ÉROTOCRATIE
MATHILDE – LE SALON DES CHÉRILUS
par Gary Del Monte
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À la vérité, l'archiduchesse n'avait pratiquement rien entr’aperçu, et ne put qu’émettre en son for intérieur quelques hypothèses, qui ne manquèrent pas de la troubler, car nous verrons qu'elle était, de loin, la plus prude d’entre nous tous. Le lecteur sera peut-être surpris d'apprendre que les moeurs étaient à ce point tordues, à Montréal, cette année-là. Qu'il sache seulement que, depuis que les sujets du Roi avaient aboli toute forme d'interdit sexuel, des scènes torrides ne manquaient pas de se produire dans les salons de l'érotocratie. Lorsque nous cessâmes de parler de vertu et d'honneur, pour nous consacrer à la passion, les femmes et les hommes de moeurs libres se trouvèrent opposés à ceux qui attachaient de l'importance à des valeurs aussi dégoûtantes que l'abstinence, la fidélité et la jalousie… Pour un homme ou une femme de raison, dans l'érotocratie, tout ces sentiments témoignaient d'une profonde bassesse.

Les hommes et les femmes nobles étaient ceux qui se donnaient gratuitement. Les courtisans, moins versés dans l'art érotique, se faisaient payer. La seule autre option était de passer dans le camp ennemi, car refuser de faire l'amour était interdit.

Mathilde, ma maîtresse, était une courtisane. Elle refusait, en effet, de s'offrir aux hommes et aux femmes sans au moins obtenir une forte somme. Elle croyait pouvoir éloigner les prétendants en demandant des prix exorbitants, mais ce faisant, au contraire, elle en attirait plusieurs.

Toute la fortune qui provenait de la vente de mes tableaux retombait entre ses mains; je la voyais toutes les nuits, sauf quelquefois, où l'orgie valait la peine de rester. Mathilde était un peu rebelle.

Je l'avais rencontrée alors que je faisais une promenade: elle était malade, et titubait le long des murs de la rue Saint-Dominique. J'appris plus tard qu'elle avait été empoisonnée. Je l'emmenai chez moi, où elle vomit partout, mais, heureusement, mon domestique était là pour tout ramasser.

Mathilde était une jolie femme au buste petit et étroit, à la taille ployée, et aux longues jambes fines. Ses cheveux étaient noirs, longs et bouclés. Je décidai de la prendre, malgré qu'elle fut très malade. J'en profitai pendant qu'elle était à quatre pattes et qu'elle vomissait. Je soulevai sa robe, abaissai sa culotte, et ma main se mit à la caresser. Elle émit de petits gémissements. Je m'agenouillai derrière elle, la prit par les hanches, et pénétrai profondément en elle. Je sentis que ses muscles se contractaient autour de mon phallus, comme pour le garder en elle.

Elle avait arrêté de vomir; son essence se mit à couler de par sa fente sur mes cuisses, et je finis par jouir en elle.

Durant la journée, elle m'accueillait en de rares occasions. Ces jours-là, elle soulevait habituellement les cuisses de façon à les replier contre elle-même. D'autres rares fois, Mathilde se mettait à quatre pattes, les mains et les pieds reposant sur le sol, et je commençais par lui caresser le dos tout en la pénétrant lentement, puis j'augmentais lentement la vitesse, et, enfin, j'alternais entre une union lente et rapide. 

* * *

Il était temps pour nous d'aller chez la comtesse de Chérilus. Dans la voiture, Valentin montrait une mine satisfaite. La séduction qu'il avait opérée sur la marquise de Nazir Khan le rendait rêveur. Le silence demeura jusqu'à ce qu'on atteigne la rue de l'Épée, et la somptueuse demeure du comte de Chérilus. 

Le comte était absent, ce jour là. Une vingtaine d'invités discutaient dans la cour. Nous saluâmes dignement la comtesse de Chérilus, qui était admirable ce soir-là. Elle était revêtue d'une robe de satin noir, légère et moulante. Nous eûmes tout le loisir d'admirer ses seins, qui semblaient étouffer dessous sa robe, puisqu’ils devaient bien être chacun de la taille d'un melon. Elle avait fait un chignon de ses cheveux blonds, et quelques mèches tombaient sur ses épaules nues. Bref, elle avait une grâce et un attrait indéniables.

Cependant, sa beauté était quelque peu éclipsée par la présence de deux jolies damoiselles, auprès desquelles nous prîmes place. Parentes lointaines du Roi, les damoiselles de Châteaubleu daignaient quelquefois honorer de leur présence le salon d'Isabelle de Chérilus. Peu de temps après, Valentin nous laissa, Mignolet et moi, défrayer les frais de la conversation avec ces deux jeunes personnes qui du reste n'étaient pas si intéressantes qu'on eût pu l'imaginer.

Le salon de la comtesse était plutôt désert ce soir-là. Il y avait certes de vieux libertins qui racontaient scandaleusement leurs débauches passées, mais aucune figure inconnue n'était en mesure de distraire nos esprits blasés par la fréquentation continue de l’endroit. Même François d'Eautrouble, qui infestait d'habitude les lieux de sa pestilentielle présence, n'était pas au rendez-vous (ce qui me consolait un peu). La comtesse nous parla d'une expérience érotique qu'elle avait eue avec une pieuvre, cet après-midi-là, et Valentin sembla fasciné par ce récit. Pour ma part, c'était une avenue qui ne m'intéressait guère.

Le sommelier nous servit un vin allemand. Nous le bûmes en mangeant de somptueux hors-d'oeuvres. La comtesse nous abandonna. 

La conversation des damoiselles de Châteaubleu m'exaspérait totalement, mais Mignolet semblait y prendre un certain goût. Je le laissai donc poursuivre l’entretien, et je me mis à la recherche de Valentin. 

Je me dirigeai à l'intérieur de la maison du comte. Après avoir jeté un coup d'oeil dans le salon, dans la salle à dîner et dans le fumoir, je décidai d'investir le boudoir. Ce que je vis en cet endroit tenait du merveilleux. L'une de mes toiles - que j'avais offerte au comte de Chérilus et qui représentait un satyre poursuivant une jeune femme nue - était suspendue au mur, et imposait à ces lieux une subtile atmosphère de perversion. Valentin, entièrement nu, était allongé sur un sofa luxueux, les bras posés derrière la tête. Isabelle de Chérilus, nue elle aussi, s'était agenouillée devant lui, et lui suçait tendrement le Guerrier. Cependant, cette fois-ci, je ne bénéficiai point de quelque chose qui put me cacher adéquatement, et c'est pourquoi je fus immédiatement découvert par le couple d’amants.

- Gustave, il est temps pour toi de t'élever au-dessus du niveau des voyeurs pour atteindre celui de participant, me dit Valentin.

- Je ne puis participer à vos ébats. En effet, je réserve mes forces pour la douce Mathilde, que je dois rencontrer au bal masqué.

- Tes sens n'en seront que plus aiguisés, me répondit Valentin. 

- Venez, Gustave, dit Isabelle de Chérilus en me lançant un regard langoureux. 

Après quoi, sans que son regard ne quitte le mien, elle se mit à passer sa langue sur le Sceptre de Jade de mon ami Valentin, allant et venant pendant de longs instants, jusqu'à ce qu'elle engouffre entièrement l'objet dans sa bouche. Valentin se mit à osciller du bassin, suivant le rythme qu'Isabelle lui imposait. 

Isabelle de Chérilus était agenouillée devant Valentin, et j'avais une vue splendide sur son postérieur. Je me défis de mes vêtements et m'approchai d'elle. Je caressai pendant un court instant son Lotus déjà mouillé, et puis je fis entrer mon phallus en contact avec son joli petit derrière. Elle fit un geste acrobatique surprenant: ses mains vinrent introduire profondément mon sexe dans le sien, sans qu'elle n'arrête pour autant l'action de sa bouche sur Valentin. 

Je me mis à aller et venir en suivant les mouvements d'Isabelle. Je la pénétrai, lentement, tout d'abord, puis j'augmentai la cadence. Mes mains s'appuyèrent sur sa croupe et sur le bas de son dos, à l'endroit où se décrivait le plus profondément la courbe engendrée par notre position. J'éprouvai une volupté sans pareille en sentant ses fesses entrer en contact avec mes cuisses. J'avais toujours désiré me rapprocher de cette femme, et, pour la première fois, elle acceptait que je vinsse en elle. Pendant ce temps, Valentin éjaculait férocement dans les cheveux et sur le visage de notre belle comtesse. 

Sentant que je ne tiendrais pas longtemps à ce rythme, je résolus d'essayer quelque chose de différent. Je me retirai pour un cours moment, et déposai Isabelle sur le sofa où naguère se trouvait Valentin. Je me mis au-dessus d'elle, et accédai lentement à son ventre. Mes mains serrèrent ses douces cuisses, et ma langue
parcourut son cou et ses épaules. Nous fîmes l'amour ainsi pendant un long moment, jusqu'à ce que je décide de la faire venir sur moi. Après que je l'eus assise sur mes cuisses, prenant garde de ne point me retirer d'elle, Valentin écarta ses fesses et força sa verge maintenant ranimée à entrer dans son anus. Elle gémit de douleur et de plaisir, si fort que l'on dût l'entendre à l'extérieur de la maison. Nos corps suivaient un rythme tribal. Je regardais intensément le visage affolé d'Isabelle, tout en promenant mes mains le long de ses cuisses trempées par le fluide de sa passion. La sueur perlait sur son front, et elle continuait à m'embrasser alors que Valentin et moi provoquions son extase. Ses seins ronds, maintenant affermis, étaient pressés par mon ami. Nous étions deux à la serrer, à la caresser et à l'aimer. 

Je déversai un océan de semence à l'intérieur d'elle. 

 

Gary Del Monte 
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