Vous
avez tremblé, vous avez pleuré, vous avez croisé les
doigts pour Fanny et Alexandre, vous avez engraissé aussi, vous
avez dormi comme des Australiens, ou mal, ou pas du tout. Vous avez eu
mal, ou mal au coeur, pour Bruny. Vous avez fait tout ça. À
présent, un bon petit bilan maison à la Pêle-Mêle
s'impose. Parce que les Jeux, les vrais, pas la vomitive farce des Jeux
d'hiver... ça n'arrive qu'une fois tous les quatre ans.
Eh bien, l'overdose
que je viens de me farcir! J'ai écouté je ne sais pas combien
de douzaines d'heures de Jeux olympiques depuis le quinze septembre dernier.
Quelle transe expérimentale à la Jojo! Je ne sais plus très
bien où je suis! Mais, là, c'est fini pour quatre ans (mon
copain Luc dit: « pour DEUX ans! »; mais les Jeux d'hiver,
moi, ça me laisse froid (Jeu de mots?).
Marie-José
Turcotte est extra. J'ignore si elle était là, durant les
Jeux d'Atlanta, - car je ne me souviens pas les avoir suivis du tout -,
mais, depuis ceux de Nagano, lorsque je repense à ces mots: «
Jeux olympiques », c'est elle que je revoyais comme présentatrice
et personne d'autre. À Sydney vraiment elle a fait un travail aussi
bon sinon meilleur. Les cinq heures où elle était en ondes
entre la fin de Virginie et à peu près minuit semblaient
souvent trop brèves et trop vite passées. Les autres font
un bon boulot aussi, mais moi que voulez-vous, je préfère
le féminin. Marie-José Turcotte connaît bien son affaire,
comme on dit. L'on constate qu'elle COMPREND tout ce qu'elle nous transmet
et surtout qu'elle ne fait pas que le lire à l'instar de certains
« lecteurs de nouvelles » quasi-androïdes du bulletin
de dix-huit heures sur toutes les chaînes. Marie-José nous
livre en y mettant de l'ordre tout le fatras olympique, et ce, avec un
mélange décidément parfait de réserve et d'enthousiasme,
de joie et de gravité, de technicalité et de simplicité,
de sérieux et puis d'humour (j'ai aimé ses petits mouvements
de mains « disco », après que deux jeunes femmes anglophones
de l'équipe d'aviron en entrevue aient esquissé quelques
pas de danse si mes souvenirs sont exacts).
DISCIPLINES
EN VRAC
Aviron.
L'aviron, ce n'est pas de l'aviron. C'est de la rame. Et ces athlètes
ne sont pas des avironneurs. Ce sont des rameurs. Vous avez déjà
vu un gars faire du canot? du vrai canot, d'écorce, comme Daniel
Boone? Cette chose en bois qu'il tient à deux mains, une sur le
pommeau (au bout) et l'autre sur le manche, eh bien, c'est ça un
aviron: il faut alterner, quand on avironne. Un coup à gauche, deux
coups à droite, etc. Mais ce n'est pas du tout la même chose
que de ramer avec deux rames à la fois.
Basketball.
Comment se fait-il que des gars qui sont arrivés aux Jeux olympiques
soient capable de manquer quatre lancers francs. Je ne comprend pas. Quatre
consécutifs!
Boxe.
Il y a un boxeur qui s'appelle Félix Savon. Quel nom! Est-ce que
c'est surréaliste, oui ou merde? Et, pourquoi pas Télésphore
Dentifrice, pendant qu'on y est! Mais farce à part, il a passé
tout un savon à son adversaire, en finale. Ça, ce n'est pas
une blague.
Haltérophilie.
Une Mexicaine inoubliablement laide soulève comme si de rien n'était
un poids de quatre-vingt-dix mille tonnes, et se promène avec, en
titubant, plus laide que jamais, sur la tribune.
Judo.
Donnez-leur donc des camisoles ajustées: ils sont toujours en train
de remonter leurs manches, de lever leurs épaules, et leur criss
de veste sort toujours de la ceinture. Ça a l'air stupidement et
affreusement dérangeant. Et pour ceux qui regardent, aussi, quel
spectacle agaçant!
Natation.
« La piscine de Sydney est très rapide », disaient-ils
à tout bout de champ. C'est faux: une piscine est un objet inanimé,
et donc, n'a pas de vitesse, ni d'intelligence, ni de manies, ni de mets
préféré, ni de numéro d'assurance-maladie.
Et moi je vais vous le dire, pourquoi que les nageurs ils vont plus vite:
quand on tire une chasse d'eau, en Australie... vous savez que l'eau tourbillonne
dans le sens contraire, alors, dans la piscine, même chose: au lieu
d'être refoulés, et poussés à contre-courant,
comme dans toutes les autres piscines du monde, les nageurs sont suçés
vers l'avant, très vite, comme des étrons dans du jus de
la pisse. Bravo!
Soccer.
Un arbitre a essayé de priver le Cameroun de sa médaille
d'or, avec un hors-jeu fictif, mais, heureusement, le salopard, l'a pas
réussi. Vive le Cameroun! À bas les arbitres vendus!
Tennis
de table. Je vous parlerai de ping-pong le jour où le CIO aura
reconnu le billard et le mississippi «sports» olympiques, et
pas avant. De qui se moque-t-on?
CEUX AVEC QUI
JE COMPATIS
Alexandre
Jeltzkov, le gymnaste canadien, qui hélas ne s'est pas qualifié,
parce qu'il lui manquait quelque chose, comme un millième de quart
de demi moitié de poil de pli de scrotum coupé en deux.
Andreea
Raducan, la gymnaste-étoile de Roumanie, à qui l'on fait
retirer l'une de ses médailles d'or à cause d'un analgésique.
C'est brillant, ça. Il y a des coups de pied au cul qui se perdent!
Quant
à l'affaire Marie-Josée Perec, voici mon opinion. Elle est
dénigrée par tout le monde, cette jeune femme, pourtant,
moi, je la trouve cool. J'aurais réagi exactement comme elle: on
m'invite dans un trou perdu à participer à une course. La
course dure quarante ou quarante-cinq secondes, mais le voyage dure vingt-deux
heures, pour aller dans ce trou perdu. Bon, c'est chiant mais puisqu'on
m'invite cordialement, je vais y aller quand même. Je vais me les
taper, les vingt-deux heures de vol juste pour une course de quarante secondes
à peu près, mais, à une condition: je ne veux pas
que des imbéciles ou autres crétins congénitaux hydrocéphales
(qui ne savent même pas articuler) m'adressent une seule fois la
parole. Car s'ils le font: ciao! I'm gone, baby! Ça ne me fera pas
un pli... Au fond, tout ça, j'm'en fous! Ce n'est qu'un jeu. L'important,
c'est l'amour. Ah! et pendant qu'on est justement dans le sujet...
CELLES AVEC
QUI JE M'IMAGINE AU LIT
Kajsa
Bergqvist, une belle Suédoise (médaillée de bronze
en saut en hauteur), experte pour se glisser par-dessus la barre et cambrer
les reins et se poser en douceur sur le matelas, autant d'habiletés
qui ne seraient pas en reste sous les draps, moi je vous dis!
Merlene
Ottey, la sprinter de Jamaïque, âgée de quarante ans,
et qui est aussi belle que Marion Jones malgré la différence
d'âge, et qui réussit à se classer deuxième.
Mon coup de coeur.
Ekaterini
Thanou, la petite sprinter grecque, toute frêle, toute blonde dans
une vague de coureuses à la peau noire, et qui n'arrive pas dernière,
loin de là: qui a dit que des blancs ne pouvaient pas « toffer
» en course de fond?
COMMENTAIRES
EN VRAC
Toujours
les mêmes
Les Jeux
olympiques sont en train de devenir les Jeux du G-8: il n'y a plus personne
sur les podiums excepté les Américains puis les Anglais,
les Canadiens, les Français, les Japonais, les Australiens et les
Allemands et les Russes. Où sont les Nigériens? les Hindous?
les Jordaniens? les Israéliens? les Grecs? les Argentins? les Nord-Coréens?
les Finlandais? les Cambodgiens? les Vénézuéliens?
et ceux du Mali? du Sénégal? du Montevidéo? de l'Indonésie?
Samaranch:
« Ça m'arrange pas »
Deux jours
après le décès de sa femme, Samaranch est déjà
revenu à Sydney, avec son grand dentier et ses grosses lunettes
et ce long faciès de raisin sec, pavanant, et serrant les mains
des médaillés, comme un vieux coq dans son poulailler...
Ma femme est crevée juste au moment où je vais m'amuser le
plus, pouvoir « scèner » à souhait et à
journée longue, merde! Bon, je vais aller en Espagne, assister aux
funérailles rapido presto, boum, pour la forme, et je peux être
de retour aux Jeux dans soixante-douze heures, Dieu merci! Ouf! Que ce
vieux con disparaisse au plus vite! Qu'il meure! Quel con! Comme un enfant
qui coûte que coûte ne veut pas manquer « sa »
fête! Sale vieux connard bigleux qui se prend presque pour Pierre
De Coubertin réincarné! Je le hais!
Ce commentaire
est très relevé
Il y a
un mot que je ne suis plus capable d'entendre, et ce mot, c'est le mot
« relevé »... Un « niveau » de compétition
ne peut PAS être « relevé »; un niveau, c'est
un niveau, point final. (Comme un échelon est un échelon,
point... Si un échelon est relevé, il n'est plus lui-même,
il est l'échelon d'au-dessus, tout simplement.) Idem pour un «
niveau », qui est chose fixe. Si le niveau est relevé, il
n'est plus lui-même, c'est un autre niveau, un niveau supérieur.
Si vous êtes au troisième étage et que vous voulez
aller au quatrième, vous n'embaucherez pas les maçons pour
qu'ils haussent le palier du troisième avec leurs briques: vous
prendrez l'escalier et vous vous rendrez au palier du quatrième...
qui n'est plus le même palier que celui où vous vous trouviez.
Les Indépendants?
Un gars
qui ne serait dans aucune association, et qui surtout ne représenterait
aucun pays, et qui n'aurait pas d'entraîneur, et qui se serait entraîné
tout seul à la campagne, mais qui arriverait aux Jeux et qui ferait
la course du cent mètres en 8.90 secondes... Ça, ce serait
vraiment COOL!
Endurcissez-vous,
les plongeurs!
Il y a
une ravissante petite Ukrainienne de vingt-deux ans, Vita Palamar, qui,
lors de l'épreuve du saut en hauteur, a aisément fait son
mètre quatre-vingt-seize, en plein stade olympique et avec cent
dix mille personnes qui sifflaient et avec les coups de revolver du départ
de la course de relais quatre fois cent mètres, et avec cent autres
petites distractions, et, alors, cessez de nous rabattre les oreilles avec
ce silence qui précède eucharistiquement chaque petit plongeon,
à la piscine! Un faible bruit dans les estrades, et voilà
que le plongeur perd sa concentration et se plante... Mais pourquoi est-ce
que les athlètes du plongeon auraient besoin d'un silence de cloître,
parfait, et d'une meilleure concentration que les athlètes du stade
(courses diverses, lancers divers, sauts en hauteur, et en longueur)? Est-ce
que les athlètes du plongeon sont des femmelettes ou des petites
natures? S'ils ne sont pas capables de nous fiche un plongeon complet s'il
n'y a pas alentour un silence de mort, qu'ils rentrent chez eux! Do we
really need these guys? Bande de tapettes! Les gens de l'athlétisme
et les gens de la gymnastique ont un grand besoin de concentration aussi,
pourtant le bruit ne les gène pas.
Une performance
extraordinaire
Au Village
olympique, au commencement des Jeux, il y avait, dans les distributrices,
cinquante mille condoms. Et vingt-quatre heures avant la cérémonie
de clôture il n'en restait que vingt mille... Je calcule: soixante
mille personnes ont fait l'amour, en deux petites semaines. Trente mille
éjaculations, en quinze jours. Trente mille? Deux mille par jour?
- Il y en a certainement eu quelques-unes dans Marion Jones! Quoi qu'il
en soit, c'est un record olympique!
Parler pour
parler (version à l'envers)
La rivalité
Sydney / Melbourne. Un crétin congénital accusait la population
de Melbourne de ne s'intéresser qu'à la culture - «
mais nous, la culture, on n'a pas le temps: nous sommes trop occupés
par le sport ». Et il dit: « Sydney est beaucoup plus belle;
quand vous entrez dans le port, que vous voyez l'Opéra... »
L'Opéra? Encore ce câliss d'Opéra? mais tu viens de
nous dire que, vous, la culture... Alors quoi vous êtes des épais?
La culture est à Melbourne et vous, vous revendiquez le sport? Belle
victoire de crétins! d'autant plus qu'elle est fausse: c'est à
Melbourne qu'ont lieu l'Australian Open (Tennis) et le Grand Prix (Formule
Un). Alors, dites-moi, en-dehors des Jeux qui durent deux semaines, seulement,
c'est quoi, le sport, à Sydney? Vous jouez aux dards?
Vive Frank
Lloyd Wright!
Anecdote,
au sujet de l'Opéra de Sydney, cet hideux bâtiment que nous
avons vu ad nauseam depuis un mois et demi. Frank Lloyd Wright était
membre du jury, quelque temps avant sa mort... et il a été
le SEUL à voter contre les plans absolument affreux de monsieur
Utzon, le pupille d'Alvar Aalto: « Mais tout le monde va vomir chaque
fois qu'ils poseront le regard là-dessus! » aurait-il dit.
Wâah! ah! ah! This is great! (Pourquoi n'entend-t-on pas davantage
d'histoires de ce genre, dans la vie? Elle serait moins triste.)
Aborigènes
et Amérindiens
Bravo,
pourtant, aux Australiens. Est-ce qu'un Amérindien pourra allumer
la vasque olympique si jamais il y avait des Jeux à Toronto en 2008?
Impossible! Un athlète amérindien deviendrait-il un énorme
héros national? Hors de question! Vous rêvez en couleur! JA-MAIS
on ne verra des Blancs et des Amérindiens ensemble dans le même
bar en train de fêter et d'encourager un athlète autochtone.
Mais pourquoi pas? Nous ne sommes pas si différents des Australiens
au fond: nous sommes des colonisés britanniques puis nos ancêtres
ont cruellement assassiné des milliers d'autochtones et nous imitons
les Américains et nous sommes exactement semblables! Alors dites-moi,
pourquoi eux s'entendent-ils si bien avec leurs Aborigènes, tandis
que, nous, on souhaite, presque tous, au fond de nos coeurs, que tous les
Indiens meurent? Je ne comprend pas. Les Canadiens sont des crétins.
Et les Australiens, beaucoup, beaucoup moins, à mon avis.
All of Australia
Le spectacle
de clôture était extra. Il y avait des années qu'on
n'avait plus entendu chanter le groupe Midnight Oil. Paul Hogan, le vrai
de vrai « Crocodile Dundee », était là. Men At
Work ont chanté Land Down Under. Je crois même que j'ai vu
Elle MacPherson sur l'un des chars allégoriques du défilé.
Et toutes les références modernes à l'Australie étaient
là. Il ne manquait que Mel Gibson.
C'est
assez « in » merci, l'Australie. Le prochain Star Wars est
présentement en tournage dans un studio de Sydney, et les films
que l'on est en train de faire sur Le Seigneur des anneaux, se tournent
juste à-côté, en Nouvelle-Zélande. Ajoutez à
tout ça les Jeux: vous avez un mélange plutôt explosif.
L'an 2000 aura été... l'année sans été...
et l'Année australienne!
David
Pêle-Mêle
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