PÉRÉGRINATIONS TUNISIENNES 2
par Seb Patry
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L’incident de Tabarka : une fois arrivé au club nautique de Tabarka, je fais une réservation pour plonger le jour même (malgré que j’ai voyagé toute la matinée), et en plus je décide d’opter pour une formule économique: j’achète 25 plongées. Suite à tout ça, je dis à mon Divemaster que j’ai une Nikonos pour faire des photos sous l’eau, il me regarde déconcerté, et m’explique qu’il est strictement interdit de prendre des photos sous-marines à Tabarka. Je lui demande pourquoi, et il me répond qu’il n’en connaît pas la raison. Déprimé, je rentre chez moi à l`hôtel de la plage me préparer pour plonger sans ma caméra. Mes premières plongées furent très décevante puisque j’avais encore en tête la grande barrière Dela Rivera Maya... 
Un jour, notre vieille bicoque, qui devait nous emmener plonger, tomba en panne : le moteur refusait de démarrer, alors on m’envoya plonger avec les gens du Crabe, en route pour le site, sur une super-embarcation. Je remarquai qu’un Tchèque qui ne parlait pas un mot de français sortait la même caméra que moi (avec, en plus, un immense flash). Je restai ébahi; personne ne pipa mot, et moi, je ruminai. Le lendemain, la vieille embarcation du club nautique était réparée. J’emmenai mon appareil sur le bateau; trois minutes plus tard, on me demandait poliment d’aller au poste de police voisin du club: deux ou trois policiers m’y attendaient. Ils ne parlaient pas français et me faisaient signe de m’asseoir. J’attendis un long moment, puis parût le‘capitaine’, qui regarda mon appareil, essaya de sortir le film (sans succès). De peur qu’il ne brise le mécanisme, je lui montre comment l’ouvrir; il m’explique que s’il me revoit avec cet engin dans le coin, il me le confisquera, et que je risquerais de me retrouver illico presto en taule. Je lui demandai pourquoi tant de problèmes pour prendre des photos de poissons, et il me dit que « c’est la Loi », et c’est tout! Bien entêté, je demandai au capitaine comment je pourrais avoir un permis pour prendre des photos sous l’eau. Il me dit que c’était le capitaine du port qui s’occupait de ce genre de choses. Je cherchai, et trouvai la Capitainerie, pour attendre un autre (long) moment une entrevue avec le capitaine portuaire. Ce dernier, très cordial, et dans un très bon français, m’indique que ce sont les gendarmes qui s’occupent de cela; je lui apprend qu’ils m’envoient ici. Il prend le téléphone, et appelle le capitaine des gendarmes; je ne sais pas du tout ce qu’ils se sont dit, puisque c’était en arabe. Ils devaient certainement se foutre royalement de ma gueule. 

 En conclusion, il me dirent que si un tel permis existait, c’était au seul ministère de l’Intérieur qu’il fallait s’adresser, à Tunis même. J’ai jamais vraiment compris pourquoi c’était interdit, parce qu’à Sousse, à Monastir, à Hergla, j’ai pris quantité de bons clichés sans que personne ne m’ennuie, et je les publie pour vous, en exclusivité. Ma réflexion finale sur ce pays est que la Paix et la Prospérité tunisienne ont un prix : un régime de police et de surveillance très perfectionné qui mise sur la délation, la peur, et, par le fait même, je tiens à féliciter monsieur le président Ben Ali pour sa toute nouvelle candidature à sa propre succession, et vous rappeler que ce dernier a certainement fait de bons cours de perfectionnement aux États-Unis.

Prochain épisode : le Mali. Ça va vous changer un peu!
 

   

   

Seb Patry 
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