LE CÔTÉ OBSCUR DE STAR WARS
par David Pêle-Mêle
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  Plus que cinq mois avant le prochain. C'est reparti pour un tour les aminches! Sauf que moi, je voudrais vous faire part de quelques bémols. J'aime bien ces films, vous le savez. J'ai déblatéré durant des pages et des pages il y a deux ans, lors de la sortie d'Épisode I. J'étais comme fou. Et c'était quelque chose quand même, en 1999, cet événement, après seize ans d'attente. Mais bon, à présent je ne suis plus aussi crazy about it all. J'ai mûri. Je suis devenu snob, faut croire. Ou même un peu cuistre. Il y a nombre de choses qui me puent au pif. Qui m'énârvent. Que ce soit dans les films ou autour, c'est-à-dire chez les fans et tout et tout. Je me mets à table.

   Le gros problème de la franchise Star Wars, c'est le suivant: en 1977, nous, ceux qui constituaient le public du film, avions de six à seize ans. Nous avions de neuf à dix-neuf ans en 1980... et entre douze et vingt-deux ans en 1983. Rendus en 1999, ce joli petit « bassin » peut avoir entre vingt-huit et trente-huit ans: des vieux cons. Lucas ne change pas sa recette: c'est un film pour enfants, et effectivement ce sont des enfants qui ont aimé Épisode I. Mais le problème, c'est que le « bassin » originel de fans de Star Wars croit naïvement que cet univers qui ne leur appartient nullement aurait dû grandir avec eux, fumer du pot, avoir les cheveux longs et être légèrement viril et violent, et impressionnable, et ne jamais réussir à se faire une blonde. Hélas ce n'est pas le cas. L'univers de Star Wars est resté le même: enfantin et lumineux. Jar Jar Binks, c'est un combo, C-3P0 plus Chewbacca, le « comic relief » additionné du « loyal compagnon extraterrestre », c'est comme ça. Désolé pour les vieux fans qui ne trippent que sur le Côté Obscur, Darth Vader, Boba Fett - le summum du « cool », puisque, finalement, c'est un personnage qui, pensez-y juste un peu, de fiche rien du tout dans deux films -, et Han Solo, le voyou de service, le mauvais garçon... celui - qui - ne - nous - menace - pas - dans - notre -
intégrité - psychologique - puisque - nous - sommes - presque - aussi - imparfaits - que - lui.

   L'univers de Star Wars est resté le même. Le public visé en 1999 avait entre six et seize ans. Ça ne vous rappelle rien? Et en 2002, surprise! ce sera encore ça. Un public de neuf à dix-neuf ans. Avec à peu près la même recette. Épisode I était un « remake » (ampoulé) de A New Hope, le premier film de la série. Et Épisode II sera tout simplement une photocopie xerox de Empire Strikes Back. Vous voulez des preuves? Je vais vous faire un dessin. (Pas un vrai dessin mais disons un schéma.)
 
 

1980
2002
Situation initiale. Stabilité. Un lieu sûr: la Base rebelle sur le monde enneigé de Hoth. Situation initiale. Stabilité. Un lieu sûr: le Temple Jedi dans la mégalopole planétaire de Coruscant.
Élément perturbateur. Attaque soudaine de Darth Vader: le lieu sûr est pris d'assaut et renversé; destruction de la Base rebelle; les héros prennent la fuite en catastrophe. Élément perturbateur. Attaque soudaine de Darth Sidious... Le lieu sûr est pris d'assaut et renversé; destruction du Temple Jedi: les héros prennent la fuite en catastrophe.
Le gros du film raconte où, et comment les héros fuient, chacun de leur côté, car ils ont été séparés lors de la bataille du début en deux groupes: le jeune Jedi (Luke) seul de son côté, et les autres ensemble à bord d'un vaisseau. Le gros du film raconte où, et comment les héros fuient, chacun de leur côté, car ils ont été séparés lors de la bataille du début en deux groupes: le jeune Jedi (Obi-Wan) seul de son côté, avec Yoda, et les autres ensemble à bord d'un vaisseau.
Darth Vader les poursuit activement durant tout le film, et, même, il embauche des « chasseurs de primes » pour l'assister dans cette tâche. Darth Sidious les poursuit activement durant tout le film, et même, il embauche des « chasseurs de primes », pour l'assister dans cette tâche.
Durant cette longue « fuite », le jeune Jedi (Luke) aboutit sur la planète Dagobah pour étudier avec Yoda, tandis qu'ailleurs dans la galaxie, les autres héros en fuite développent un petit flirt, qui deviendra une histoire d'amour (Leia + Han Solo). Durant cette longue « fuite », le jeune Jedi (Obi-Wan) aboutit sur la planète Dagobah, pour y cacher Yoda, tandis qu'ailleurs dans la galaxie, les autres héros en fuite développent un petit flirt, qui deviendra une histoire d'amour (Amidala + Anakin).
Entre alors en scène un nouveau personnage, un héros secondaire et occupant un poste important: Lando Calrissian, l'administrateur de Bespin, et « ami » de Han Solo. Entre alors en scène un nouveau personnage, un héros secondaire et occupant un poste important: Bail Organa, le sénateur d'Alderaan, et «compagnon d'armes» d'Obi-Wan.
Darth Vader réussit enfin à les rattraper, sauf le jeune Jedi, qui est encore ailleurs; le personnage - ayant - développé - un - petit - flirt - durant - la - fuite (Han Solo) est fait prisonnier et le prochain film consistera à aller le délivrer des forces du Mal. Darth Sidious réussit enfin à les rattraper, excepté le jeune Jedi, qui est encore ailleurs; le personnage - ayant - développé - un - petit - flirt - durant - la - fuite (Anakin) est fait prisonnier, et le prochain film consistera à aller le délivrer des forces du Mal.
Le jeune Jedi (Luke) retrouve enfin les autres héros (sauf Han) et se bat en duel à l'épée laser. Le jeune Jedi (Obi-Wan) retrouve enfin les autres héros (excepté Anakin) et se bat en duel à l'épée laser.
Fin Fin

   Voilà le synopsis. Ça vous rappelle quelque chose? George Lucas, entre vous et moi, n'est pas Monsieur Imagination Débordante. Quand la recette fonctionne, pourquoi la changer?

   C'est triste pour ceux qui ont grandi, et qui se sentent trahis, mais, bon, l'univers qu'ils croyaient le leur ne fumera pas du pot, n'aura pas les cheveux longs (sauf Qui-Gon), ne sera pas légèrement viril, violent, et impressionnable, etc. C'est un univers fait pour enfants; pas un univers pour enfants attardés qui ont mal grandi ou refusé de grandir. Nuance! J'en connais qui trippent et qui ont dix ans. C'est d'ailleurs avec mon cousin de dix ans, que je suis sensé aller voir Épisode II. Star Wars, dorénavant, c'est pour lui... Pas pour Johnny qui a vingt-sept ans et qui rêve de revoir Boba Fett et Darth Vader découper Jar Jar Binks en rondelles. Ce n'est plus pour eux, à présent, tout ça. Mais, ils s'accrochent. Ils ne veulent pas lâcher. Il va bien falloir qu'ils lâchent un jour, mais ils ne sont pas encore résignés... En 1979 c'était l'univers de Johnny. En 2002 plus du tout, sorry, boy. Get over it.

   Autre aspect de ce manque de volonté à « lâcher prise »: on voit à présent toute une tripotée de petits Lucas en herbe, qui tournent des courts-métrages de Star Wars à la va-comme-je-te-pousse, et qui les passent sur le Web, et évidemment, il y a quatre cents trillons de connards qui téléchargent ces merdes à chaque minute. Phénomène, ma foi, désolant. Toute cette créativité, ne demandant qu'à éclore, mais qui reste prisonnière, captive, faute d'imagination. Et plutôt que de tourner Troops, un fameux navet, le jeune connard (qui signe cette sous-oeuvre) aurait dû produire quelque chose de personnel et qui lui appartienne. En entrevue, il dit que son film "ne lui a pas rapporté un sou" (copyrights obligent, heureusement) mais qu'il lui a donné une carrière. Eh ben oui! Le monde est devenu triste si les jeunes ne savent plus nager, et en sont réduits, pour démarrer leur carrière, à se mettre à la remorque de quelque chose de gros et qui existe déjà. Tout cela ça me fait penser au jeune pédé qui a appelé à l'émission de Howard Stern, afin de se faire sa propre publicité, et d'annoncer en ondes qu'il sera le prochain grand DJ et the next « King of All Media »... Bravo, jeune pédé. Si ça peut te faire plaisir! Mais Howard Stern, lui, quand il a commencé, il n'a pas téléphoné, nulle part. Médite un peu là-dessus. Si tu en es capable.

   Le jeune réalisateur qui fait Knightquest, un autre sous-film de Star Wars, dit: « J'aurais pu faire quelque chose qui est original, mais personne ne l'aurait téléchargé; avec ceci, j'ai déjà un grand auditoire qui n'attend que le lancement du film. » Oui c'est sûr et c'est logique, mais, puisque de toute façon tu n'as PAS LE DROIT de charger un sou pour le visionnement de ce navet, pourquoi ne pas te lancer, faire quelque chose de nouveau et puis qui t'appartienne et gagner, peut-être, vingt dollars, trente dollars, cent dollars? qui sait. Prend des risques, mecton... Tu admires Lucas? Alors, fais ce qu'il a fait en 1977: prend un ÉNORME RISQUE. Sinon tu es un épais. Un producteur hollywoodien. Qui n'a aucune confiance en tout ce qui n'a pas un « built-in audience ». Voilà... Tu es nourri d'Hollywood depuis ta jeunesse, et lorsque le moment est venu pour toi de créer quelque chose à ton tour, to crées à la manière hollywoodienne, car tu n'as jamais appris rien d'autre!

   Et le plus nul de tous, l'Épais en Chef si j'ose dire, c'est une sorte de jeune fion californien qui a refait un « montage » du film The Phantom Menace, en supprimant des scènes (tout ce qui n'est pas comme lui, légèrement viril, violent, impressionnable), en ôtant le plus de plans d'Anakin, de la Reine, et de Jar Jar qui est pourtant le personnage le plus riche, le plus développé et le plus émotif du film. Mais les émotions, pour un connard de vingt-sept ans viril et violent et impressionnable, ça n'est pas très « hot ». Les émotions c'est pour Titanic point final... Alors ce gars a refait un montage d'Épisode I, et il a la prétention orgueilleuse d'appeler le piètre résultat « mon film ». Il dit: "I think my movie will show a darker Anakin". Mais, enfin, ferme ta gueule! Et pour qui est-ce que tu te prends, l'ami? Depuis quand est-ce qu'un con comme toi a eu son mot à dire dans l'univers de Star Wars? Hein? depuis quand? La ferme et jette-toi du haut du Golden Gate et qu'on n'en parle plus! Tu es un tas de fumier insensible et arrogant et bête comme mes pieds. 'Faut que tu crèves, c'est impératif. Crève! Meurs! Décède! Disparais! Je t'en supplie! J'en appelle à la puissance de Yog-Sothoth pour qu'il te désintègre dans le vide interstellaire de l'arrogance stupide!

   Non, mais, y a-t-il une fin à l'imbécillité?

   D'ailleurs, il n'y a pas qu'à la périphérie que le spectre de la Médiocrité pointe son nez galeux, non: chez Lucasfilm même on croit déceler quelques bubons. Pronostic: Ça regarde mal!

   Jango Fett: what about that? - John Doe Fett? « Personne » Fett? Nobody? No one? Aucune identité? Ce n'est pas un individu! Si Lucas avait été raisonnable, il aurait su qu'il était inutile de réitérer le caractère nullatique de ce non-personnage, et l'histoire de s'en serait pas portée plus mal. Mais je commence à soupçonner que trois ou quatres petites choses catastrophiquement pourries attendent les fans sans crier gare dans Épisode II... Si Yoda se bat à l'épée, en sautillant partout comme le Scrameustache, moi je démissionne. Trop fife. Vous irez voir Épisode III tout seuls. Même le titre est con: « Attack of the Clones »... Pouah! Pourquoi pas Attack of the Fifty Foot Woman, ou Attack of the Killer Tomatoes, tant qu'on y est?

   George Lucas aurait pu prendre toutes ses ressources (équipement et matériel et studios et infographistes ILM, etc) et faire un beau film de SCIENCE-FICTION. Nouveau. Inédit. Original. Avec des choses qu'on n'a jamais vues ailleurs et des personnages dont on n'a point entendu parler cent millions de fois. Mais non. Il est trop con. Il donne en pâture aux fans ce qu'ils veulent, et autrement dit ce qui marche. Et, autrement dit, « la recette qui a fait ses preuves ».

   Lucas a fait un GROS PARI très risqué en 1977, et il a gagné. Et il ne veut plus faire de pari à présent. Il ne prend plus de risque et il va « la jouer safe », comme on dit... C'est le chemin le plus facile. Le plus rapide. La plus séduisant... Exactement ce que Yoda dit à Luke, au sujet du Côté Obscur: « Non pas plus fort. Mais plus facile, plus rapide, plus séduisant! » George Lucas n'a même pas le « guts » de défendre sa propre création. Il a créé le personnage de Jar Jar Binks, il a embauché Amhed Best, il a travaillé avec toutes sortes de capteurs infrarouges pour créer l'animation parfaite mais les fans n'ont pas aimé Jar Jar... et plutôt que de se tenir debout et de dire: « It's my new character and I'll stand by it! », George la Lavette influençable va le retirer d'Épisode II. Il aurait pu se battre et imposer sa vision, son nouveau personnage, si coûteux, si long à développer. Mais non. Il abandonne. Quel pantin! Ce sont les fans à présent, qui décident; ce sont eux les Boss de la franchise, et voilà pourquoi ce n'est plus bon. Le vrai boss a abdiqué tout ce qui lui restait d'originalité et de fierté. Il écoute les fans puis il leur donne ce qu'ils demandent, en malaxant le tout dans la même recette qu'il y a ving ans. Plus facile! Plus rapide!

   Et Yoda ne serait pas fier de George: en effet, ce Lazy Crawling Worm est passé du Côté Obscur. C'est fini, les gars. Au revoir! Pas mal déprimant, hein? Eh oui! Mais à qui la faute?
 
 
 

David Pêle-Mêle 
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