J'ai
regardé les Jeux de Nagano, parce que j'avais boycotté ceux
d'Atlanta, qui auraient dû avoir lieu à Athènes, pour
le centenaire des olympiades modernes, selon le désir de De Coubertin,
mais, bon, quand les Américains décident d'allonger leurs
dollars US le C.I.O. écarte toujours les jambes: c'est bien connu.
J'avais pas suivi non plus ceux de Lillehammer parce que j'étais
malade ou je ne sais pas trop quoi. C'est la première fois que je
regarde vraiment ça depuis Barcelone (1992). Voici mes premières
impressions.
Le
ski de bosses:
Combien de fois
avez-vous vu une pente de montagne naturelle avec des centaines de petites
bosses identiques disposées en quinconce avec deux mètres
d’espace entre chacune calculé au micron près? Je suis sûr
qu’il y a des dizaines de réglementations olympiques sur le nombre
minimum ou maximum de pouces de hauteur des bosses et sur la distance minimum
ou maximum séparant une bosse de sa voisine de gauche ou de droite.
C’est la discipline où les athlètes restent le plus longtemps
plantés en haut de la pente avant le départ (soi-disant pour
étudier le parcours) juste pour qu’on soit sûr de bien voir
leur suits à mille dollars. Roch Voisine pourrait en faire! C’est
le sport idéal pour scèner: il y en a, au mont Saint-Sauveur,
qui ne font qu’une vraie descente de toute la journée, préférant
se pavaner tels les coqs du monde alpin qu’ils sont. Une autre facette
de mon dédain profond du ski de bosses vient de la seule présence
de ce bon petit fils à pôpa qu’est Jean-Luc Brassard: il est
distingué, articulé, poli, il a beaucoup de retenue et de
prestance, il est grand, il est beau, il sent bon le sable chaud (comme
dirait Gainsbourg), et, bref, il est l’homme parfait... pour recevoir une
baffe.
Le
saut en ski:
Avez-vous bien vu
de quoi a l’air le coup d’oeil depuis le haut de cette pente de fous? C’est
à plus de quarante-cinq degrés! J’ai rarement vu quelque
chose d’aussi vertigineux, et, si je puis me permettre une expression,
mes jolis petits fripons, ça me laisse comme deux ronds de flan...
Il y a ce Japonais tout à fait exagéré qui a fait
quelque chose comme 94 mètres avec son saut. J’en suis tout béat
de mots.
Le
slalom géant:
Une image vaut mille
mots;
Le
patin de vitesse:
C’est la discipline
qui sert à observer les formes voluptueuses des jeunes patineuses
en habit très tight pelli moulants Saran-Wrap. Certaines néerlandaises
ne sont pas très jolies, et ont des airs de matrones, mais fermons
les yeux quand c’est leur tour, et, comme quand on fait l’amour avec une
laide, imaginons qu’on leur glisse subrepticement un sac en papier brun
sur la tête... Inutile de dire que quand c’est le tour des hommes,
on change de chaîne... Pour ce qui est du patinage de vitesse en
tant que tel, cela me rappelle une étrange lassitude qui m’envahissait,
étant enfant, en observant mon hamster courir toujours de la même
façon dans sa petite roue cucul. C’est pourquoi, le patin de vitesse,
entre vous et moi, on s’en balance! Mention spéciale à Catriona
LeMay qui est une sacrée pitoune, foi de Rastaquouère!
Le
patinage artistique masculin:
Passons. Je ne veux
pas me faire tomber dessus par la Communauté gaie. Et puis, bon,
de toutes façons, je ne l’ai pas écouté. Vlan!
Le
combiné nordique:
Cette discipline
fourre-tout regroupe les rejets des hautes sociétés du ski
de fond et du saut... parce qu’ils ne sont ni vraiment bons dans l’un,
ni très performants dans l’autre. Avez-vous remarqué l’absence
des athlètes du Kenya et de la Côte-d’Ivoire? Je dois vous
avouer que j’ai suivi (un peu) cet événement dans le seul
espoir d’assister à une bêche digne de mention accompagnée
de menus chapelets sanguinolents dans la neige immaculée. Je n’ai
hélas pas eu cette satisfaction inouïe. Tant pis pour le combiné
nordique: je me suis rassasié lors de la descente de ski alpin,
(le jour 6) quand sept skieurs quasi-consécutifs se sont défenestré
la tronche pour mon seul plaisir. Thanks, guys!
Le
Kama Sutra mixte par équipe en patin:
Franchement, celle-là,
je ne la comprend pas, mais je jubile de voir que cet art vieux comme le
monde soit enfin devenu une dicipline olympique officielle! Les prouesses
sont étrangement envoûtantes grâce à la magie
des close-ups en caméo au bas de l’écran. On ne perd
ni les détails, ni la posture générale des athlètes.
En fait, on voit mieux que si l'on était dans les gradins. Lorsque
les Portugais se sont étalés sauvagement, nus sur la glace
vive, nous pûmes pratiquement ressentir l’étrange paradoxe
de leurs fémurs simultanément broyés et anesthésiés.
Le juge français, curieusement, tardait souvent à rendre
sa note, occupé qu’il était à farfouiller sous son
pupitre pour une vieille boîte de Kleenex. Personne ne fut étonné
de voir l’équipe chinoise remporter l'or avec brio: ils ont, après
tout, deux millénaires de pratique, alors que l’Occident ne connaît
le sexe que depuis Bo Derek.
Le
hockey féminin:
Passons aussi. Je
ne veux pas me faire retomber dessus par la Communauté lesbienne.
Et de toutes façons une fois de plus, mes biquets, je ne l’ai pas
écouté non plus. Re-vlan!
Snowboard:
Tout d'abord, la
devinette du mois! Quel snowboarder, aux Jeux de Nagano, a dit la phrase
suivante: « Ya know, man, it is so cool, man, y'know, 'cause it's
fast, man, and, man, y'know, it's real hot, man... » Réponse:
ils l'ont tous dite! Le baseball a déjà son langage secret
par les signes; le snowboard, lui, a son langage propre, difficilement
déchiffrable, et codé, comme il se doit.
Les critères
d'évaluation étaient des trucs du genre amplitudes, airtime
rotations et autres trouvailles idoines. Tiens pourquoi pas « Indice
de modulation quantique oscillatoire » en passant? Qu'est-ce qu'on
inventerait pas pour avoir l'air professionnels! Je crache en ce moment
sur les juges et sur le C.I.O., si vous ne l'aviez pas encore remarqué.
(Pour ce qui est des figures acrobatiques, ce sont les snowboarders qui
les ont baptisées: un McTwist, par exemple. Je suffoque de rire,
professeur Scientifix! À l'aide! Pourquoi pas un « Super-Spiral
» ou un « Mac Croquette » tant qu'on y est? Le pire,
c'est qu'il existe une vraie pub où l'on voit des jeunes faisant
du skateboard sur un HalfPipe après s'être empiffrés
de frites épicées et twistées McCain. On voit
que la culture MacDonald's a déjà donné ses
premiers avatars tordus.
Étant de caractère
à la fois méthodique et salace, j'ai fait une gradation et
une compilation des plus jolies filles en snowboard et je partage ici mes
conclusions avec vous, plèbe aimée... La superbe Minna Brigitta
Hesso (de Finlande) remporte l'or: on vendrait assez volontiers son âme
à Lucifer, et même à Dieu, s'il le fallait, pour vous
savez quoi avec elle. La jeune Jennie Waara, une Suédoise âgée
de vingt-deux ans, remporte l'argent avec nos compliments. Mon cher ami
Dave (Pêle-Mêle) tenait à ce que je décerne le
bronze à sa Tara Teigen favorite simplement parce qu'elle esquissait
quelques pas de danse et qu'elle souriait quelques secondes avant le départ...
J'ai pas envie d'argumenter avec Dave sur ce point. J'avais encore douze
autres Finlandaises, huit Allemandes et trois Suédoises en réserve,
mais disons tout de même que le bronze va à Tara Teigen. Moi,
je ne la trouve pas si pétard que cela, honnêtement, mais
Dave est un con superficiel qui est séduit par une steppette ou
des sourires: c'est ridicule, pas rigoureux, et, hélas!, fort peu
scientifique... Voilà pour le podium des plus jolies filles du snowboard
à Nagano.
Le
hockey:
C'était vachement
bien: je vais pas trop bastonner là-dessus. Mon équipe favorite,
curieusement, n'était pas le Canada ni les USA, mais bien l'équipe
tchèque. Malheureusement, si vous aimez l'équipe de la république
Tchèque, hum-hum, faites-vous une raison: vous ne verrez jamais
un match en entier, sauf si les Tchèques vont jouer contre le Canada
ou Team USA. Et il aura fallu attendre le 17 février pour assister
à un match complet des Tchèques: ils jouaient contre Team
USA dont ils ont disposé 4 à 1. YESS!! Auparavant, cinq ou
six jours plus tôt, c'était la Suède qui battait Team
USA 4 à 2. Le Canada, ayant résisté à trois
contre cinq, compte un but ensuite et assomme les Américains. Quel
doux plaisir à mes yeux!
Des bozos à
casquette sont torse nu dans les gradins, avec de la peinture sur la bedaine,
et avant même de lire ce qui est écrit, on sait que ce sont
des Américains... « Yeah, dude, let's pick up some beer
and get painted up, and get the party goin' in there. » Il n'y
a pas un Suédois ou un Tchèque au monde qui se mettrait en
bedaine, dans les gradins aux Jeux olympiques.
Chelios et sa face
de rot. Je sais pas pourquoi, mais il me fait vomir. -- Il y a toujours
deux joueurs de Team USA aplatis là comme des concombres devant
le filet de Richter. Hé! levez-vous! Jouez au hockey, les gars!
sinon, vous serez éliminés. Oups... eh bien, vous êtes
éliminés: on vous aime bien quand même, mais, ciao!
Or, avant de quitter
avec la queue entre les jambes, ces sombres imbéciles ont causé
des dégâts matériels dans le village olympique. Je
ne sais trop quel mauvais perdant de Team USA a lancé lors d'une
entrevue à la radio qu'il était venu à Nagano... mais
qu'il n'avait fait que « perdre son temps ». Lorsqu'on est
une crétasse moisie et qu'on a la prétention d'aller se mesurer
à de bons joueurs -- ça ne peut être, en effet, qu'une
perte de temps. Donc en l'an 2002, pour éviter de perdre encore
leur temps, je suggère à Team USA de ne pas se présenter
du tout aux Jeux: personne ne s'en plaindra. Héh! héh! hêh!
Et, en passant, messieurs Team USA... vous êtes laids! Et vous puez!
Et vous n'êtes pas bons!
Paul Karyia: «
Snif! snif! beûuh-heu! heû! je voulais y aller au Japon, moi
aussi, même si j'ai des concussions et un gros plâtre et pourquoi
pas le cancer! » Il a bretté. Jusqu'au 12 février!
J'avais envie de lui dire bon, écoute, calme-toi un peu, là,
le gros; tu as une quadruple fracture du crâne ou je ne sais pas
trop quoi: il n'y a aucune chance pour que tu joues à Nagano. Admets-le
donc nom d'un chien! Tu ne serais même pas capable de te tenir droit
sur la glace durant cinq minutes. Laisse Recchi y aller à ta place:
il est frais et dispos, lui... Tu les regarderas à la télé
bon. Tu ne vas pas en mourir, quand même.
Qui c'est les gars
qui jouaient du hockey olympique avant que le lobby multimillionnaire de
la LNH puisse -- grâce à une entourloupe administrative de
riches -- aller jouer à Nagano?
Vive Éric
Lindros! Talent et force ensemble: c'est comme d'avoir Gretzky et Samuelsson
en un... Jadis, chaque fois que Mario Lemieux était plaqué,
on avait un peu peur. Maintenant, encore, chaque fois que Jagr ou Gretzky
sont frappés, on a un peu peur. Avec Lindros on n'a jamais peur:
cognez-le, plaquez-le, il reste debout, et il vous recogne, et il vous
plaque lui aussi, à tire-larigot, en veux-tu en voilà, bang!
paf! et en continuant de compter et de faire de bonnes passes aussi. Il
est toujours à la hauteur.
Corson joue à
l'important et regarde Jagr dans le blanc des yeux comme pour l'intimider.
Pff! Pour qui il se prend, Corson? Pour une vedette? Brr! comme on a peur!
Et contre la Finlande,
Yzerman s'est retrouvé au moins deux fois roulé en boule,
au fond du filet adverse, (essayant peut-être de se métamorphoser
en puck mais ça ne marche pas). Yzerman n'est pas une puck. Il devrait
cesser de se retrouver en boule au fond du filet.
Une seule chose à
retenir au curling: le cri traditionnel de ces bons athlètes, hommes
ou femmes: « Hurryyyyyyyyy!! » Imaginez quelle divine satisfaction
cela serait que d'écraser vigoureusement votre pied dans la figure
de l'un de ces gars juste au moment où il est accroupi à
trois ou quatre pouces de la glace, en s'époumonnant de son insupportable
huluement de « Hurryyyyyyyyyyyyyyy!! ».
Mention spéciale
Crotte de Chien pour les maudites flûtes-gazous des Japonais qu'on
entendait partout, tout le temps, sans arrêt. Il s'en est fallu de
peu que je devienne dingue; heureusement, sur une autre chaîne, il
y avait La Maison de Ouimzie... Ça m'a relaxé.
Une mention spéciale
de Fou Rire à Peter Jordan qui emmène toute une classe (cinquantaine)
de petits écoliers japonais à un match de hockey et qui leur
apprend à faire la vague et à crier Go Canada Go malgré
le fait qu'il s'agisse d'un match... Finlande-Belarus.
Au sujet de Ross
Rebagliati, je ne veux pas passer pour un grand idiot d'extrême-droite,
mais j'exprime probablement le sentiment de plusieurs personnes lorsque
je dis: « Petit con! Non mais qu'est-ce qui a bien pu te passer par
la tête? Ici tu es aux Jeux olympiques; tu as la possibilité
de devenir un demi-dieu: bois de l'eau Perrier et du jus d'orange, couche-toi
de bonne heure, et ne bouffe que des pâtes, point. C'est pas sorcier!
» Je suis pas d'extrême-droite. On aurait très bien
pu lui ôter sa médaille et, dans un sens, bande de petits
canaillous, ç'aurait été bien fait: Bagli a été
passablement imprudent. Eh! Que cela ait pu s'avérer injuste ou
non n'est pas la vraie question. Puis j'ose espérer qu'on ne lui
aurait pas fait une médaille d'or « maison », comme
celle qu'on a donnée jadis à Sylvie Fréchette: il
n'y a que nous pour faire ce genre d'idiotie - c'est pleurnichard, c'est
pathétique, et c'est enfantin.
À la longue,
je me lassai de cette foire aux stéroïdes, et je fermai le
téléviseur en poussant un soupir de soulagement, quelques
secondes à peine avant que Pêle-Mêle ne surgisse dans
la salle de rédaction, devenu comme fou, titubant, et en train de
peindre la surface du miroir de la salle de bain en bleu, et m’annonçant
avec désinvolture que le volcan Yokohama venait d’entrer en éruption,
et que la moitié du Japon était en ce moment noyé
sous une épaisse coulée de lave. C’est de cette manière
qu’ils lavent leur linge salle.
Rastaquouère
MacO'mmune
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