Depuis
des années, je me pose inlassablement la même question. Celle-ci
se veut grave et tout à fait d’actualité – étant donné
sont omniprésence dans tous les médias; anti-rouille métropolitain?
(www.antirouille.com) Est-ce que
quelqu’un dans l’assistance connaît la réponse? Si vous avez
deviné le sujet de ma chronique d’aujourd’hui, vous êtes forts!
Sinon: revenez quand vous serez plus grands (la taille d’un hambourgeois
de J’M La Frite) ou quand vous aurez atteint le niveau adéquat
de jugeote. Je dénote chez vous une nette carence en Guru,
et cela me contrarie. Non mais! Il y a une limite à ma patience!
Allez! Du balai! Et je vous exhorte à vous enfiler, illico presto,
mes petits Gilbert Bécaud, derrière votre cravate noire à
points blancs, une canette de Guru, cette mixture on ne peut plus
ravigotante – et je ne suis pas payé pour le dire! Guru -
quand t’es végétal, ça booste!
La pub nous envahit
et je ne vous apprends rien de neuf en vous disant cela. C’est comme si
je vous disais que Céline Dion était lesbienne et qu’elle
couchait avec Sonia Benezra. Ce n’est pas tant la publicité qui
me dérange – me dérange – me dérange – me dérange
- mais plutôt de la façon dont elle nous est servie. Un bon
exemple de cette débandade publicitaire, c’est la campagne télévisuelle
de Flex-O-Flex (soulage là où ça fait mal!)
ou encore, plus récemment la réclame du Super Club Vidéotron
(…des tonnes de copies, pis ça, ça énerve). On pourrait
appeler cela de la grosse paresse et ce serait un euphémisme. Qui
sont les ronds-de-cuir qui ont songé à ces concepts abrutissants?
Répéter inlassablement le même slogan pour nous le
faire rentrer dans le cerveau de force… C’est frapper en dessous de la
ceinture – surtout pour les gars. Les artisans des ces publicités
se sont-il inspiré du supplice de la goutte japonais, de la
lobotomie irlandaise ou, encore, d’un mauvais disque d’Alain Morisod et
Sweet People? Je ne puis vous le dire. Cependant, je sais de source sûre
que Flex-O-Flex est un médicament très onéreux
(une bonne vieille aspirine devrait vous soulager) et que Le Super Club
Vidéotron achète des boîtes vides pour donner l’impression
qu’il y a vraisemblablement des tonnes de copies. Bref, ce sont des crosseurs!
Et, au fond, c’est ÇA qui énerve la concurrence - et tous
les téléspectateurs, incluant votre serviteur ici présent!
J’en ai assez du lavage de cerveau! Tant qu’à faire, pourquoi ne
pas mettre à l’écran, pendant trente secondes, le logo de
la compagnie accompagné d’un son strident qui crée des dommages
permanents à l’ouïe. Là vous pouvez être certain
que le téléspectateur se souviendrait du produit. C’est une
bonne idée, n’est-ce pas? Surtout pour le pedlar d’appareils auditif…
Vous me trouvez sévère?
Sachez qu’avant de faire cet article et de véhiculer des quolibets
à l’adresse de ceux qui font notre pub télé, comme
je me targue d’être toujours consciencieux, voire rigoriste, dans
toutes mes entreprises, il fallait que je sache si je me trompais en écrivant
dans votre feuille de chou préférée qu’il ne fallait
pas la tête à Papineau pour créer une publicité
digne d’intérêt, et ce, en ne négligeant point le but
premier de l’exercice : faire vendre le produit annoncé. En gros,
je ne voulais pas cracher mon venin virulent sur les publicistes sans avoir
moi-même mis la main à la pâte et prouvé hors
de tout doute raisonnable que faire de la pub, c’est de la tarte. Ne reculant
devant rien, j’ai donc retroussé mes manches et fait venir mes gens
dans la salle commune pour leur faire part de mon idée : faire moi-même
une pub de trente secondes. Après leur avoir expliqué le
concept, je suis allé m’asseoir dans ma chaise de réalisateur,
avec mon nom écrit en gros à l’arrière du dossier,
et j’ai commencé à donner des ordres avec mon mégaphone.
C’était beau de voir ces petites fourmis s’affairant à confectionner
ma pub et je peux dire que le résultat final fut au-delà
de mes espérances. Maudit que je suis bon!
Je vous explique
brièvement de quoi il en retourne. C’est une annonce pour le Château
Champlain en collaboration avec le fromage P’tit Québec de
Kraft.
Imaginez Monsieur Fromage, un être hybride, à mi-chemin entre
Rodger Brulotte (voir l’article sur les Nabots) et un morceau de fromage,
bref une crotte de fromage vivante, travaillant comme laveur de vitres
dans les gratte-ciel du centre-ville. La créature, qui n’est pas
sans rappeler le Sphinx mythique des Grecs, a, évidemment, été
totalement créée dans les studios de MCL à l’aide
du logiciel 3D Studio Max et d’une figurine que nous avons numérisée
de Monsieur Patate en costume d’animateur de base-ball. C’est du
jamais vu! Une journée que Monsieur Fromage lave les vitres au sommet
du célèbre Château Champlain, un violent coup de vent
le propulse hors de sa nacelle! Il se retrouve, par les mauvaises grâces
du dieu Éole, en chute libre le corps frottant littéralement
sur les parois du Château Champlain, parois qui, vous le savez, mes
petites têtes de veau, sont identiques à celles d’une râpe
à fromage. Ainsi, au lieu de mourir écrasé sur l’asphalte
du stationnement, il se trouve à tomber directement sur le dessus
d’une épaisse tranche de pain de ménage flottant dans un
bol géant de soupe aux oignons. Monsieur Fromage est râpé,
et la soupe prête à être gratinée par le cuisinier
de l’hôtel.
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Sans mauvais jeux
de mots, il y a ici tous les ingrédients pour plaire à notre
public-cible, le Québécois moyen. Monsieur Fromage, par sa
bonhomie et sa fraîcheur, saura se faire aimer des jeunes enfants
(il est plus sympathique que Barney le dinosaure, et Mon Marco, ce qui
n’est pas peu dire) et, de surcroît, comme Monsieur Fromage ressemble
beaucoup à Rodger Brulotte, les quétaines s’identifieront
à coup sûr à cet anti-héros. La séquence
en chute libre plaira aux ados avides de sensations fortes, de sports extrêmes
et de suicide. La finale, avec Monsieur Fromage qui est râpé
sur les parois de l’hôtel et que le cuisinier du Château Champlain
fait gratiner expertement sur l’épaisse tranche de pain de ménage
flottant dans ce bol géant rempli d’une appétissante soupe
aux oignons, donnera l’eau à la bouche à tous les gloutons
et sadiques nazis de la province.
Une bonne publicité,
ça accroche, et, soit dit en passant, il ne faut pas trop s’en sentir
diminué : le commun des mortels se voit, malgré lui, programmé
par le diable - le publiciste. Oui, vous êtes des petits pantins,
des moutons qui suivent le troupeau. Par exemple, je vous pose la question,
mes petits robots : qui n’aime pas brouter dans les champs vêtu d’un
paletot ou d’un falzar griffé. Moi-même je me laisse convaincre
par les démons de ce monde! D’ailleurs, je viens tout juste de me
procurer au marché aux puces une magnifique redingote de la Compagnie
de la Baie d’Hudson en peau d’ours griffé – à vrai dire,
la machine satanique publicitaire faisant son œuvre, j’étais honnêtement
très contrarié du fait que mon costume de gorille n’était,
lui, point muni de griffes. Il va sans dire que, de nos jours, le comble
du ridicule serait quelqu’un qui irait chez le vétérinaire
pour faire dégriffer ses vêtements. Il ne faut pas, mes biquets!
Quand on est IN, il faut des griffes, pour sortir!
En terminant, j’aimerais
m’excuser, chers lecteurs, de ne pas avoir su, malgré mon nouveau
bagage publicitaire, répondre à une simple question : antirouille
métropolitain? Si quelqu’un connaît la réponse, veuillez
m’écrire un petit courrier électronique.
Rastaquouère
MacO'mmune
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