que plus aiguisés, me répondit Valentin.
- Venez, Gustave,
dit Isabelle de Chérilus en me lançant un regard langoureux.
Après quoi,
sans que son regard ne quitte le mien, elle se mit à passer sa langue
sur le Sceptre de Jade de mon ami Valentin, allant et venant pendant de
longs instants, jusqu'à ce qu'elle engouffre entièrement
l'objet dans sa bouche. Valentin se mit à osciller du bassin, suivant
le rythme qu'Isabelle lui imposait.
Isabelle de Chérilus
était agenouillée devant Valentin, et j'avais une vue splendide
sur son postérieur. Je me défis de mes vêtements et
m'approchai d'elle. Je caressai pendant un court instant son Lotus déjà
mouillé, et puis je fis entrer mon phallus en contact avec son joli
petit derrière. Elle fit un geste acrobatique surprenant: ses mains
vinrent introduire profondément mon sexe dans le sien, sans qu'elle
n'arrête pour autant l'action de sa bouche sur Valentin.
Je me mis à
aller et venir en suivant les mouvements d'Isabelle. Je la pénétrai,
lentement, tout d'abord, puis j'augmentai la cadence. Mes mains s'appuyèrent
sur sa croupe et sur le bas de son dos, à l'endroit où se
décrivait le plus profondément la courbe engendrée
par notre position. J'éprouvai une volupté sans pareille
en sentant ses fesses entrer en contact avec mes cuisses. J'avais toujours
désiré me rapprocher de cette femme, et, pour la première
fois, elle acceptait que je vinsse en elle. Pendant ce temps, Valentin
éjaculait férocement dans les cheveux et sur le visage de
notre belle comtesse.
Sentant que je ne
tiendrais pas longtemps à ce rythme, je résolus d'essayer
quelque chose de différent. Je me retirai pour un cours moment,
et déposai Isabelle sur le sofa où naguère se trouvait
Valentin. Je me mis au-dessus d'elle, et accédai lentement à
son ventre. Mes mains serrèrent ses douces cuisses, et ma langue
parcourut son cou
et ses épaules. Nous fîmes l'amour ainsi pendant un long moment,
jusqu'à ce que je décide de la faire venir sur moi. Après
que je l'eus assise sur mes cuisses, prenant garde de ne point me retirer
d'elle, Valentin écarta ses fesses et força sa verge maintenant
ranimée à entrer dans son anus. Elle gémit de douleur
et de plaisir, si fort que l'on dût l'entendre à l'extérieur
de la maison. Nos corps suivaient un rythme tribal. Je regardais intensément
le visage affolé d'Isabelle, tout en promenant mes mains le long
de ses cuisses trempées par le fluide de sa passion. La sueur perlait
sur son front, et elle continuait à m'embrasser alors que Valentin
et moi provoquions son extase. Ses seins ronds, maintenant affermis, étaient
pressés par mon ami. Nous étions deux à la serrer,
à la caresser et à l'aimer.
Je déversai
un océan de semence à l'intérieur d'elle.
Gary
Del Monte
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