JE M'ESSAYE 3
par Rastaquouère MacO'mmune
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   Depuis les origines très obscurantistes de cette page, je m’efforce de circonscrire mes jongleries, afin de faire des articles qui se tiennent, et qui ont une certaine cohésion, mais malheureusement, tous mes collaborateurs, cette bande de demeurés, ne se donne jamais la peine de trouver des fils conducteurs à leurs élucubrations. Alors je ne veux pas me faire chier, et je fatigue et j’ai décidé de faire moi aussi un article comme une queue de veau, comme disent les éleveurs. Vlan. En voiture!
 

Depuis que la nature se dégèle, il règne dans les bureaux de Ma Commune Légère une atmosphère bucolique et euphorisante nous pénétrant d’une joie de vivre peu commune. Hier, il a fait vingt-huit degrés et tous les membres de notre belle confrérie se sont retrouvés sur le toit-terrasse pour jouir des premiers rayons du printemps – pendant que les macaques rhésus, au sous-sol, rédigeaient l’article que vous lisez présentement (il leur est interdit de parler d’eux-mêmes à la première personne). Le sourire aux lèvres, nous vaquions à nos activités estivales favorites : je me pavanais devant le miroir, arborant mes plus belles pelisses d’été; Pêle-Mêle repeignait tout son ameublement bleu (en bleu) en chantonnant une douce mélopée (preuve de ma béatitude, je m’abstenais de sortir ma cravache et l’annuaire de la ville de Montréal pour le raisonner); Gary Del Monte nous concoctait des philtres à l’algue mauve; Junior fumait la fenaison que Seb lui a laissée en guise d’aumône (Seb qui, au moment où je vous parle, se noie sur une côte corallienne africaine – pour faire changement); à l’ombre de son baobab en carton, Kalypso se faisait une manucure d’orteils dans la position du lotus; Dyke Kiri s’affaire a zieuter le large décolleté que l’esthéticienne du dimanche (en transe) offrait nonchalamment à la vue de tous. Finalement, Mon Marco étudiait à la loupe un curieux spécimen de la famille des hyménoptères qui vit en colonies nombreuses et organisées (une fourmi). En nous regardant, il vint à mon esprit que nous pourrions facilement former un groupe de musique. Aujourd’hui, c’est le look qui compte et, ici, tous les ingrédients sont présents pour faire un carton.
 

Recette pour faire un groupe

a) Un fou. Nul groupe ne peut aspirer à la renommée sans un fou en son sein. Black Sabbath avait Ozzy Osbourne, qui décapitait des poupées vivantes, Kiss avait Gene Simmons qui crachait le sang, eh bien, moi, je compte sur notre déséquilibré à nous, Davey Pêle-Mêle, pour guillotiner « live » de véritables poulpes morts (de chez Shamrock, marché Jean-Talon).

b) Un marginal. Le marginal, c’est celui qui fout le bordel là où il pointe son nez. C’est la vedette aimée malgré elle. Celui qui a le majeur en constante érection (et aussi autre chose, mesdames). Bref, c’est Gilbert Rozon! celui qui est pourchassé jusque dans son lit par la presse à scandales se jetant sur lui comme lui-même se rue sur les filles de rue : Gary Del Monte.

c) Un drogué. Le drogué ne fait jamais beaucoup parler de lui : il est effacé, à l’écart, et comme constamment stupéfié par un stupéfiant non-identifié... et bien entendu, c’est lui qui commence les « rifts » avant de s’en aller backstage faire on ne sait trop quoi. Pour nous, ce sera Junior.

d) Un révolutionnaire. Ça, c’est Seb. Le révolutionnaire, c’est une sorte de Jean Leloup pour le groupe : c’est lui qui fait illégalement entrer des macaques rhésus dans les avant-premières, pour mousser un peu l’atmosphère (et les ventes ultérieures). C’est l’homme à rajouter subrepticement du Spanish Fly dans le bol de punch dès que Gary Del Monte en a terminé la préparation (et Dieu sait ce que ce breuvage contient même avant cet ajout : pas étonnant que les groupies se dénudent complètement avant même notre premier rappel!).
 
e) La pitoune intelligente : Kalypso. C’est comme Manon dans Balthazar : la fille qui joue de la bass tranquille de son côté du stage, qui n’a pas l’air aussi soûle que les autres (même parfois pas soûle du tout), un peu une sorte de Louise Beaudoin dans le Parti Québécois, si le PQ était un groupe rock (ça n’en est pas bien loin). La pitoune intelligente a pour but d’attirer la clientèle mâle intellectuelle qui ne trouve pas très sexy Pêle-Mêle ni Junior ni Del Monte.

f) La lesbo-claviériste. Pour nous, ce sera Dyke Kiri, notre saphique enjôleuse des ados ne sachant pas tout encore des choses de la vie, et qui leur brise le cœur et qui fait surtout vendre plusieurs exemplaires de notre compilation-« ballades », ce qui nous permet de payer notre villa à Nassau et nos piscines creusées.

g) Un beau blond frisé. Oui. Dans tous les groupes, c’est de notoriété publique, il y a le beau blond frisé. Il chante mal, il danse mal, et, pis encore, il parle... bien. D’ailleurs, c’est pour ce dernier défaut que les mamans l’aiment, et qu’elles jugent qu’il ferait un bon parti pour leurs filles. Ces dernières auront la permission de placarder sur les murs de leurs chambres les divers produits dérivés que nous vendrons à l’effigie de ce séduisant blondinet au cheveu ondoyant. À MCL, l’un des plus blonds et des plus crépus, c’est le mouton de Pêle-Mêle, Woody Allan, mais je ne peux retenir sa candidature, puisqu’il est béotien. En revanche, Mon Marco correspond assez bien à l’archétype recherché. Il a tout pour devenir le nouveau Justin Timberlake de N*SYNC, Robert Plant de Led-Zeppelin, ou Patrick Normand de Magique-Moumoutte.

Enfin, l’impresario, le gérant, le cerveau de l’affaire, le «big shot» derrière toute cette petite mine d’or médiatique : le Rastaquouère, vous l’aviez deviné. Je me gardais pour le dessert. Donc, voyez-moi plus ou moins (plutôt moins que plus, mais c’est à votre convenance) comme un René Angelil jeune et pas encore chauve (« loin de là », dirait ma coiffeuse, Suzon, la fille aux ciseaux épuisés, et ce, bien qu’à ma plus grande honte, je commence lentement, eh oui, à caler un peu... autour des yeux). Le gérant, c’est connu, est l’homme qui s’en met le plus dans les poches pour le moins d’effort fourni proportionnellement. Il est le seul à connaître les chiffres et à voir les livres de comptes qu’il conserve dans son coffre-fort. Il dit aux autres (surtout au frontman du groupe) : « Bon, on a fait tant de profits, tel pourcentage par show, et tant de ventes de notre dernier album, ce qui fait que vous avez... dix dollars chacun! Allez vous acheter des nananes! »
 

I (God) Bless America

Avez-vous écouté la télé-réalité américaine The Bachelor? Pendant un mois, un mojo américain était séquestré dans une fastueuse villa américaine avec un harem constitué d’une vingtaine de nymphomanes américaines... Comme le dirait Nash (surnom de Pêle-Mêle) : Yip baby! I wanna be this guy! Malheureusement, à la fin de chaque émission, le mojo américain devait éliminer l’une des nymphettes américaines de son gynécée à la manière de Survivor. Chaque fois, s’était un choix déchirant, et il pleurait comme une Madeleine, voyant son cheptel se décimer progressivement. Lors de la dernière émission de la série, alors que le mojo américain doit jeter son dévolu sur une des deux bondinettes américaines qui ont survécu aux diverses rondes éliminatoires, le téléspectateur américain est témoin d’un rebondissement inattendu, et, il va sans dire, digne des plus grands scénarios américains : le mojo se transforme en homojo, il congédie les deux dames américaines, et s’enfuit, en limousine, ça va de soi, avec l’animateur de l’émission (un australien bien roulé). Je suis présentement en communication avec le producteur de l’émission, dans l’expectative d’obtenir les droits pour une adaptation québécoise. J’ai déjà trouvé le nom gallo-romain que je donnerais à mon émission : Bâche-Alors! Évidemment, dans mon concept à moi, il n’y a pas d’éviction, et je suis le satyriasis de service.
 

L’outrecuidant

Un nombre considérable de personnalités québécoises nous ont écrites depuis que nous redoublons d’âpreté dans nos propos. Pour n’en nommer qu’un, comédien «fru» par excellence, j’ai nommé : Alain «l’outrecuidant» Zouvi, qui nous a littéralement déclaré la guerre en osant nous adresser la parole! Se pense-t’il immunisé contre ma vicieuse verve virulente? Croit-il pouvoir attendrir ma cuirasse en pavanant dans les talk-shows, avec ses bajoues de bouvier des Flandres – me rappelant étrangement celles de mon idole de toujours, «Tricky» Dick Nixon... Non monsieur! Je ne suis pas dupe de vos stratagèmes de polichinelle à la noix de Grenoble! Faites-donc un homme de vous ! Je vous somme d’accepter de me confronter dans un match de bedaine chaude! Ce soir, je vous attendrai devant votre repère : le Café-librairie Les Pages Jaunes, à Rosemère, un lieu où les gens se réunissent pour prendre des nouvelles et se raconter ce qu’il y a de neuf. D’accord, je vous raconte donc ce qu’il y a de neuf : rira jaune comme une Page Jaune qui rira le dernier... gros jambon!
 


Leçon aux apprentis-bitcheurs

Il n’y a pas qu’Ala-Ka-Zou (l’outrecuidant) pour parler de notre personne en des termes de «vulgaire» et «tête-de-veau». Ces insolences qui ne sont pas d’une caméra, mais tout de même distinctes, reviennent plus copieusement que d’autres dans les commentaires qui me sont adressés. Vous vous demandez probablement, détracteurs anonymes et avoués, si ces invectives caduques atteignent leur but, soit égratigner mon petit ego tout rose et joufflu. Vous savez bien que non! Et, en tant que dieu, j’aimerais remettre les pendules à l’heure (approximativement à dix heures et quart a.m.). Sachez, calomniateurs de tout acabit, que cette giboulée d’irrévérences puériles est édulcorée par des épithètes ma foi assez caudataires que vous laissez filer au passage, mu – je me dois de le souligner – par une incurie peu banale... Oui, vous m’aimez en secret, et ce, de façon tout à fait inconsciente – comme quand on se lève la nuit pour se goinfrer de gâteau McCain Deep&Delicious (avant de refermer le congélateur jusqu’à la prochaine fois). Par exemple, Anne-Marie Losique m’écrit : «Tu n’es qu’un vulgaire mojo.» Cette phrase savante est tout à fait caractéristique de ce que la sommité mondiale dans l’art de la bitcherie (que je me targue d’être) qualifierait, pour votre bon entendement, de «mi-chaude/mi-froide». Ici, le mot «mojo» que je qualifierais, toujours pour votre bon entendement, de «mot-gentil», joue le rôle d’une crémaillère empêchant la marmite de tomber dans le feu : quelle belle image culinaire! C’est-à-dire que l’effet dévastateur (le feu) qu’aurait pu constituer pour mon équilibre mental (la marmite) le mot «vulgaire», que je qualifierais de «mot-pas-gentil», pour votre sempiternel bon entendement, est contrecarré (la crémaillère) par le mot-gentil qu’est le mot «mojo». Il faut donc être sur vos gardes lorsque vient le temps de me servir une concoction de vos enfantines billevesées, mesdames et messieurs du gratin... Mots-gentils et mots-pas-gentils sont des antagonismes dans mon book à moi. Mais il ne faut pas croire qu’un mot-gentil annule systématiquement l’effet d’un mot-pas-gentil. Ainsi, le mot-gentil «allô» associé au mot-pas-gentil «tête-de-veau» dans la phrase-témoin mi-chaude/mi-froide «Allô, tête-de-veau!», n’arrive pas tout à fait à annuler l’offensive verbale, et verbeuse (c’est d’ailleurs à ce moment que la crémaillère se démantibule, que la marmite remplie à ras bord de camouflets choit dans les flammes, et que je pète les plombs). Dans ce dernier exemple, je vous ai joué une petite fourberie qui n’est pas de Scapin, et sans malice; avez-vous remarqué de quoi il s’agit? C’est facile : en fait, le mot «allô» n’est pas vraiment un mot-gentil, pas plus que le mot «tête-de-veau» n’est un mot-pas-gentil; en vérité il était davantage question d’une phrase mi-tiède/mi-chaude, les termes seraient plus justes, car le mot «allô» est considéré par les spécialistes de la sémantique comme étant un «mot-gentil-mais-pas-tant-que-ça» et le mot «tête-de-veau», quant à lui, est considéré, toujours par les mêmes experts en rhétorique, comme étant un «mot-pas-gentil-du-tout-du-tout».
 
 

Rastaquouère MacO'mmune 
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