Le
grand ménage du printemps est une sorte de tradition québécoise.
David Pêle-Mêle étant fou, il a mal saisi les syllabes
de cette expression: il a cru (à tort, évidemment) comprendre
« grande baston du printemps ». C'est donc ce qu'il fait ce
mois-ci. Une grande messe bastonnique sur tout ce qui l'emmerde, tout ce
qui est moche, tout ce qui lui donne envie de dégobiller son repas
brésilien qu'il vient justement d'ingurgiter juste avant le match
Angleterre-Brésil, et qu'il se refuse à restituer impunément...
Une annonce de Bière
Johnny habite dans un bel
appartement avec une terrasse. C’est un gars très Hip. Il est cool,
et il ne se tracasse pas avec la vie. Il sait baiser, et boire, et mettre
un CD dans un lecteur à CD; pour vivre, pas besoin de connaître
autre chose... Alors, un vendredi soir, Johnny organisa un party, dans
son super appartement, mais, d’abord et avant tout, sur sa terrasse Hip.
Il était malin, le Johnny, et il installa son super Hip système
de son dans la pièce qui donnait sur la terrasse, comme ça,
on pourrait entendre de la musique même dehors, sur la terrasse,
ce qui rendrait son party, vous l’avez deviné, d’autant plus Hip...
Il mit un CD dans son lecteur à CD (il sait le faire), mais il s’aperçut
que l’on entendait très mal la musique de la terrasse, parce que
la fenêtre était hélas fermée, et que la vitre
étouffe les ondes sonores (Johnny avait déjà étudié
un petit peu de physique). Les invités commencèrent à
arriver mais Johnny n’avait toujours pas résolu son problème.
Puis, tout à coup, il eut une illumination: pourquoi ne pas OUVRIR
la fenêtre, et puis, ainsi, tout ce beau monde Hip, sur la terrasse,
entendrait la musique qui joue, sur le lecteur CD de Johnny! Ce qu’il fit
donc. Mais hélas la fenêtre ne demeure pas en position ouverte
toute seule. Grave problème. Les cours de physique qu’avaient suivis
Johnny ne l’avaient pas préparé pour de tels défis
techniques. Que faire, mes aïeux, que faire? Son party Hip, et même
sa réputation de garçon Hip, étaient en jeu! Alors,
le Johnny ne fit ni une ni deux, il opta pour les grands moyens. Il prit
une bouteille de Molson Dry, sa boisson alcoolisée favorite, et
plaça, méticuleusement, ladite bouteille sous la fenêtre
ouverte, l’empêchant ainsi de se refermer... Ainsi tout le monde
sur la terrasse entendait la musique, ce qui est vachement Hip. Fier de
son coup de génie, Johnny s’en retourna parmi ses invités.
Jennifer venait de raconter
à Mike ses dernières vacances de ski. Elle avait raconté
tout ceci sans trop d’excitation, pour rester cool, et Mike, lui, de son
côté, avait répondu que tout cela était fantastique,
mais sans en mettre trop, tout de même, car, ce ne serait pas Hip,
de trop avoir l’air jaloux, ou enthousiasmé. Mike lança,
d’un air décontracté: « Alors c’est vrai, tu es vraiment
allée en Autriche? » Et Jennifer répondit: «
C’était génial. » Et Mike dit: « Et l’après-ski,
au chalet? » Ce à quoi Jennifer répondit: « Il
y avait de beaux gars, je te jure! » Et Mike dit d’un air relax:
« Tu as baisé? » Et Jennifer rétorqua: «
À qui le dis-tu! Quatre Autrichiens, baraqués, m’ont prise,
en même temps, devant un feu de foyer, sur une carpette de fourrure.
» Mike ne semblait pas trop étonné, car cela ne serait
pas cool du tout. Il dit simplement: « Quatre en même temps?
» Puis Jennifer dit: « Oui. L’un me mettait dans le cul, le
second par voie standard, le troisième dans la bouche, et je te
laisse deviner pour le quatrième! » Mike dit: « Ça
alors, c’est cool! » Puis Jennifer dit: « Excuse-moi, Mike,
je reviens, je vais aller me chercher une bière. » Et elle
marcha vers le cooler à bière. Mais, juste en approchant
de l’endroit où reposait le cooler à bière, elle aperçut,
dans la fenêtre (curieux, se dit-elle), une bouteille, toute fraîche,
et toute moite, de Molson Dry, sa bière favorite... Elle la prit
et s’en retourna conter à Mike ses vacances avec Jacinthe sur la
Grande Muraille de Chine.
Johnny se rendit compte qu’on
n’entendait plus de musique... Il se retourna. La fenêtre s’était
refermée. Il réfléchit. Il réalisa que quelqu’un
avait retiré la bouteille de Molson Dry, sa bière favorite,
qui maintenait le fenêtre en position ouverte, permettant ainsi à
tous ses invités d’entendre de la musique. C’était particulièrement
fâcheux. Johnny était désemparé. Il tenta de
découvrir un remède à cette catastrophe avant que
tous ses invités ne quittent sa belle terrasse et ne le laissâssent
tomber comme étant un être non-Hip par excellence. Il eut
une inspiration subite: pourquoi ne pas replacer une seconde bouteille
de Molson Dry sa bière favorite, entre les deux montants de la fenêtre
qu’il rouvrit, pour maintenir cette dernière en position ouverte,
derechef? Ce qu’il fit. Ouf! Tout le monde sur la terrasse entendit la
musique, ce qui était vachement cool... Satisfait de ce coup de
génie, Johnny s’en retourna à ses invités.
Lance était en train
de discuter surf avec Rick. Ils étaient, tous deux, allés
en Californie depuis un an, mais pas au même moment et ils ne s’étaient
point croisés, ce qui n’est pas cool. Mais ils évitaient
de parler de ce détail. Et Rick disait: « À Big Sur,
mon vieux, j’ai attrapé des vagues hautes comme ça! »
Et Lance répondit: « Oui, mais est-tu déjà allé
à Malibu? » Rick dit: « Oui, un après-midi seulement...
» Lance dit: « À Malibu, j’ai attrapé des vagues
hautes comme ça! » Et Rick dit: « À Big Sur mon
vieux il y avait des filles avec des seins hauts comme ça! »
Et Lance fit: « Tu as vu les filles de Malibu? » Rick dit:
« Un après-midi seulement... » Et Lance dit: «
À Malibu mon vieux, il y avait des filles avec des seins hauts comme
ça! » Rick était éberlué et stupéfait,
mais il ne le laissa, évidemment, pas voir, puisque la stupéfaction,
c’est bien connu, n’est pas cool du tout. Lance lui dit: « Je vais
aller me prendre une bière, et je te reviens. On parlera de Long
Beach. » Et il se dirigea vers le cooler à bière. Quelqu’un
avait installé une fort jolie bouteille ruisselante de Molson Dry,
sa bière favorite, juste dans la fenêtre. Il mit la main dessus,
et retourna discuter avec Rick de sujets divers se rattachant au surf.
Johnny fut saisi d’un
doute affreux, lorsque ses oreilles cessèrent d’ouïr la musique.
Il revint vers la fenêtre. Eh oui! Ce qui devait arriver était
arrivé! Quelqu’un avait retiré la bouteille de Molson Dry,
sa bière favorite, qui maintenait le fenêtre en position ouverte,
permettant ainsi à la musique de son lecteur CD de parvenir, plutôt
aisément, jusqu’aux tympans de ses invités (Johnny avait
aussi étudié un peu de biologie). C’était plus-que-regrettable.
Johnny était sans voix. Il essaya de trouver une parade à
ce mauvais tour du destin, avant que tous ses invités ne quittent
sa terrasse et n’aillent être Hip ailleurs, sans lui. Il eut une
idée assez fulgurante. Il ouvrit, de nouveau, la fenêtre,
et chercha un objet quelconque, dont il pourrait se servir afin de coincer
la fenêtre en position ouverte. Il ne trouvait pas d’objet de taille
appropriée... Le parasol du patio, était trop long. Sa montre
était trop petite. Le balai était trop long. Les cubes de
glace du cooler à bière étaient trop petits, et difficiles
à empiler les uns sur les autres, mais? mais? mais? « J’ai
trouvé » se dit Johnny, radieux... Il prit une bouteille de
Molson Dry, dans le cooler à bière (la Molson Dry, c’était
sa bière favorite) et la déposa sur le rebords de la fenêtre,
qui, de cette façon, resta en position ouverte. Tout le monde entendit
la musique, sur la terrasse, ce qui était assez Hip. Content de
ce coup de génie, Johnny s’en retourna à ses copains.
Jack venait de raconter une
farce à Murray... Murray riait, mais pas à chaudes larmes,
puisque ce n’est pas « décontracté » que de rire
trop fort. Il riait juste assez, juste bien et juste assez longtemps. C’était
très cool. La farce elle-même était cool... Pas trop
axée sur la politique (sujet non-Hip en puissance); un peu axée
sur le sexe (mais, pas trop, en même temps, pour ne pas avoir l’air
« en manque », ou « pervers », ce qui n’est pas
cool); pas trop grossière; pas trop intello; pas trop méchante;
pas trop rien. Une bonne farce, bien Hip. Jack avait entendu cette farce
au bureau, ce qui est cool. Pas dans une fête de famille, de la bouche
de l’un de ses oncles, ce qui serait atrocement anti-Hip, et pas à
la télévision, ce qui serait fatalement non-cool. Au bureau,
durant une pause, et autour du distributeur d’eau minérale: seule
source Hip de nouvelles farces en vogue. Bref Murray la raconterait, à
son tour, au bureau, le lundi suivant, durant une pause, et tout près
du distributeur d’eau minérale. C’était cool. Il arrêta
de rire, une seconde avant que cela ne fut plus « relax »,
et que ça devienne « trop » (trop, ce n’est pas cool),
et dit à Jack: « Jack, tu es un sacré farceur! Bon,
il me faut une bière, après avoir tant ri... Je reviens!
» Il alla au bord de la terrasse, aperçut une bouteille de
sa bière préférée (Molson Dry) posée
sur la fenêtre d’où s’échappait la musique, la saisit
d’un geste désinvolte, et revint d’un pas cool vers son ami Jack,
qui, déjà, avait commencé à raconter une seconde
farce à Cassie, une fille bien roulée, avec des seins du
tonnerre, et des hanches très Hip.
La musique cessa. En fait,
on l’entendait toujours, mais en sourdine, ce qui n’est ni cool, ni décontracté.
Johnny vint vers la fenêtre, et constata le désastre. On avait
enlevé la bouteille de Molson Dry (une bière dont il raffolait)
maintenant la fenêtre en position ouverte... Sans cette bouteille
providentielle, la musique du lecteur CD ne parvenait que de façon
étouffée aux oreilles des joyeux fêtards qui étaient
massés sur sa terrasse. C’était vraiment malheureux, et le
pauvre Johnny était comme abattu... Il se dit, d’un air relax: «
Eh ben, ça alors! Tout le monde l’aime, cette bière. On se
l’arrache! Et l’on ne peut pas en laisser une seule bouteille sans surveillance.
Il est vrai qu’elle désaltère tant, que c’est comme un nectar
divin, et, de plus, sans arrière-goût! » Avant que ses
invités ne quittent sa terrasse et n’aillent fêter ailleurs,
il ouvrit de nouveau la fenêtre, puis y coinça, comme les
autres fois, une bouteille bien fraîche de Molson Dry, sa bière-fétiche.
La fenêtre, de cette façon, resta en position ouverte. On
entendit, de nouveau, la musique. Une minute de plus et tout le monde s’en
allait... Ouf! Rassuré, Johnny s’en retourna à ses potes.
Myriam et Laurie causaient
shopping. Myriam avait trouvé une super paire de sandales rouges
(très Hip) chez Winners, et Laurie était jalouse. Mais, par
contre, Laurie portait une jupe extra de chez Geek Boutique, et des chaussures
non moins extra, de chez Dash, ce qui faisait littéralement pâlir
Myriam. La jalousie n’est pas très cool, et le fait de pâlir
n’est pas Hip du tout, alors, donc, ni l’une, ni l’autre, n’avaient la
moindre intention de laisser transparaître leurs émotions.
Puis, Myriam déclara: «Nous devrions aller faire la tournée
des friperies, ensemble, demain. » Laurie dit: « J’avais justement
prévu d’aller me chercher un chandail de chez Snug, demain. »
Myriam fit: « Excellent! On ira ensemble et on pourra s’acheter les
mêmes choses. » Puis Laurie dit: « Nous devrons nous
faire une grille-horaire, afin d’être bien certaines de ne jamais
porter les mêmes morceaux dans les mêmes soirées. »
Myriam acquiesça: « En effet ça ne serait pas cool.
» Et Laurie renchérit: « Pas cool du tout, du tout!
» Myriam dit: « Ton sac à main est craquant. »
Laurie répond: « Il vient de New York, je l’ai acheté
chez Ultim Oath. » Et Myriam dit: « Wow! » (mais, en
ne montrant pas d’excès d’enthousiasme, ce qui serait anti-Hip).
Laurie dit: « J’ai une de ces soifs! Il me faut une bière.
Attends, je reviens! » Une fois arrivée devant le cooler à
bière, au lieu de se pencher (elle s’était fait une entorse
lombaire, en sautant en bungee à Londres trois semaines auparavant)
inutilement, elle ramassa la bouteille de bière toute fraîche
qui traînait sur le tablier de la fenêtre, puis revint vers
Myriam, avec sa démarche sexy tout en étant hyper décontractée.
(Quelle chance... la bouteille de bière en question était
justement sa marque favorite: Molson Dry!)
Exit la musique. Silence.
Zut, se dit Johnny, l’air décontracté. Il revint à
proximité de la fenêtre. Plus de bouteille. Fenêtre
refermée, c’était à prévoir. La musique ne
parvenait plus aux oreilles de ses invités que de façon étouffée.
C’était problématique. « Vraiment, se dit Johnny, on
l’adore, cette bière! Elle désaltère sans arrière-goût.
» Et, avant que ses invités ne désertent son party
comme un seul homme, il rouvrit la fenêtre, puis y coinça,
une fois de plus, une Molson Dry fraîche. La fenêtre demeura
en position ouverte, et on entendait mieux la musique entraînante,
et cool, qui jouait sur son lecteur CD. Personne n’avait encore quitté
le party. Rasséréné, Johnny s’en retourna à
ses convives.
« Quel DJ préfères-tu,
entre Shortkut, puis Kwite Sane? » s’enquit Stacy. « Sûrement
Shortkut, je crois », répondit Kevin, avec un petit sourire
décontracté. « Mais, ajouta-t-il aussitôt, ces
deux-là ne font pas le poids, devant mon duo favori: Analog Pussy!
» Stacy dit: « C’est vrai que Jinno sait spinner de vieux vinyles
comme pas un et puis il est plutôt pétard, à mon avis!
» Kevin dit (d’un ton relax et amical): « Tu ne penses qu’à
ça. » Stacy rétorqua: « Pas toi? » Kevin
dit: « Pas toujours. Souvent, je pense à la musique. C’est
ma vie, la musique. » Stacy dit: « DJ Pfreud sera au Lukky
Lounge, mardi prochain. » Kevin dit: « Je connais le portier.
Tu veux venir? » Stacy dit: « Hum! J’avais prévu aller
entendre Kwite Sane au Camoë Bar, ce soir-là, mais, si tu m’offres
d’entrer VIP, au Lukky Lounge, pour DJ Pfreud, alors, là, oui, je
change d’avis! » En levant le pouce, d’un geste très Hip,
Kevin dit: « C’est entendu! Mardi soir, au Lukky... » Stacy
dit: « Génial. » Kevin déclara ensuite qu’il
avait la gorge aussi sèche que la chaussée de l’autoroute
qui traverse tout le désert du Mojave, puis il alla se chercher
une bière... Il allait retirer une bouteille des cubes de glace,
dans le cooler à bière, lorsqu’il réalisa que quelqu’un
avait abandonné une Molson Dry (sa bière favorite, et de
loin) sur le rebords de la fenêtre. Cette bouteille avait l’air seule,
et triste, là, dans la fenêtre, et, puisqu’elle était
encore bien froide et non encore ouverte, il la prit, et retourna auprès
de Stacy pour parler de DJ Maüs.
Johnny sursauta presque (ça
n’aurait pas été Hip), lorsque la musique se tut. Il marcha
vers la fenêtre. Bouteille disparue. Fenêtre close. À
prévoir. La musique ne parvenait plus aux oreilles des gais lurons
qui occupaient sa terrasse... C’était une calamité! «
La Molson Dry, ça ne reste jamais longtemps sans preneur! »
se dit-il, toujours cool malgré tout. Et il prit une nouvelle bouteille
dans le cooler à bière d’un geste cool, rouvrit la fenêtre
pour une ixième fois, y coinça encore la bouteille à
temps pour que les invités ne désertent pas son super party
Hip & cool. La fenêtre était de nouveau maintenue en position
ouverte, et on entendait la musique... Convaincu d’avoir résolu
son problème, Johnny s’apprêtait à quitter la fenêtre,
afin de retourner à ses invités, lorsque, tout à coup,
un brusque éclair de lucidité transperça son esprit,
relativement creux et anémique... Cet éclair de lucidité
était double en réalité. Il consistait en deux révélations
bien distinctes: 1) depuis trente-cinq bonnes minutes, il manipulait des
bouteilles de Molson Dry, sa bière favorite, sans jamais songer
à s’en ouvrir une pour lui-même! et 2) pourquoi ne pas maintenir
ouverte cette sacrée fenêtre avec une bouteille de Molson
Dry VIDE?
Johnny réalisa à
quel point il avait été stupide comme une mule. Puis cette
révélation double l’aida énormément: il fit,
même, d’une pierre deux coups, s’ouvrant une Molson Dry pour lui-même
(sa bière favorite; on le saura), et la versant DANS UN VERRE, tout
simplement, et, enfin, utilisant la bouteille VIDE pour coinçer
définitivement la satanée fenêtre EN POSITION OUVERTE
!!!
Fier de son coup, Johnny s’en
alla trinquer avec quelques gonzesses. Non, il n’avait pas l’air aussi
Hip que tous ses invités puisqu’il buvait à présent
sa bière dans un verre et non au goulot comme un vrai coolie, mais,
bon, il faut faire des concessions, dans la vie, et puis, très franchement,
cher lecteur, même vous, pendant combien de temps auriez-vous encore
accepté de poursuivre ce manège parfaitement ridicule?
La morale de cette histoire?
La voici. De deux choses l’une. Soit les jeunes qui boivent de la Molson
Dry sont VRAIMENT DES NAVETS HYDROPONIQUES (ça prend un tas de fois
à Johnny avant de trouver la véritable solution qui est tellement
bête que mon poulpe apprivoisé l’aurait découverte
avant, puis les autres, tous les autres qui prennent les bouteilles successives
sans s’apercevoir jamais de ce qu’ils empêchent la zizique d’être
entendue par autrui). Donc, disais-je, soit les jeunes qui boivent de la
Molson Dry sont des navets hydroponiques, ou soit les concepteurs de ces
« annonces » publicitaires de la compagnie, croient que les
jeunes qui consomment leur urine de jument sont, vraiment, de pareils imbéciles.
Lequel de ces deux postulats est le bon? Creusez-vous la cervelle si ça
vous chante. Moi, je vais aller me taper une Boréale, que quelqu’un
a laissé traîner sur le pas de ma porte.
On escamote le mot Cool!
Avez-vous remarqué?
Il y a en ce moment, dans les milieux soi-disants Hip, une espèce
de translation sémantique entre le vocable «Cool» (usé
jusqu’à la trame, ce en quoi votre serviteur n’a que peu contribué
dans le présent texte) et le mot Smooth, le nouveau venu sur la
scène des mots fourre-tout qui ne signifient rien, et qui, du même
coup, c’est bien sûr, signifient tout. «Smooth.» Bon!
Fallait le trouver... Ce mot est dans Harrap’s depuis environ l’an douze
après Jules César, mais personne n’y avait songé...
On ne pourra plus jamais, désormais, employer le mot cool... Même
cool n’est plus cool... À présent, ce qui est cool, c’est
smooth (Mello Yello, Molson Smooth Dry). Ça ne signifie pas que
ce qui, auparavant, était cool, n’était pas smooth aussi;
mais, bon, le mot n’avait pas encore été découvert
par tous les concepteurs publicitaires, et les gens cool (devenus smooth,
ou en devenir, tout cela me semble embrouillé).
Changeons nos Noms
Jennifer Lopez se fait à
présent appeler JLo. Ça m’énerve au plus haut point.
Je sais que c’est cool (oups! pardon: je voulais dire: « smooth »)
de raccourcir son nom, mais là vraiment, dans un sens, ça
fait nul au carré... Jusqu’où poussera-t-on ces stupides
merdes d’abréviations? Et pourquoi est-ce si à la mode? MIB.
T2. MI:2. SG-1. C.S.I. ER. Assez de cette tendance pseudo-minimaliste crétinative!
Ça fait chier. C’est gaga... Est-ce qu’on se moque de nous? Sommes-nous
encore à la garderie pré-maternelle du cerveau?
Amusez-vous à découvrir
qui sont les acteurs suivants:
MDo
ASh
TCr
SSp
SSt
HKe
JRo
MRo
DJo
HFo
HFo (non, ce n’est pas une erreur: il
y a bel et bien deux HFo)
DDu
CWa
BPi
ABa
APa
AHo
WSm
MSh
GCl
RLo
Et que dire de nous-mêmes,
ici, à Ma Commune Légère: LRa, DPê, SPa, GDe,
Dki, et MMa, et cetera! Cette mode est vraiment du plus bas pathétique
qui soit. Ceux qui l’ont inventée puis popularisée devraient
bien la reprendre, la rouler serré, et se la rentrer dans le rectum,
et tourner. On s’en fout. On ne veut rien savoir. Bande d’épais!
Autres noms stupidissimes
Puisqu’il y a déjà
je ne sais combien de millions d’adresses ignobles dedans mon fichier Block
Sender de Hotmail et que je ne puis en bloquer davantage, excepté
en m’abonnant et en payant mille dollars par mois à monsieur Bill,
je reçois en ce moment, du junk mail comme vous vouvez point imaginer...
Essentiellement, ce ne sont que des Tax Tips et des How To Enlarge Your
Penis Quickly. La nouvelle vogue, à ce que j’ai cru remarquer, est
que ces e-mails ne sont plus du tout des adresses illisibles, mais bien
des noms... De vrais noms (apparemment) de gens comme vous et moi... Un
prénom, suivi d’un patronyme. Comme si, tout à coup, c’étaient
des gens bien ordinaires, qui voulaient nous refiler leurs Tax Tips à
la con et leurs méthodes probablement mortelles de Penis Enlargement.
En voici justement quatorze
des plus juteux. Une sélection maison. Je vous assure, je vous affirme,
je vous jure solennellement que je n’invente rien, rien du tout. Rien de
rien et je n’ai même pas changé une seule lettre dans un seul
de ces noms imbéciles:
Calum Zan
Steve Lobq
Khursten Bian
Apollo Cyrah
Julisha Castel
Khalida Lysandra
Antony Isaiah
Michi Kira
Greer Russ
Matthias Kaloosh
Israel Tamas
Kuri Danil
Selena Fynn
Kynan Daqmar
Connaissez-vous quelqu’un
qui aurait véritablement eu le force de caractère de ne PAS
se suicider à l’âge de dix ans, s’ils s’étaient appelés
Greer Russ ou Calum Zan? Hein?
Wake up and smell the coffee!
Moi, j’ai choisi « Pharamond », comme nom de e-mail, en 1998.
C’était Hip à l’époque. À présent, ce
n’est plus Hip du tout... C’est dépassé et même que
je songe à changer mon e-mail pour « Jean », tout simplement.
À présent c’est la simplicité poussée à
l’extrême, qui est dans le vent. Alors, vous savez, avec vos Kaloosh
et vos Lobq de mes deux fesses, vous ne m’impressionnez PAS DU TOUT...
Vous venez juste d’avoir cette idée-là? Vraiment? Eh bien,
bravo! Cinq ans de retard, hé! hé! ce n’est pas rien. Il
y a être attardé, et être hyperattardé, les gars!
Vous êtes des dinosaures. Tout le monde peut faire ça, inventer
des noms weirds. Depuis seize ans que je fais jouer à des role-playing
games dans des univers fictifs, croyez-moi si je vous assure que j’ai bien
dû inventer à peu près l’équivalent de l’annuaire
téléphonique de la Ville de Montréal juste en noms
bizarres. Tu m’as bien entendu, Kynan Daqmar, espèce de triple buse?
Cessez de m’envoyer vos Tax
Tips à la con. Je paie beaucoup de taxes, mais il n’est pas encore
né, celui qui me privera du plaisir de payer TOUTES mes taxes, jusqu’au
moindre sou! Si quelqu’un veut me faire payer ne serait-ce que cinq sous
de moins, l’an prochain, il faudra me TUER d’abord! Moi, je ne vous ai
RIEN demandé. Allez juste chier... Je ne vous demande pas grand-chose...
Je ne vous demande pas d’aller vous tirer une balle, ou d’aller vous faire
pendre ailleurs. Non. Je vous demande juste d’aller CHIER! Prenez un rouleau
de papier-cul, comme dans une pub de Charmin’, et prenez une boîte
de chaux, et puis... allez chier! Vraiment! Allez-y. Taïaut! Allez
chier.
Et, pour ce qui est de mon
pénis, si jamais quelqu’un essayait de m’y rajouter ne serait-ce
qu’un dixième de millimètre en longueur, je vous promets
que ce gars sera rapidement soulagé du poids de ses dents, à
coups de batte de baseball, dans la gueule. Je ne vous ai rien demandé,
ni pour ma queue, ni pour le reste. Allez emmerder les gens ailleurs. Vous
êtes des crétins. Vos pères sont des crétins.
Vos mères sont des crétins. Et vos soeurettes sont des crétins.
Et vos frères sont des crétins. Et vos enfants sont des crétins.
Et puis vos meilleurs amis sont des crétins. Même vos chats
sont des crétins. Allez chier, crétins.
Premier problème nul : Paul Martin
La prochaine fois qu’un
journaliste parle de Paul Martin, je vomis. Fichez-nous la paix avec Paul
Martin. Cet homme parfaitement drabe est un non-sujet de conversation.
Paul Martin est un petit garçon qui veut venger son papa, c’est
tout. Yep! Son papa a, jadis, fait campagne, pour devenir Premier ministre,
mais il n’a pas été élu... Sorry... De toute façon,
je n’y étais même pas, à l’époque. Sauf que
Paul (garçonnet en ce temps-là, et tous les bambins ont le
coeur tendre, c’est connu) n’a point digéré de voir perdre
son papa. Alors il s’est fait un serment secret dans son coeur de petit
gars, un serment comme seul un petit garçon peut s’en faire un:
« Je vais devenir politicien moi aussi, comme papa, et tout la monde
va m’aimer, et ils m’aimeront tous, à un point tel qu’ils VOUDRONT
de moi comme Premier ministre, ils me supplieront presque de l’être.
» Eh oui. C’est fou les petites histoires de famille, hein? Combien
de gens peu ou pas inspirés se choisissent des professions qui sont
tout bêtement celles que pratiquaient leurs parents (inspirés)?
J’ai de la peine pour eux. Et pour en revenir à Paul Martin, je
n’ai rien contre son père, mais son échec d’antan n’est pas
une raison pour se lancer en politique... Voici ce que je pense de Paul
Martin: il m’énerve. Je ne suis pas capable. J’ai essayé.
Très fort. J’ai vraiment essayé. Mais c’est peine perdue.
Je ne suis PAS capable. Je ne PEUX pas. Il a l’air un peu d’un poisson
hors de l’eau. On dirait qu’il a du mal à demeurer en vie. Oui!
Regardez son visage: il est toujours livide, abscons; et regardez son expression:
cet homme semble en état de perpétuelle hébétude,
exactement comme s’il était un Martien déguisé en
humain et dont le petit dispositif dans l’oreille droite, qui lui traduit
le langage des humains, et les questions des journalistes, était
sur le point de cesser de fonctionner. Paul Martin est toujours aux abois,
comme traqué par on ne sait qui... Il regarde toujours un peu vers
le haut. Il a peur que le ciel lui tombe sur la tête, ou je ne sais
quoi. Ses grands yeux vides, regorgeant d’une pâleur apathique et
d’un Vide quasi-arithmétique. Pourquoi est-il dans le Parti Libéral?
Pourquoi diable ne va-t-il pas travailler pour Jojo Savard, comme tous
les hébétés perpétuels de ce monde? Jean Chrétien
est un cave, et un clown, mais, au moins, il a le mérite colossal
de ne même pas essayer de s’en cacher... Il est un cave Fier De L’Être
et un clown National et Public, et il le prouve quotidiennement! Tandis
que Paul Martin est un lunatique qui essaie de nous faire croire qu’il
n’est pas un lunatique.
Second problème nul : le lisier
de porc
L’on n’arrête
pas d’en entendre parler. Dans tous les Cantons de l’Est, les producteurs
de porc croulent, pataugent, se noient sous la merde... L’épandage
du lisier, les gars, c’est à peu près aussi dégueulasse
que de déguster des sangsues vivantes avec de la marmelade au brocoli,
et je pèse mes mots! Il y a, vraiment, en Estrie, des kilotonnes,
que dis-je! des mégatonnes, que dis-je! des gigatonnes du fumier
de porc. L’Estrie, c’est du fumier. Tout ce qui se trouve au sud-est de
Montréal, c’est un océan de fumier de porc. On épend
le lisier partout; on manque même de superficie pour épendre
le fumier. C’est devenu toute une science! Combien épais doit-on
épendre afin d’épuiser le stock de caca de l’année?
Si un producteur de porc a quarante mille tonnes de lisier, et dispose
de vingt-sept point cinq hectares de terrain polluable, combien de pouces
de merde doit-il étendre sur ses terres pour épuiser son
fumier? Ah! ah! ah! Je ris, mais ce n’est PAS drôle... C’est même
d’un ridicule qui tue... Ce putain de fumier toxique au phosphore, se retrouve,
grâce à l’irrigation, dans les puits artésiens, dans
l’aqueduc, et, par conséquent, dans le café, ce qui est positivement
inacceptable. Comment stopper ce cercle vicieux idiot et tellement con
que c’en est affolant? Je vais vous le dire. Abolissez juste le droit des
producteurs d’incorporer des laxatifs dans la moulée pour que les
pauvres porcs chient plus vite, et pour qu’ils se regoinfrent plus rapidement,
et engraissent plus rapidement, etc... There’s no end to that shit. Sans
laxatifs, le fumier du porc n’aura pas plus de phosphore que les crottes
des chevaux dans les rues du Vieux-Montréal... Bien sûr, la
production sera plus lente. Hoon! j’en pleure déjà... On
bouffera du tofu, tiens! Voilà. Arrêtez de tripper cash; trippez
plutôt tripes de porc en santé que pour l’instant vous faites
chier.
Troisième problème nul
: le hockey est platte
Si quelqu’un trouve ça
excitant, le hockey, tant mieux pour lui. Car il n’en faut pas beaucoup
pour l’exciter, le chanceux! Moi, je trouve ça soporifique... Sincèrement,
pour moi, NHL est dorénavant synonyme de chloroforme... On veut
des buts! on veut que ça score une fois toutes les minutes, comme
dans la NBA. Eh! Que ça bouge! Marre, marre, marre des parties qui
se terminent un à zéro en troisième prolongation.
Zzzzzzzzz. Vous me réveillerez quand il y aura quelque chose. De
l’action. Je sais pas. N’importe quoi! Je vous en conjure, do something!
Vous voulez connaître ma petite solution, encore une fois toute simple?
Licenciez tous les gardiens de but... Parfaitement! Donnez-leur leur quatre
pour cent. Ils sont trop bons. Ils sont extraordinairement bons. Ils sont
en fait si bons qu’ils tuent la game, qu’ils éteignent le jeu. Exit
les gardiens professionnels! Patrick Roy, Dominik Hasek, José Théodore,
Curtis Joseph, et tous les autres: à la porte! Désolé
pour vos carrières. Ne le prenez pas personnel, surtout... C’est
pour le bien du hockey. Qu’on place dans les buts des gars normaux... Des
invités... Cette samaine, devant le filet du Canadien, Jean-René
Dufort! La semaine prochaine, David Levine! Puis la semaine d’après,
Claude Rajotte! Whatever... On s’en sacre... Du moment qu’ils sont poches.
Et ce serait comme ça pour TOUTES les équipes de la NHL...
On peut même faire un tirage au sort parmi les partisans, au début
de chaque rencontre! Le siège «rouge-131-G» sera dans
les buts ce soir, venez, monsieur, on va vous padder bien comme il faut,
et essayez d’arrêter les pucks. Et, avec les trillons de dollars
qu’on économise en salaires, on peut sûrement se permettre
de donner une petite récompense au gardien du jour. Oui. Voilà.
Ça vous paraît fou? Pas tant que ça! Le jeu en serait
AUTOMATIQUEMENT tout à fait transfiguré. Je vous le jure.
Il y aurait plein de buts. Plein. Ce serait (enfin) intéressant
à regarder. Et ce serait palpitant, comme au basket... Le vent du
match pourrait virer de bord huit ou neuf ou dix fois dans une partie.
On ne sait pas comment ça va finir! Tout est possible! Ça
nous garderait en haleine jusqu’à la toute fin... Il y aurait des
scores qui changent, à chaque cinq minurtes: 2-1, 3-1, 3-2, 4-2,
4-3, 4-4, 4-5, 5-5, 6-5, 7-5, 8-5, 9-5, 9-6, 9-7, fin du match.
David
Pêle-Mêle
|