Malgré la censure pressante et infâme du Rastaquouère,
notre éditeur, nous persistons à écrire, oui, dans
l’espoir d’être un jour publiés, et récompensés
largement par un pécule plus qu’improbable. Ce mois-ci nous vous
offrons la suite
de notre réflexion sur les Talibans
et sur la situation explosive que les médias couvrent si abondamment.
Depuis les fameux attentats,
dans tous les médias, lorsque le peuple se prononce, dans les rues,
dans le métro de New York par exemple, ou n’importe où ailleurs
en Amérique, on entend de telles énormités que ç’en
est désespérant, et l'on en vient a se demander si une telle
légitimité quasi-aveugle n’est pas une
pure émanation de ce que Noam Chomsky
appelait le «manufacturing consent ».
Dans cette grande mare de
matière grise stagnante qu’est l’inconscient collectif américain,
à force de trouver cette sorte de fixation sur le « personnage
» de Ben Laden (en bouc émissaire parfait), le bon peuple
des États-Unis semble oublier petit à petit que la mort tant
souhaitée de l’individu en question n’arrangera rien aux choses,
et, même, dans la mesure ou on fera de lui très probablement
un martyr, du moins chez les musulmans, les empirera, d’autant plus.
Les Talibans ont même
proposé aux alliés de juger eux-mêmes éventuellement
leur « invité » par le biais d’un tribunal islamique,
ce qui n’est pas aussi doux que l’on pourrait croire (considérant
que la pire sentence possible dans ce genre de procédure est la
décapitation), mais, devinez quoi…
monsieur Bush préfère avoir fort opportunément le
feu vert pour brûler beaucoup de carburant et lancer des centaines
de missiles afin que l’armée, ensuite, les rachète aux lobbies
qui lui ont procuré les augustes clefs de la Maison-Blanche il n’y
a pas si longtemps. Il faut juste se souvenir que les maîtres-penseurs
des talibans ne sont rien de moins que les meileurs alliés des Américains
dans le monde Arabes : les Wahabis d’Arabie Saoudite.
On pourrait dire, même
si ça semble un peu gros, oui, nous l’avouons, que George W. a récolté
ce qu’il avait semé; « He Was Picking a Fight » comme
on dit : il cherchait la bagarre. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir,
il n’a fait que se promener autour du globe et de taper un peu partout
sur tout le monde. On pourrait dire qu’il a cherché ce qui est arrivé
(en un sens), mais pensez-vous que l’électorat américain
se souviendra de tout ça dans trois ans? Jamais de la vie! Bien
au contraire. On ne «punira» aucunement le petit bonhomme qui
avait presque intentionnellement cherché la bagarre : c’est plutôt
l’inverse qui se produira. Il sera réélu avec une solide
majorité. C’est illogique, certes, mais celui qui a – indirectement
– occasionné tout ça, est celui qui en devient le héros
à tort ou à raison. C’est un
Président qui, ne l’oublions pas,
a été élu avec trois cent mille votes de moins que
son adversaire, mais qui, à présent, grâce à
ce conflit absolument providentiel pour lui, il peut rehausser sa cote
en faisant jouer la ferveur patriotique, et il est d’ailleurs en passe
de devenir le Président le plus populaire depuis FDR.
Mais Bush, en vérité,
est un Président qui en moins d’un an a réussi le tour de
force déplorable de briser (ou de ne pas signer) au moins trois
traités internationaux importants, de fermer les yeux sur le problème
palestinien en appuyant inconditionnellement le gouvernement israélien,
et à brimer ainsi encore davantage un peuple qui n’est déjà
pas très favorisé par sa situation politique et géographique.
Il en va de même, dans des circonstances à peine différentes,
en Iraq, et, justement, en Afghanistan.
Le drôle d’impérialisme
commercial qui est devenu la marque de commerce des États-Unis partout
dans le monde a engendré ses avatars monstrueux, et voilà
où nous en sommes; c’est une politique malsaine qui humilie les
musulmans, et c’est pourquoi ceux-ci se révoltent aussi bruyamment
: l’Honneur est une vertu
immensément plus puissante chez
eux que chez nous, les
Occidentaux. La question ne sera pas réglée
avec des bombardiers B2 Furtifs ni avec des missiles air-sol, mais par
le développement, et en tentant de favoriser le plus possible le
partage des richesses (il existe aussi un seuil de pauvreté et de
misère au-delà duquel aucune nation ne devrait avoir à
être). Bref, la seule solution, pour combattre efficacement l’intégrisme
religieux, est le développement durable et l’accès à
une éducation de qualité.
Seb Patry
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