Depuis
quelques temps déjà, les indigènes des montagnes du
Chiapas ont pris les armes contre le gouvernement mexicain. Qui sont donc
ces rebelles, et pourquoi cette insurrection.Ce petit article est un bref
survol d'un conflit qui sévit sur notre continent.
En janvier 1995,
le monde entier fut frappé de stupeur par l'insurrection armée
des zapatistes en plein coeur du Mexique. Après quelques journées
de chaos, les militaires mexicains reprirent le contrôle de San-Cristobal
dans un bain de sang et la guérilla obtint une certaine attention
internationale. Avant tout, nous devons expliquer qui sont ces rebelles.
Emiliano Zapata est un révolutionnaire mexicain qui dirigea avec
succès une révolte paysanne dans la région de Morelos
(voisine des Chiapas), avec pour principale revendication une réforme
agraire équitable doublée de l'abolition du système
des haciendas (les grands propriétaires terriens). La réforme
ne prit jamais forme, puisque Emiliano Zapata fut lâchement assassiné,
dans une embuscade, par les fédéraux mexicains. (Il mourut
en 1908.) Ainsi donc, et à cause de ces revendications communes,
la guérilla mexicaine actuelle porte le nom de ce célèbre
révolutionnaire; en effet, la première revendication zapatiste
est une réforme agraire qui permettrait à la majorité
indigène de devenir propriétaires terriens.
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Pour bien comprendre
la justesse de ces revendications, il faut savoir que la région
des Chiapas est la plus riche du pays, et qu'on y retrouve du pétrole,
des barrages hydro-électriques importants et une immense forêt
tropicale riche en bois précieux (selva Lancadona). En même
temps, les Chiapas ont le plus haut taux d'analphabétisme au pays.
Plus de la moitié de la population vit sans électricité
et sans eau courante. Après la lutte armée infructueuse,
les zapatistes se sont assis à la table de négociation avec
le gouvernement fédéral pendant plus d'un an afin de signer
les accords de St-Andreas, avec la redistribution de la terre et des richesses
autochtones au centre de l'entente. Les derniers accords ne furent et ne
sont toujours pas appliqués par Mexico, ce qui provoque une impasse
dans cette crise. Aux dernières nouvelles, les choses semblent mal
tourner pour les rebelles, puisque plus de 40,000 soldats occupent la région
des Chiapas depuis plus d'un an et que le peu de terrain que les rebelles
avaient été à même de gagner semble diminuer
à vue d'oeil.
Pire encore: les
appuis internationaux aux zapatistes sont de plus en plus contestés
par la population mexicaine, et on croit de plus en plus que les observateurs
étrangers sont pour la plupart des éléments subversifs
(pour ne pas dire communistes) qui incitent à la révolte
de ces indigènes apolitiques, en les manipulant. Dernièrement,
plusieurs d'entre eux furent expulsés du pays sans aucune raison
apparente. Même la popularité du sous-commandant Marcos semble
en prendre un coup, depuis que ce dernier a mis de côté la
lutte armée au dépens de sa fameuse "société
civile", les guérilleros perdent du terrain. Ils ne reste actuellement
que quelques municipalités autonomes encore sous le contrôle
des rebelles zapatistes, et, dès que l'armée mexicaine investit
les lieux, la guérilla s'enfuit, sans aucune résistance,
et laisse les paysans se faire déporter (ce qui n'améliore
pas leur problème de popularité).
Beaucoup d'intellectuels
contestent la direction zapatiste pour ses manques de compétence;
Marcos semble avoir comme unique stratégie d'improviser à
la dernière minute... La seule qualité incontestable qu'on
lui attribue est de savoir manipuler les médias, il a quand même
revitalisé le mythe du guérillero romantique dans toute l'Amérique
Latine... Mais l'impasse dans laquelle se trouve cette crise annonce peut-être
une fin semblable à celle de Zapata. Et, en conclusion, pour définir
les zapatistes en quelques mots, ce sont des intellectuels socialistes
blancs qui revendiquent plus de droits pour les indigènes mexicains,
et leurs principaux adversaires sont le gouvernement fédéral
mexicain (ce dernier est dirigé par le même parti depuis plus
de 72 ans), et l'armée, qui appuie l'État.
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