C’est rare. Très rare. Trop rare. Ça n’arrive pratiquement
jamais, mais, oui, il peut advenir que nous aimions parfois des choses,
ici, à Ma Commune Légère, et qu’on soit capables de
dire, en se concentrant quelques heures, autre chose que des désobligences
en cascade. On ne crache sur rien ce mois-ci; on lance des fleurs! Eh oui,
croyez-le ou nope... Ça va vous changer. Vous vous pincerez un mamelon,
ou le kyste cancéreux que vous avez dans le cou, pour être
bien certains que vous ne rêvez point. Et vous ne rêverez point.
Mais ne rêvez pas en technicolor non plus: ce ne sera pas toujours
comme ça! La moutarde et son escalator nasal vont revenir, c’est
promis. Alors profitez, à l’occase de la Rentrée, de ce sursis,
parce que ce n’est justement qu’un cessez-le-feu. Il ne durera pas. Raison
de plus pour le déguster. À table!
1. Éloge
des X-Files
Certains
lecteurs diront: « les X-Files? c’est un peu out, non?
» Non, justement... C’est magnifique, cette télésérie.
Encore plus aujourd’hui qu’auparavant. Les X-Files font partie de
ce rare genre de choses qui mûrit et s’améliore en vieillissant
tout comme les vins, et contrairement à Star Wars, qui s’aggrave
et se détériore monstrueusement, à mesure que passent
les années.
Tout
est encore intact, inédit, dans ce petit monde, le ton, le
style X-Files. Le décorum, toujours aussi unique. Jamais
la moindre prise de vue rappelant ces images (asceptisées) de Mysterious
Ways, ou d’Au-delà du réel, ou des autres navets
que l’on nous sert sur les ondes. Jamais un seul éclairage à
la West Wing. Jamais le moindre plan maladroit... Tout est respecté,
et même amélioré, par-rapport aux saisons précédentes!
Cette série de Chris Carter ne compétitionne contre personne.
Aucune autre télésérie ne lui arrive même à
la cheville. Si The X-Files veulent un défi à leur
taille elles ne peuvent vraiment que tenter de se surpasser elles-mêmes.
Il n’y a pas d’autre instrument de mesure.
Annabeth Gish, le « rayon de soleil » de la série (comme
elle a été baptisée par les fans sur plusieurs sites
Web): elle est ravissante, profonde, un peu opaque, un peu lumineuse et
très sexy, merci, quoique discrète et même réservée...
Une actrice splendide. Je suis en amour avec elle. Elle est extra. Son
arrivée a tout renouvelé instantanément... Et deux
minutes à peine après la fin d’un épisode, j’ai hâte
au prochain, pour la revoir. Elle tient le rôle de l’agent Monica
Reyes, spécialiste des sacrifices rituels et des cultes sataniques,
rien de moins! En plus, à l’instar de Frank Black dans Millennium,
elle dispose d’une sorte de sixième sens bizarre, qui n’est exploité
que dans un épisode sur deux... mais qui rend son personnage plus
complexe. Elle fume des Morley, comme le CSM jadis (ce qui est un
élément douteux, si l’on considère que rien, aucun
détail, n’est jamais gratuit dans les X-Files). Bien sûr,
c’est d’abord par l’intermédiaire de John Doggett que Monica apparaît
dans quelques épisodes; ils se connaissaient déjà
au préalable, et Doggett fait donc appel aux services de Monica
à quelques reprises. La transition est excellemment bien amenée,
lente et progressive, de sorte que lorsque la saison numéro huit
se termine, l’on sait que les pièces du puzzle sont en place, et
que la nouvelle équipe sera composée de Doggett, de Reyes,
et de Scully « à temps partiel », mais sans qu’aucun
remplaçant n’ait pourtant été « parachuté
» à l’improviste dans le récit. Doggett est présent
depuis la saison sept, ayant lui-même bénéficié
d’une introduction digne de mention, lors de l’épisode double où
le Bounty Hunter prend l’apparence de Mulder. L’ami John Doggett a d’abord
mené plusieurs enquêtes avec Scully, et l’une avec Mulder
à bord d’une plate-forme de forage très lugubre, et même
une enquête seul avec une recrue blondinette temporaire! Puis les
événements se sont précipités, on est arrivé
en quelque sorte dans un « dernier droit » et tous les protagonistes
ont resurgi, simultanément, pour l’acte final. Durant un moment,
les quatre agents sont là, c’est génial, même si l’on
sent que Mulder (et peut-être même Scully) se préparent
lentement, mais sûrement, à tirer leur révérence.
Ce nouveau
tandem Doggett / Reyes est merveilleusement stimulant. Ce n’est pas une
copie du duo Mulder / Scully. Dans le cas de ces derniers, les choses étaient
en quelque sorte tranchées: le premier, croyant, et la seconde,
sceptique. Avec le nouveau « team », ce n’est pas aussi simple...
Monica est évidemment un peu plus mystique que John, elle a l’esprit
un peu plus ouvert, mais il y a des choses, par contre, qu’elle refuse
d’admettre, et que John a déjà appris à accepter,
parfois même à contrecoeur, ou par pure nécessité.
Et surtout, élément rafraîchissant de ce nouveau tandem:
John et Monica, contrairement à Mulder et Scully, s’appellent par
leur prénom. This is great! I love them.
«
Picture-perfect » moment à la fin d’Existence, lorsqu’ils
quittent le bureau du nouveau directeur louche, et qu’ils sont l’un à
côté de l’autre, de trois-quart profil passés le cadre
de porte, leurs deux visages calmes et narquois tournés dans la
même direction:
«
You investigate what I tell you! » lance le directeur en colère.
«
And you put me on the X-Files, rétorque Doggett. That’s what
I’m investigating. »
J’aimerais
dénicher un poster de cette scène, pour l’accrocher quelque
part dans mon salon. Ce serait fabuleux.
Les X-Files, ce n’est pas du tout la vraie vie, ce n’est pas le
monde réel, en ce sens qu’il y a encore, dans l’univers, de l’inconnu,
de l’inexploré, des zones d’ombre, du non-dit et du non-fait. Ce
n’est pas une réalité plane et ennuyeuse, où les Richard
Martineau et les Franco Nuovo se gargarisent par écrit en énonçant
leurs vérités de La Palice (en étant d’ailleurs persuadés
du bien-fondé de leurs infects postulats à la con). Et l’on
n’aperçoit jamais une saleté de publicité de Nike,
dans The X-Files. Et personne n’emmène jamais ses trois enfants
chez McDonald’s... Et personne n’est marié. Et personne ne vit en
petit couple dans un petit bungalow à Laval avec tubes de crème
Bengay et des sandales Accu-massage assortis... Les personnages
sont d’ailleurs tous célibataires, comme dans Tolkien. C’est cool.
Ça donne du lousse, du jeu. Car on ne veut pas de Marie et de Jean
qui vivent ensemble sur la rue Rivard avec leurs prescriptions du chiro
et leurs rendez-vous chez le dentiste. On veut un peu plus. Une dimension
un peu plus palpitante... Et du sacré. Du mythologique. Quelque
chose où les humains puissent encore être des héros,
puisque les seuls héros qui nous restent dans la vraie vie insipide
sont Franco Nuovo, et Marie, et Jean, et Nike... Les gens normaux
habitent Laval, ont leurs petites chicanes domestiques, leurs petites cajoleries
(dans cet ordre), et ils n’intéressent guère que la pauvre
Oprah.
Les
X-Files, ça n’a jamais été aussi bon qu’en
ce moment... Si vous lisez ceci, M. Carter (parce que, oui, il y a des
logiciels de traduction instantanés), sachez que vous vous êtes
tiré d’affaire merveilleusement, et que ceux qui ont cessé
d’écouter votre série à la saison numéro six,
sont des demeurés amorphes et stupides. On n’a pas besoin d’eux.
N’écoutez surtout pas les sinistres grincheux imbéciles qui
ont déserté lorsque Mulder a commencé à s’effacer
pour laisser la place à l’excellent Robert Patrick (John Doggett).
Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à changer de chaîne.
Huit
saisons complètes, et la série arrive encore et toujours
à se renouveler! Cela n’est pas rien! CSM n’y est plus et c’est
tant mieux: l’air commençait à empester. Il fallait du changement.
Du changement, oui, mais pas trop, tout de même. Alors Krycek est
encore là. Passation des pouvoirs du Mal en quelque sorte. Le Bounty
Hunter et Jeremiah Smith (de Talitha Cumi) reviennent eux aussi
(quoique brièvement) dans le décor. Sans oublier les Lone
Gunmen, attachants délinquants informatiques dont Carter se sert,
entre autres, pour faire un clin d’oeil caustique à la légende
des trois Rois Mages.
En y
repensant bien, j’ai l’impression que la scène de l’immeuble à
logement de Scully, à la fin de Essence, est en quelque sorte
l’un des pinacles de la série, l’un des moments-charnières,
l’instant où tout se joue ensemble, en même temps. Il s’agit
de sauver le bébé encore à naître de Scully,
que convoitent les colons extraterrestres. Et tout le monde y est. C’est
une synthèse, parfaite, de la série. C’est la grande conjonction:
Mulder, Scully (bien entendu), Skinner, Doggett, Reyes, et Krycek... même
le diabolique Alex Krycek vient à la rescousse, pour la première
fois! Du jamais vu... Le jeu du chat et de la souris dans les ascenseurs
et la cage d’escalier de l’immeuble me donne l’impression d’assister aux
trois ou quatres derniers coups d’une partie d’échecs, juste avant
échec et mat. Mais ça n’est pas non plus qu’une fin, c’est
également un commencement, et c’est un départ splendide,
lorsque Monica Reyes, à qui Doggett vient à peine de téléphoner,
aide Scully à monter à bord de la voiture pour ensuite tomber
la veste et venir prendre place derrière le volant d’un air résolu,
comme si elle avait tout compris d’ores et déjà, et qu’elle
savait pertinemment qu’elles s’embarquaient pour un fort long périple.
C’est un moment étoilé des X-Files, touchant, solennel,
chargé et minimaliste à la fois, et plein de suspense.
Quand
Mulder et Scully ne seront plus là, la série s’enrichiera
de par leur souvenir, au même titre que les nouvelles et nombreuses
moutures de Star Trek s’enrichissent toujours un peu du mythe originel
Kirk & Spock. Et je suis CERTAIN que Patrick et Gish feront une équipe
du tonnerre. Je voudrais que les X-Files durent cinq saisons encore!
2. Quelques
films méconnus
Smilla:
film danois ayant probablement passé inaperçu; un hybride
de Nikita nordique et de Lovecraft. Une énigmatique météorite
« thermale » renfermant des vers de l’époque préhistorique
(encore vivants) d’une espèce ayant disparu depuis l’ère
des trilobites, est tombée quelque part dans les mers polaires.
Un scientifique fou, et gentleman, essaie de se réserver l’exclusivité
de ce secret, pour fins d’étude. Smilla, une jeune femme au passé
trouble, enquête sur les décès (inexpliqués)
des ouvriers ayant travaillé au percement de la grotte où
a été découvert le météorite en question.
Science-fiction cristalline.
CoNVeRGeNCe:
une autre intrigue minimaliste de science-fiction « nouvel âge
». Froid. Étrange. Et inquiétant. L’action se déroule
à Seattle. Un événement se produit, qui brise, sans
le vouloir, le continuum temporel. Par la suite, on découvre que
des lignes de force invisibles ont été rompues, et que de
telles lignes courent d’ailleurs partout, sur toute la surface du globe,
depuis la nuit des temps... La réalité commence tout à
coup à avoir des ratés, il y a des tremblements de terre
« astraux », et invisibles, dont personne ne se rend compte
excepté les héros. Anticipation très bizarre. Atmosphère
inhabituelle que l’on n’a pas l’habitude de voir dans les films américains.
Christopher Lloyd dans un rôle saugrenu et glacial de policier incrédule
et désillusionné. A very eerie and uncanny movie.
Conquest:
belle oeuvre canadienne passée sous silence, datant d’il y a quelques
années, déjà, avec Lothaire Bluteau et la craquante
Tara FitzGerald. Petit village quasi désert des prairies où
rien ne se passe. Il n’y a plus de jeunes sauf un (le banquier!) et la
tenancière vietnamienne du snack bar. Jusqu’au jour où une
sorte de bohémienne tombe en panne avec sa cadillac rouge, en plein
soleil du mois d’août, qui bouleversera la petite vie simple et tranquille
de ce hameau. Atmosphère onirique et personnages à la Steinbeck.
Version moderne canadienne de Cannery Row.
Miss
Party: cocasse et original jusqu’au bout des ongles... Petite bibliothécaire
rêveuse et con colocataire DJ, à qui il arrive toutes sortes
d’histoires amusantes. Rythmé, rapide, dynamique, sympathique. Il
faudrait deux ou trois films de ce genre par année!
Prophecy:
thriller horrifico-religieux. Un colonel sadique meurt, mais son âme
demeure, passée de corps en corps par un Ange rebelle, qui tente
d’empêcher l’Archange Gabriel de lancer une guerre céleste.
Gabriel (interprété par l’impeccable Christopher Walken),
en effet, est devenu zinzin depuis deux mille ans et plus, et il veut maintenant
faire une sorte de guérilla dans le jardin de l’Éden, ce
pour quoi il a grand besoin des âmes noires des pires criminels de
guerre. Il y a de beaux duels entre des Anges renégats; l’Ange Uziel
se fait trucider; et Lucifer lui-même fait une brève apparition,
vers la fin, pour pimenter un peu le tout! À écouter dans
l’obscurité après avoir relu le Livre des Nombres
(qui est dans la Bible, pour ceux qui l’ignoreraient).
3. Choses
qui ne sont pas Mainstream
COBRA
The Musical: pièce présentée au festival Fringe.
Hilarant du début à la fin. Le Commandant Cobra et ses deux
fameux compères Serpentor et Destro, s’aperçoivent du fait
qu’ils n’ont plus un sou pour financer leurs activités terroristes,
alors ils décident de monter une adaptation d’Hamlet, afin
de lever des fonds. Ils jouent donc eux-même les personnages de Shakespeare.
C’est à pisser vigoureusement dans ses culottes. J’ai senti que
j’allais rire, alors je m’étais apporté un catheter, puis
un sac de plastique. Je me suis inséré moi-même le
catheter dans le zizi. Je l’ai fixé au sac. Puis le spectacle a
commencé et j’ai éclaté de rire. J’en ai pissé
dans mes culottes (heureusement il y avait le catheter).
Kino:
le regroupement, de moins en moins inconnu, des jeunes cinéastes
qui refusent catégoriquement de laisser l’absence de budget leur
ravir le droit de tourner leurs oeuvres souvent plus inspirées et
inspirantes que ce qui se pond (ou se chie) à Radio-Canada. Ils
ont présenté des courts tout l’été en plein-air
juste à côté de la tente du Cirque Éos.
Très énergique. Bravissimo! Et leur site Web est assez tordant,
merci. L’un d’entre eux a laissé un petit message sur le babillard:
« On vous watche! » (signé: L’Office de la langue
française du Québec). Tout y est toujours réjouissant,
bondissant, et rafraîchissant.
4. La Coupe du
Monde
D’abord,
réglons tout de suite le cas des Français. Il y avait un
journaliste excité, avec ses grandes phrases, qui remontait sur
ses grands chevaux, comme on dit, après chacune des anti-prestations
de sa chère et nulle équipe nationale. « La France
a perdu, mais elle a gagné. Oui: la France a gagné. Elle
a gagné le droit de rêver encore un peu! (jusqu’au onze juin).
» Eh bien? qu’avons-nous là? Un reporter-poëte? Quel
con. La ferme!
Et le
jour de l’élimination, le revoilà à l’antenne... et
il disjoncte complètement: « C’est pire qu’à l’abattoir!
Ils frappent, encore, la barre transversale! Un joueur préfère
en rire, alors que c’est À PLEURER... » Mais non, pauvre crétin,
calmez-vous! Vous n’y êtes pas du tout. Ce n’est pas à pleurer.
C’est juste que vous êtes parfaitement cinglé; vous prenez
ça encore plus au sérieux que les joueurs eux-mêmes.
Mais
le gars n’en démord pas. D’une voix pathétique de Jugement
Dernier, il s’écriera: « C’est une hécatombe, un Waterloo
du football! » Moi, je lui réponds: « Pas de panique
mon gros, ne vous tuez pas. Petite nature que vous êtes! Il ne vous
en faut pas beaucoup, dites donc. Pourtant, la galaxie ne va pas exploser...
Ce n’est pas l’apocalypse... Ce sont juste quelques mectons un peu stressés
(par vous, entre autres) qui n’ont pas eu de pot, comme vous dites par
chez vous. On s’en contre-quadruple-fiche. »
Le match Portugal-Pologne sous une pluie battante: féroce et brutal!
Comme des demi-dieux s’affrontant sous un déluge de Commencement
du monde... Figo ressemble à une sorte de gargouille sans vie mais
omnipotente. Pauleta compte trois buts, ce fou.
Mentalité
pragmatico-conne américaine: « Why aren’t the goalies dressed
like the rest of the team? » Savez quoi? On ne veut pas le savoir...
J’ai une autre question: Pourquoi est-ce que les Américains réfléchissent
tous aussi mécaniquement que leurs tondeuses à gazon? Est-ce
qu’il faut véritablement TOUT comprendre pour se sentir rassuré?
Le gardien
brésilien, Mon Marcos, a fait merveille. Ne parlons pas du carton
rouge à Ronaldinho; les arbitres aussi ont des hormones et ne sont
parfois pas dans l’une de leurs meilleures journées. Ça peut
arriver à tout le monde. Une branlette, et le problème est
réglé, comme disait (en d’autres termes) l’ami Diogène.
L’un
des joueurs italiens a l’air de porter une sorte de condom sur la tête.
Son nom? Coco! C’est parfaitement burlesque. Mais non allez, ne riez pas:
ce n’est pas un condom, mais bien un pansement. Il a été
blessé au coco (à la tête). C’est tout. Bien comique!
«
Les Anglais n’avaient pas battu l’Argentine depuis 1966. » Et ça
continue. Ils ne l’ont pas encore vaincue cette année... Comment,
vous dites que si? Non, non, mettons-nous bien d’accord sur un point: le
penalty, c’est un but donné par l’arbitre. Un penalty, c’est un
but donné. Toujours. L’arbitre décide d’offrir un but gratos
à une équipe. À mon avis, ça ne s’appelle PAS
gagner... En outre, Beckham ne m’a pas du tout, pas du tout, pas du tout
impressionné; ce n’est pas un mage du football comme Rivaldo.
Défaite
de la Corée contre ces connards d’Allemands... Le même journaliste
(français) grandiloquent de tout à l’heure déclare:
« C’est la fin des illusions... » Quel crétin!
Qu’est-ce que c’est que ce préjugé européen? Que la
France soit battue, au Tour préliminaire, et c’est Waterloo, mais
que la Corée soit défaite, durant les quarts de finale, et
ça, c’était encore même à ce point-là,
même sur le « dernier carré d’as », du domaine
des illusions? Sacré chauvinisme français, va! Lorsqu’il
ne peut plus s’exprimer en faveur de la France, il choisit de s’exprimer
en faveur de ce deuxième (et plus vaste) dénominateur commun
qu’est l’Europe... Mais moi, je vous dis ceci, imbécile de journaliste
français: si la défaite des Coréens durant les quarts
de finale est la fin des illusions, alors croyez-moi votre bonne
équipe de France n’a proportionnellement été, elle,
qu’un vulgaire pet chimérique puant la mauvaise haleine abstraite!
Non mais... La fin des illusions... Vous vous êtes regardés?
Fin d’illusion vous-même, pédé inconséquent!
Z’êtes un con infâme. Point final.
Mais
bon, j’avais dit que je ne crachais sur personne, aujourd’hui... C’est
un article où je veux lancer des fleurs... Voici donc à quelle
fleur je voulais en venir avec la Coupe du Monde. Je ne suis pas inconséquent,
moi.
Le match pour la « médaille de bronze », comme on l’appelle,
m’a enchanté. Des buts dès les premières minutes,
de l’action, un bel esprit sportif. Et l’incroyable tableau final: les
Turcs vainqueurs et les Coréens vaincus, marchant d’un bout à
l’autre du terrain, en se tenant par les épaules! Des joueurs turcs
brandissant des drapeaux de la Corée! Et ils échangent leurs
maillots... Et puis après la remise des médailles (prodigieuse
en soi: il y a même des médailles pour récompenser
le difficile travail des arbitres, et des médailles de « quatrième
position » pour les Coréens), après la cérémonie
du podium, tout ce beau monde, arbitres, Turcs et Coréens, forme
un grand cercle au centre du terrain, un cercle mixte, tous ensemble! Essayez
de voir ça dans la NHL. Bonne chance! Les joueurs de la NHL ne jouent
MÊME PAS les Finales de Consolation; ils brisent plutôt le
mobilier des hôtels, puis foutent le camp. Des brutes nazies... La
NHL: ligue où seulement les joueurs Noirs attrapent des commotions
cérébrales, comme le disait Dyke Kiri. Coïncidence?
Je ne pense pas... Et avez-vous déjà vu un joueur canadien
ou américain brandir un drapeau russe ou tchèque, après
un match? Avez-vous déjà vu les deux équipes faire
ENSEMBLE un tour d’honneur de la patinoire, après un match? L’esprit
sportif? Mmeuh? C’est quoi, ça, l’esprit sportif?
La Corée
du Sud a donné l’impression d’une nation éminemment civilisée.
Je suis sûr et certain qu’après leur élimination contre
l’Allemagne, et après leur défaite en Finale de Consolation
contre les Turcs, il n’y a pas eu UNE SEULE VITRINE de fracassée
à Séoul. Je suis prêt à en mettre mes couilles
à couper! Imaginez un pareil phénomène, en France
ou en Amérique du Nord (Canada compris)? Ce seraient les émeutes
du millénaire! Pas de doute là-dessus... Des millions de
néo-hooligans saturés de bière dégueulasse
feraient carrément brûler la ville, et même le pays!
Aucun doute là-dessus. Mais en Corée? Non. On est capables
de concéder la victoire en adultes. Voilà: ils ont MIEUX
JOUÉ que nous, ce qui ne nous ôte rien de nos propres exploits...
Fêtons, à présent! Pourquoi se fâcher? Inutile
de détruire la Terre, Mars, et Jupiter... Prenons ça du bon
côté. Nous ne sommes plus des petits garçons boudeurs
et enragés de six ans, tout de même! Calmos, guys... La Corée,
c’est the best. Do you wanna live there? Sûrement! Ça rayonne
de savoir-vivre, et d’énergie, et d’enthousiasme, et de bonne volonté.
Je décerne officiellement à la Corée du Sud la «
Coupe du Monde de l’Élégance ». Rien à leur
reprocher. Chapeau!
David
Pêle-Mêle
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