Ce mois-ci, on renoue avec cette bonne vieille tradition de traîner
les choses connes dans la boue verbale dont nous sommes le terreau, et
avec un minimum de panache, nom de Zeus, car ce n’est pas parce que les
crétins qui font ou disent des idioties sont sans cervelle, que
ceux qui s’attachent à les dénoncer doivent eux aussi être
de gros avortons. Le cerveau est une massue vraiment sadico-sadique, pour
peu qu’on sache s’en servir et le bien manier pour allègrement cogner
sur ce qui est d’un ridicule plus-que-parfait. Tout le monde est censé
en avoir été doté (d’un brain s’entend), mais il y
en a beaucoup qui n’ont jamais appris à l’utiliser pour taper dans
le tas. Dommage. On en serait peut-être pas là. Mais, cessons
de pleurnicher, et soyons abrasifs.
Exposé
#1 : Buvez pas ça
Publicité à la télé. Encore une marque de bière.
Disent: « Vote online to make Saint Patrick's Day a national holiday!
» Yeah sure! Qu'est-ce que les Irlandais ont de si spécial?
J'ai rien contre le fait que nous fassions de la fête de l'ami saint
Patrick, l'évêque d'Armagh (Ulster), un jour férié,
à condition que les fêtes de tous les autres saints du calendrier
liturgique romain deviennent aussi des jours fériés. Saint
Patrick est un bon bougre, mais il y en a bien d'autres, des bon bougres,
comme par exemple saint Macaire le Jeune (2 janvier), saint Théopempte
(3 janvier), et de bonnes bougresses telles que sainte Pharaïlde (4
janvier), et d’autres garçons excellents tels que saint Gaudence
de Gnienzo (5 janvier), saint Charles de Sezze (6 janvier), saint Canut
Lavard (7 janvier), saint Athénogène (8 janvier), saint Jucondin
(9 janvier), saint Jean-Camille le Bon (10 janvier), et cetera, et cetera.
Chacun des trois cent soixante-cinq jours de l'année en a un ou
une, ou plus d'un, ou plus d'une. Ça ce serait vraiment cool, des
années fériées, et ce à chaque année...
Puisque l'économie est déjà dans le trou, de toute
façon, quelle sacrée bon Dieu de merdasse de différence
cela pourrait-il bien fiche, qu'on me le dise? Non, on ne fera pas de la
fête de saint Patrick un jour férié. Il ne le mérite
pas. D'autres saints et saintes, le méritent davantage que lui,
comme par exemple, saint Bonaventure (15 juillet), ou saint Greg de Nysse
(9 mars). Alors me faites pas chier. Puis mon argument se vaut tout aussi
bien si vous insistez pour prendre la question non pas du point de vue
liturgique, mais du point de vue patriotique. La fête nationale des
Irlandais? D'accord. Et la fête nationale des Portugais, qu'en faites-vous?
Et puis la fête nationale des Grecs? Et la fête nationale des
Croates? Et la fête nationale des Soudanais? Et la fête nationale
des Chiliens? Et la fête nationale des Cambodgiens? Et celle des
Bulgares? Et celle des Marocains? Et celle des Ougandais? Et celle des
Népalais? Et celle des Lettons, mettons? Vous voyez bien, que ça
ne tient pas debout, votre projet. C'est nul. Si on ouvre cette boîte
de Pandore, si on commence à voter des congés fériés
le jour de fêtes nationales, on n'a pas fini nos crêpes...
Il y a des centaines d'ethnies, ici, au Canada. Ça veut dire des
centaines de jours fériés par année, même s'il
n'y a que trois centaines de journées disponibles par an. Je ne
suis pas contre, encore une fois. Mais si on le fait, il faut qu'on le
fasse pour tout le monde. Moi, je tiens mordicus à faire le party
le jour de la fête nationale mauritanienne, le 28 novembre; ne m'ôtez
jamais ce plaisir sincère, de grâce. Tandis que le jour de
la Saint-Patrick, bof, habituellement, je fais rien. Et que tous les O'quelquechose
ne viennent pas me dire que je suis raciste... J'ai moi-même un tout
petit peu d'Irlandais à ce qu'il paraît. Mon père dit
que l'une de ses arrière-grands-mères s'appelait Ida Collins,
alors ne venez pas m'embêter. Ce qui est raciste, bien au contraire,
c'est de dire que tout le monde aura congé le jour de la fête
des Irlandais, mais qu'on ira bosser le jour des fêtes nationales
slovaque, allemande, turque, helvète, nippone, afghane, et mexicaine.
Allons donc! Joyce mis à part, qu'y a-t-il d'exceptionnel, en Irlande?
Et puis savez-vous ce que signifie le mot sympatrique? «Concernant
une espèce qui en voisine d'autres, sans s'hybrider.» Hum!
Y a du vrai là-dedans! À part Ida, ils ne se sont pas beaucoup
hybridé, les Irlandais. Un peu grégaires au fond. Mais bon,
je les aime bien quand même. Je ne veux pas passer pour une émule
de Bill the Butcher. Ce que je n'ai pas aimé, c'est l'idée
du jour férié à la Saint-Patrick seulement. Bonne
idée, mais uniquement si toutes les autres fêtes nationales
deviennent également des jours de congé. Now THAT would be
great. I wonder who came up with THAT idea. Et puisque l'économie
est déjà dans le fossé de drainage de fumier, de toute
façon, quelle sacrée bon Dieu de merdeuse de différence
cela peut-il faire?
Exposé
#2 : Courriels martiens
Avant-hier, me connectant à Internet pour aller naviguer à
mon aise sur le site que je préfère (www.ashleymadison.com),
soudain je constatai que j'avais reçu, depuis dix jours, six messages
idiots affublés d'en-têtes cryptiques et illisibles. Sidéré,
j'en ai noté trois, à la main, sur une serviette de table,
avant de détruire le tout, parce que je ne suis pas, hélas,
Jean-François Champollion, et que je ne sais lire les hiéroglyphes.
Voici ces trois titres à la lettre tels quels. Horreremque prolitim
freebee. Anhelis porotu. Contigissemus hornicke. Qu'est-ce que ça
peut bien signifier? Vous, internautes-lecteurs toujours fort «savvy»
dans tout ce qui touche au Net et aux nouvelles tendances Web, dites-moi.
Est-ce un code secret très «in» qu'emploient des demeurés
en mal de néo-hermétisme postmoderne vachement urbain? Est-ce
une série de messages envoyés par le tout dernier Aborigène
encore capable de parler et d'écrire l'insolite dialecte HiHoloholo?
(car, croyez-le ou non, braves amis, le HiHoloholo existe bel et bien,
mais pas le Horreremque, ni le Contigissemus). Moi, j'abandonne. Ça
m'a intrigué, sur le coup, mais bon, je vais pas en faire une exégèse,
hein? S'ils veulent que nous lisions leurs e-mails, eh bien, mon Dieu,
c'est simple, ils n'ont qu'à y mettre des titres normaux, comme
à tous les autres messages que l'on reçoit quatre cents fois
par jour, et que, par acquit de conscience, je lis à chaque fois
(«Enlarge Your Penis Guaranteed», «Gain Eight Inches
In A Day», etc). Ça, je comprends parfaitement, et c'est justement
ce que je trouve extra: pouvoir lire quelque chose, et y découvrir
un sens cohérent. Mais je ne comprends rien à: Horreremque
prolitim freebee. Est-ce une ruse, destinée à piquer au vif
notre curiosité, pour que nous ouvrions ces fichiers d'emblée?
Hum! Meilleure chance la prochaine fois, imbéciles! Je lis tous
les autres, mais je détruis ceux-là. Quand vous aurez appris
à orthographier des mots véritables dans un langage courant,
on en reparlera. D'ici là, je n'ai qu'une chose à vous dire:
Sybuppdehf ghasmufridt, et doqrewmwvxzcxzxio ebeyha... Quoi, vous ne pigez
pas?
Exposé
#3 : Walt Disney Séquelles
Bizarre,
pas vrai, les aminches? On a eu dernièrement le film Peter Pan 2,
malgré que le #1 datait de l'année 1455 (avant Jésus).
Puis voilà qu'on reçoit en pleine poire Le Livre de la Jungle
2 (le 1 date du paléolithique supérieur). En ben, ça
alors! Qu'est-y-ce pour l'amour du Ciel-t-il qui se passe-t-a? Z’y sont
devenus fous? Sont devenus vieux? Sont devenus cons? Plus d'imagination?
Ça fait juste un tout petit petit petit peu pitié, ces suites
ridicules de films animés qui n'étaient (déjà)
pas très bons, malgré que la critique américaine les
ait souvent qualifiés de «classiques». Mais, bon, à
ce prix-là, mon scrotum est un «classique» aussi. Depuis
notre pauvre docteur Hannibal Lecter, les «majors» ont appris
à presser chaque citron jusqu'à ce qu'il n'y ait plus un
neutrino de jus dedans, au risque de pervertir, à tout jamais, and
for the only sake of CA$H, la franchise en question, et les vulnérables
héros d'icelle... Laissez-les donc tranquilles, Peter Pan et Mowgli
et Bagheera. Même si ce sont, à mon humble avis, des connards
moralisateurs sublimineux, ils ne vous ont rien fait. Leave them be...
C'est quoi, votre plan? Vous aller les compresser comme le doc Lecter,
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à en tirer, et pour que
nous vomissions, de dégoût? Bande de nuls. Mieux vaut avouer
publiquement que vous êtes à plat, que de continuer dans ce
sens débilitant. Wake up, boys! Vous êtes à l'apogée
du pathético-culturel.
Bientôt
sur nos écrans, ces prochains opus de Disney, originaux jusqu'au
bout des ongles: Blanche-Neige 2; Cendrillon 2; Pinocchio 2; et, surtout,
le très-attendu Bambi 2. Quelles foutues conneries. J’préfère
aller me coucher.
David
Pêle-Mêle
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