Bonjour
à vous, mes amis lettrés et illettrés de tout poil.
Ce mois-ci, je souhaiterais vous entretenir d’une des petites merveilles
méconnues de la physique des fluides, j’ai nommé le verre
d’eau.
Et bien oui, quoi
de plus banal et d’ordinaire qu’un verre d’eau, me diriez-vous ? Peut-être
une seiche molle. Mais revenons à notre sujet. Le verre d’eau, dans
toute sa splendide simplicité, se décompose en deux parties
fondamentales et non miscibles. D’une part nous avons le verre, et de l’autre,
l’eau. Cela peut sembler stupide au premier abord mais beaucoup de personne
ne les différencie pas. Combien de fois avons-nous entendu quelqu’un
demander un verre ou un autre demander de l’eau, sans jamais paraître
déconcerté par leur ignorance. Aussi ne nous étonnons
pas de voir ces tristes individus se faire servir un verre de vin rouge
ou une carafe d’eau. Ah ! Les sycophantes glaireux !! Il y a des choses
à respecter, surtout au niveau de la physique des fluides. Mais
je m’égare encore. Nous avons donc deux parties, plus généralement
appelées le CONTENANT (le verre) et le CONTENU (l’eau).
Pour bien étudier
le verre d’eau (et vous pouvez le faire chez vous à la maison en
toute sécurité) munissez-vous d’un verre en verre (de la
silice vitrifiée), de forme cylindrique, creux en son centre et
bouché à l’une de ses extrémités. S’il n’est
pas bouché c’est que vous avez pris un tuyau, et s’il l’est aux
deux extrémités, il s’agit d’un sceau cylindre de l’époque
assyrienne. Évitez les verres en plastique, en métal ou toute
autre matière opaque. Vous ne pourrez pas apprécier la couleur
de l’eau (nous y reviendrons plus tard). Votre verre en main, versez de
l’eau dedans jusqu’au deux tiers du verre. De l’eau du robinet suffira
amplement, mais si vous tenez à
prendre de l’eau en bouteille ou à une source quelconque, je ne
vous en empêcherai pas. Nous sommes encore dans une démocratie
à ce que je sache. Si l’eau s’écoule sur les parois, peut-être
tenez-vous votre verre à l’envers. Il est donc bien important d’orienter
l’extrémité ouverte du verre vers le haut. Il est capital
aussi de mettre de l’eau DANS le verre, et pas l’inverse. Sinon l’expérience
est foutue.
Maintenant, intéressons-nous
au couple quasi symbiotique, formé par le verre et l’eau. A une
pression atmosphérique normale et une température de 25 °C,
l’eau, avec une aisance remarquable, s’adapte parfaitement à la
forme du verre. Cette propriété découle (si je puis
dire) du fait que l’eau est un fluide. Étonnant non ? Mais il y
a mieux. L’eau, au début incolore, inodore et sans saveur, n’est
nullement altérée par sa nouvelle situation (à moins
que le verre soit sale, mais ça, si vous
ne faites pas bien
votre vaisselle, j’y peux rien). Autre caractéristique du verre
d’eau. S’il n’y a pas de vibrations nuisantes, la surface supérieure
du liquide reste horizontale, quelle que soit l’inclinaison du verre (passé
un angle de 45°, la situation devient plus dangereuse pour vous). Pour
terminer, reposez votre verre sur la table et constatez avec joie, qu’il
ne se passe absolument rien. Et ça, ça c’est merveilleux.
J’en reste encore ébaubi.
Cette petite expérience
émane directement des travaux d’Archimède, qui fut le premier
à s’y intéresser. Il fit d’autres recherches toutes aussi
passionnantes. Citons entre autre : mettre de l’eau dans son vin ou de
l’huile sur le feu, le verre de vin (une variante), le vers de douze (qu’il
nommera plus tard alexandrin, en hommage à sa cousine Alex-Sandrine),
le ver de farine, le bleu de travail et le jaune d’œuf.
Le
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