L'un des deux twits, le plus jeune des deux,
Ebert ou Roeper (je ne saurais dire), a parlé du navet de Peter
Jackson. Cette émission de critique cinématographique est
meilleure que Reviewers At Large, l'autre programme du même genre
qui était là avant. Alors ce crétin nous dit: «
Encore un gros film commercial! » Et, deux minutes plus tard, le
voilà qui se plaint du fait que c'est trop long, que trois fois
trop de personnages empêtrent l'histoire, et que la fin est la chose
la plus inconcluante qui soit. Finalement, il aurait voulu un nombre hollywoodiennement
décent de personnages, une durée normale, selon des standards
hollywoodiens, et une fin pure et probante à la Hollywood. Encore
un gros film commercial? Branche-toi, l'ami! Tout ce que tu nous dis nous
laisse croire que ce n'est pas du tout fait à la façon d'Hollywood.
Et ensuite tu viens clore tes élucubrations de macaque bigleux en
disant: « Encore un gros film commercial! »
Faudrait savoir! Espèce
de moule à l'intelligence de pétoncle.
De toute manière, cet
Anglais maniéré n'a même pas lu les livres et il se
targue de vouloir juger ce film. Est-ce que je vais perdre mon temps avec
des poires qui n'ont même pas lu? Tout de même! Oui, c'est
un mauvais film, mais il faut le flouer juste pour les bonnes raisons.
Pas parce qu'il dure trois heures. Pas parce qu'il dépasse le quota
Bruce-Willisien de personnages principaux dans un synopsis ou qu'il se
termine en queue de poisson. Non. Faut déféquer sur cet affreux
salmigondis pour les vraies raisons.
Il y a pourtant un peu de
bon là-dedans. Pas beaucoup. Mais pour peu qu'on y regarde, de près,
il y en a! Le simple fait de voir les ruines de la vieille tour d'Amon
Sûl est une sorte rêve! C'est cela qui va rester. Ce genre
de chose. Pas le combat contre le Troll des cavernes. Pas les mines caricaturales
percées par Saruman autour de son ridicule pseudo-Orthanc. Pas les
boisés mystico-hallucinatoires le Lothlórien, dont le rendu
était supérieur en tous points dans le dessin animé
de 1978. J'en passe, et des meilleures!
LES OMISSIONS
La toute première omission,
qui saute littéralement aux yeux (et aux oreilles), est celle des
poèmes, et des chansons de la Terre du Milieu. Restons virils. Surtout
rien qui puisse sembler homosexuel, sentimental, spirituel, artistique,
délicat, ou fragile! Bravo. Les vrais de vrais vont pouvoir aller
vigoureusement voir ce film, bras croisés, les pieds sur le dossier
du fauteuil de devant, en n'étant jamais mal à l'aise une
seule seconde. Un bel exploit. Grr! Ah! Nos pénis sont gros! Nous
sommes rudes! Pas de femmeletteries! Chanter, réciter des poésies,
ça, c'est pour les tantouses et les moumounes!
Voilà pour ça.
Et puis, ce n'est pas tout. Nous n'avons même pas encore commencé
vraiment, mon petit père! On commence? D'accord.
Dagorlad et la reconstitution
du siège de Barad-dûr est une très gigantesque déception.
Probablement la plus immense de toutes, dans la mesure où cela recrée
imparfaitement la fin du Second Âge. Je ne sais pas pourquoi Peter
Jackson n'a pas recréé le tout, fidèlement, et sans
improviser maladroitement comme il l'a fait. Et ça n'aurait même
pas coûté plus cher! Pas un sou de plus!
Premièrement, l'épée
Narsil n'a pas été fracassée par un coup de Sauron.
Deuxièmement, Isildur ne sectionne pas les doigts de Sauron tandis
que Sauron est encore debout. Tout ça est une pure invention et
une pure hérésie, si j'ose dire. Ce n'est pas comme ça
qu'ont eu lieu ces événements décisifs. Jackson n'y
est pas du tout.
C'est la Dernière Alliance.
Elfes et Humains. Qui sont les chefs de tout ceci? Gil-galad pour les Elfes.
Elendil pour les Hommes. Le roi Elendil est là. Où est Gil-galad?
Où est le personnage glorieux le plus important de la fin du Second
Âge? De tous les Elfes, on ne verra que le seul Elrond. Que fait-on
de Malgalad, de Thranduil (le père de Legolas), du roi Oropher (successeur
de Finrod) qui chargea le premier, avant que Gil-galad n'eut donné
l'ordre? Et d'Amdir, le père d'Amroth? Disparus, tous?
Voici comment ça se
passe. Gil-galad, le tout dernier roi Noldor en exil, brandit sa lance
étincelante (nommée Aeglos) et transperce Sauron. Au même
moment, Elendil frappe Sauron de son épée Narsil et le blesse
à mort. Mais Sauron agonisant assène un dernier coup, qui
fauche les deux rois ensemble: Gil-galad (des Elfes) et Elendil des Humains
tombent de conccert, devant leur adversaire mourant. Et là, quand
Elendil tombe, se brise sous lui la précieuse lame de Narsil. Sous
lui. Quand il tombe. Pas avant. Alors ils sont là. Morts. Tous les
trois. Sauron: mort. Gil-galad: mort. Elendil: mort... Et c'est à
ce moment qu'Isildur, fils d'Elendil, ramasse le tronçon brisé
de l'épée de son père, et coupe, en guise de trophée,
le doigt noir de Sauron, pour y prendre l'Anneau. Combien cela aurait-il
coûté, pour bien faire la scène telle quelle? Vingt,
ou trente dollars de plus? Je les aurais moi-même déboursés,
volontiers! Mais je ne m'explique pas cette horrible perversion d'une vérité
« historique » qui, dans l'univers tolkienien, est aussi primordiale,
mettons, que le combat de Jacob contre l'Ange, ou le sacrifice d'Isaac
par Abraham. Voilà! C'est hors de la sphère pourtant vaste
de ma compréhension.
LES FAUSSETÉS
Il y en a tellement. Il y
en a des tas! Des tonnes. Je traiterai des plus grosses un peu plus loin
dans cet article, mais commençons par les petites. Gimli n'essaie
pas de fracasser l'Anneau, en plein Conseil d'Elrond. Legolas ne présente
pas officiellement Aragorn au fier et orgueilleux Boromir en déclinant
ses titres, en mentionnant que Boromir lui doit serment d'allégeance.
Saruman n'a pas chez lui une copie du scénario du film, avec une
illustration du Balrog. Pas moyen pour lui de deviner que les Neuf vont
emprunter le passage de la Moria. Pas moyen (pour personne au monde) de
savoir qu'il y a un Balrog dans la Moria. Ce n'est pas Frodo qui résoud
l'énigme sur la porte d'entrée de la Moria. Gimli va en Lothlórien
les yeux bandés. Les Sindar de Lothlórien ne sont pas blonds.
Galadriel offre à tous les compagnons un cadeau avant leur départ.
Et pourquoi faut-il que la statue géante d'Isildur, sur la rive
droite du fleuve Anduin, ne ressemble pas du tout à Isildur? Choisissez
un acteur qui ressemble à votre putain de maquette... ou alors construisez
une maquette qui ressemble à votre putain d'acteur!
PERSONNAGES MANQUÉS
Aragorn, Galadriel, les Nazgûl,
et Sam étaient mieux en 1978. Je ne me gênerai pas pour le
dire. Aragorn avait l'air plus mûr, et il avait son allure bien à
lui: basané, posé, discret. Galadriel, j'en reparlerai tout
à l'heure. Les Nazgûl en « Full Plate Mail » ça
m'a un peu ennuyé. C'est nul. Pouah! Quand on pense aux Nazgûl
de 1978, il n'y a pas de comparaison qui tienne! Quant à Sam, il
est si beau dans le film, si rose comme un petit cochon, si lisse, si pur.
Trop rose. Trop pur. Merde, c'est un jardinier, Sam! Il faut qu'il n'ait
pas la peau blanche comme du lait de poule. Il bosse dehors!
Legolas est raté à
mon humble avis. Autant dans le film que dans le dessin animé. Personne
n'a vraiment créé un Legolas crédible. Ce sera pour
une autre fois. On ne peut pas tout avoir.
PERSONNAGES RÉUSSIS
Boromir, Elrond, Frodo, Gimli,
le Balrog, et Saruman, sont assez bien réussis, merci. Beaucoup
plus réussis dans le film de Jackson, que dans le dessin animé,
en tout cas. Et Gandalf est aussi parfait dans le film que dans le dessin
animé; c'est une exception, ça (une bonne exception). Les
deux Gandalf sont merveilleux. Je ne saurais, honnêtement, en choisir
un plutôt qu'un autre. Ian McKellen joue un Gandalf un tout petit
peu plus « humain » et accessible, et un tout petit peu moins
brillant ou extravagant qu'en 1978, et c'est extra! Voilà une trouvaille
digne de mention, enfin!
Boromir sera remarquablement
plus monarchique que dans le dessin animé. Dans le dessin animé,
il avait l'air de Groûmm le Viking, si vous voulez me passer l'expression.
À présent mission accomplie: il a vraiment l'air du fils
du Régent de Gondor. Dans le dessin animé, le pauvre Elrond
avait l'air de ce dont aurait l'air le célèbre (et immaculé)
Agent Glad, s'il se teignait les cheveux en noir. Dans le film de Jackson,
eurêka, il a l'air d'un seigneur Elfe. Saruman est mieux réussi
qu'en 78; il est diabolique, mais pas en apparence, et uniquement en actes,
si j'ose dire, ce qui devrait toujours être le cas, puisque c'est
un Maïar, et que les Maïar n'ont jamais l'air de vieux nécromanciens
pervers ou dingues. Le Balrog, wow! (On ne peut même pas tenter une
comparaison... Dans le dessin animé: un hybride entre un papillon
géant et le Bonhomme Pilsbury. Dans le film: oui, un vrai Valaraukar,
tout à fait!)
UN MONDE D'HORREUR
Le monde « parallèle
» de l'Anneau est trop exagéré: tout bouge! tout tournoie!
on n'y voit rien! c'est gris! c'est opaque! c'est un vrai cauchemar! un
bad trip d'acide! Du calme, les gars! Comment se peut-il que Bilbo ait
employé l'Anneau durant de nombreuses années, afin de cambrioler,
voler, détrousser? Si c'est vraiment si exagéré et
fou et nébuleux, à chaque fois qu'on passe l'Anneau à
son doigt, il est impossible que le pauvre petit Hobbit ait pu commettre
toute cette longue série de vols et de cambriolages, qui requièrent
de la discrétion, de la délicatesse. Comment voudriez-vous
distinguer les poches d'une victime ou le trou d'une serrure, dans ce monde
obscur tourbillonnant et cauchemardesque? On constate ici le zèle
de Peter Jackson, qui a fait son apprentissage dans le film d'horreur et
qui n'a pas su tempérer lui-même ses ardeurs impressionnistes.
Ce n'est plus Meet The Feebles, mister Jack, c'est du Tolkien! Tout doux!
L'Oeil de Sauron en est un
excellent exemple. Cette image énorme qui revient périodiquement
me fatigue et m'agace au plus haut point et ce n'est pas du tout ainsi
que je visualisais la chose. Pour moi c'était plutôt une idée,
un principe ayant pour substrat la Pierre-Ithil emportée à
Barad-dûr. L'Oeil de Sauron est une subtilité. Pas le symbole
même du Mal et de l'Enfer. Sauron n'est pas Melkor et ne peut pas
irradier le Mal à tel point. C'est un Maïar, plus ou moins
de la force de Melian, maléfique plutôt que bénéfique
et c'est tout et c'est bien suffisant. D'ailleurs j'aimerais mettre quelque
chose au point en ce qui concerne l'Oeil de Sauron. Lorsque quelqu'un met
l'Anneau, Sauron n'en a pas du tout conscience. Il l'ignore. Il n'a aucune
façon de le savoir. Ça n'est pas du tout comme on peut voir,
dans le film, lorsque Frodon met l'Anneau pour se sauver de Boromir et
qu'il voit la tour de Barad-dûr et l'Oeil gigantesque aussi gros
qu'une planète et fixé droit sur lui. Pas du tout, les gars.
Sauron n'a aucun moyen de percevoir ceux qui mettent son Anneau. Car sinon
il aurait récupéré celui-ci depuis longtemps... Bilbo
a utilisé cet Anneau, un nombre incalculable de fois, en soixante
ans! Sam enfile même l'Anneau, durant des heures, pour se sauver
des Orcs de Cirith Ungol, à moins de soixante-dix milles de Sauron
lui-même, sans être repéré du tout. (Alors, s'il
vous plaît, monsieur Jackson, respirez un peu par le nez, et lâchez-moi
la grappe avec cet Oeil de Merde.)
Peter Jackson a un défaut
majeur: il est hypnotisé par le Mal et n'arrive pas à s'en
dépêtrer... Il se croit même tenu de démonifier
Galadriel, l'espace de quelques instants, en la noircissant puis en lui
donnant des yeux terribles, une voix caverneuse. Il n'a compris le personnage
de Galadriel qu'à moitié. Toute la scène du Miroir
de Galadriel sonnait mille fois plus juste dans le dessin animé.
Qu'on nous montre une Galadriel iridescente, altière, mais pas une
espèce de sorcière! C'est bien simple: Jackson a façonné
la Galadriel que-les-Nains-imaginent. La Sorcière de la Forêt.
C'est biaisé. Elle ne se présente vraiment pas sous de tels
dehors. Jack n'a pas assimilé le caractère de la divine fille
de Finarfin; celle qui a vu la Lune se lever pour la première fois
du monde sur le Beleriand, quand son oncle a sonné du cor après
la traversée du désert des glaces; celle qui a lutté
et souffert à l'époque d'Eregion; la diaphane princesse Noldor
en exil; la haute figure, bienfaisante, jadis compromise par les actes
de son cousin fou et visionnaire. Lorsque Frodo lui offre l'Anneau, elle
ne peut que réagir comme dans le dessin animé: rire, se moquer
avec philosophie du destin railleur, et d'elle-même et de tout ce
que le monde a déjà enduré... Mais pas se démonifier!
Et il y a aussi Bilbo. Jackson a aussi démonifié Bilbo un
instant lorsque Frodon lui fait voir l'Anneau une dernière fois
à Rivendell. On n'a pas besoin de démonifier Galadriel et
ni ce pauvre cher vieux Bilbo juste pour faire saisir au public combien
l'Anneau est mauvais. Les méchants sont déjà assez
nombreux dans l'univers de Tolkien, il n'y a pas besoin d'obscurcir les
bons personnages par-dessus le marché! Mais Jackson ne connaît
pas d'autre façon de faire passer son idée, ce gros plein
de soupe... Attendez voir comment il nous démonifiera Denethor.
Ça n'aura pas de fin. Ce n'est pas Tolkien, c'est Jackson qui révise
Tolkien et l'apprête à sa sauce film-d'horreurienne.
Et que dire des « mines
» que fait creuser Saruman à Isengard et des forges où
ses Orcs martèlent le fer agressivement? À qui diable s'adressent
donc ces séquences parfaitement superflues et risibles, sinon à
la génération Warcraft II? Cela s'adresse à des demeurés
de dix-sept ans qui ont acquis depuis longtemps l'habitude de se faire
de nouvelles mines, de se faire de nouveaux Orcs, de se faire ci ou de
se faire ça. Hélas on ne fait pas des Orcs. On les recrute.
Même Sauron ne peut pas faire des Orcs... Même Sauron ne pourrait
pas se faire cent quarante nouveaux Nazgûls s'ils le voulait. Il
n'y a que Melkor qui a pu créer des Orcs, des Trolls, des Balrogs,
et encore, tout cela était par le truchement d'Eru, en faussant
la Musique des Origines et en pervertissant la vision des autres Ainur.
Alors donc qu'est-ce que c'est que cette scène imbécile où
Saruman creuse dans l'argile et finit par trouver une nouvelle race d'Orcs?
Je sais que ça fait référence à toute une mythologie
de glaise originelle et de Chtoniens et de Golems, mais ça ne vient
pas du tout de l'oeuvre de Tolkien. C'est du délire. Ça ne
se passe pas du tout comme ça. Cher Peter, choisissez: montrez-nous
une adaptation cinématographique de Baldur's Gate, ou alors, faites
celle du Seigneur des anneaux, mais ne faites pas les deux ensemble!
De plus, Orthanc n'est pas
sensé avoir un air de tour diabolique en pierre noire avec des ailerons
effilés au sommet: c'est une très ancienne construction numénoréenne
et donc à peu près semblable aux tours de Minas Tirith. Et
qu'on ne vienne pas me dire que peut-être Saruman a posé les
ailerons au sommet et fait repeindre en noir! Ça ne tient carrément
pas debout!
L'INEXPLIQUÉ
La preuve que c'est un film
pour initiés, et non un film « grand public », c'est
que nulle part il ne sera fait mention de la nature demi-elfique d'Elrond,
et qu'on ne revient aucunement sur l'épisode du torrent qui submerge
les Nazgûl, pour l'expliciter à l'audience. Le public n'ayant
pas lu le livre croira qu'Arwen peut ordonner aux rivières de se
déchaîner en murmurant seulement quelques mots.
À un certain moment,
dans la forêt, entre le village de Bree, et l'instant où Arwen
rencontre les Hobbits, il y a une scène curieuse où l'on
voit derrière Aragorn des Trolls transformés en pierre, qui
sortent tout droit du livre The Hobbit, mais cela non plus ça n'est
nullement expliqué. Pas un mot. Il faut savoir, ou alors aller tout
simplement au diable, parce que le réalisateur ne nous fournira
pas le moindre indice. Un film pour initiés.
Pour initiés? Au fond,
oui et non. Pourquoi est-ce que le pauvre Gimli découvre la ruine
du royaume de la Moria, seulement au moment où la Compagnie y met
les pieds? C'est le comble du stupide! Il est persuadé qu'il va
être accueilli chaleureusement par son cousin, le roi Balin, et désespère
brusquement lorsqu'il découvre que la Moria est détruite
et que les Nains sont tous morts... et il se précipite en pleurant
vers le tombeau de Balin, dès qu'il l'aperçoit. Mais la Moria
est tombée depuis plus de mille ans et tout le monde le sait! Même
les Elfes! Même les Humains! Tout le monde. C'est connu. Et ça
fait partie de l'Histoire... comme la chute de l'Empire romain pour nous!
C'est comme si l'un d'entre nous se rendait naïvement à Rome,
sur le mont Palatin, en pensant y être accueilli par Tibère,
et que tout à coup il découvrait que ce monde-là n'existe
plus depuis près de mille six cents ans! C'est ridicule. Pourquoi
avoir fait le film ainsi? Exactement 1038 ans avant les événements
du film, les Nains, en creusant profondément sous Barazinbar, ont
éveillé un Balrog qui sommeillait là depuis quatre
mille ans. Le Balrog tua Durin VI, roi de la Moria, et tua aussi son fils
un an plus tard, et les Nains se sauvèrent de Khazad-dûm.
Voilà. Plus de mille ans avant le film. Et pour ce qui est de Balin,
il est retourné dans la Moria brièvement, environ trente
ans avant les événements du film, mais ça n'a pas
du tout duré, car les Orcs occupaient les lieux et étaient
impossibles à déloger... Et d'ailleurs Balin est le cousin
de Glóin, le père de Gimli, mais pas le « cousin »
de Gimli. Eh! soyons généalogiquement précis, nom
de Zeus! Alors donc pourquoi ce changement majeur? Est-ce que ça
apporte quelque chose de plus? Une scène émotive, pour le
personnage de Gimli? La découverte macabre d'une tuerie? Ça
ne vaut pas le coup; le jeu n'en vaut pas la chandelle. (Avec l'omission
du roi Gil-galad, c'est la plus grossière inexactitude du film.
Il est strictement IMPOSSIBLE de comprendre ce choix du réalisateur.
C'est inexplicable, inexcusable, et sans fondement.)
Les Oscars! Treize nominations?
TREIZE? Pour ça? Ce navet? Merde de merde, mais qu'est-ce qui leur
prend, à ces imbéciles heureux de demeurés d'Américains?
Jamais ils n'ont osé mettre en nomination le moindre film de Star
Wars, et encore moins leur donner un Oscar! Et Dieu sait que The Empire
Strikes Back était un meilleur film que ce caca d'oie pondu par
Jackson. Ils n'ont même pas donné d'Oscar à La leçon
de Piano, un film australien tourné en Nouvelle-Zélande comme
le navet, mais cent quarante-sept millions de fois meilleur. Et là,
tout à coup, out of the goddamn fucking blue, treize nominations
et probablement deux Oscars assurés ou même plus? What the
heck? Je ne comprends pas. Y a-t-il de la politique, là-dessous?
Est-ce que les vieux gâteux d'Hollywood essaient de séduire
les nouveaux cinéastes australiens... pour mieux les acheter plus
tard, ce qui n'était pas le cas à l'époque de Jane
Campion? Ça me dépasse.
Faites un bon film, vous aurez
rien. Faites un flop et l'on vous donnera treize Oscars. Go figure.
Grave décision: je
n'irai pas voir le prochain. Il n'y a pas les Ents. Pourquoi se donner
la peine de raconter l'histoire du Gouffre de Helm si on escamote messieurs
les Ents? Et qui est-ce qui pourra bien déposer Saruman, si les
Ents ne sont plus là? À chaque nouveau détail faux,
à chaque nouvel accroc au texte du livre, tout ce gros cirque devient
de moins en moins l'oeuvre de Tolkien, et de plus en plus « autre
chose » que je ne connais pas, et qui m'a l'air plutôt médiocre.
David
Pêle-Mêle
|